meurtreIris « respirait, au moins faiblement » quand elle a été jetée dans l’eau

Meurtre d’Iris en Bretagne : « Elle respirait, au moins faiblement lors de son immersion », révèle le procureur

meurtreDéjà condamné pour viol, le principal suspect a donné des informations « extrêmement floues » aux enquêteurs reconnaissant avoir emmené la jeune femme cette nuit-là
Le procureur de la République de Lorient Stéphane Kellenberger s'est exprimé face à la presse pour évoquer l'enquête entourant la mort violente d'Iris, dont le corps sans vie et dénudé a été retrouvé à Lanester le 27 mai.
Le procureur de la République de Lorient Stéphane Kellenberger s'est exprimé face à la presse pour évoquer l'enquête entourant la mort violente d'Iris, dont le corps sans vie et dénudé a été retrouvé à Lanester le 27 mai. - D. Meyer/AFP / AFP
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le procureur de la République de Lorient a fait savoir qu’Iris était peut-être encore en vie quand elle a été lancée dans le Blavet le 27 mai.
  • La jeune femme a été tuée et probablement violée après une soirée passée dans les bars de Lorient.
  • Le principal suspect, déjà connu pour des faits de viol, a reconnu avoir transporté la jeune femme mais nie l’avoir tuée. Ses explications sont décrites comme « extrêmement floues ».

Elle aurait dû fêter ses 24 ans le 17 juin. Elle ne les atteindra jamais et sa famille la pleurera pour toujours. Retrouvée morte le 27 mai 2023 dans le Blavet à Lanester, près de Lorient (Morbihan), Iris a bien été tuée et probablement violée. Son corps sans vie et dénudé avait été retrouvé immergé dans la rivière, portant les traces évidentes de violences. Depuis le 8 juin, un homme considéré comme le suspect numéro 1 de ce meurtre est entendu par les enquêteurs de la police judiciaire. Après avoir nié avoir croisé la jeune femme, Christophe R. 49 ans, a reconnu l’avoir embarquée dans son fourgon. Ce lundi 12 juin, le procureur de la République de Lorient a donné quelques précisions sur l’enquête qui entoure ce meurtre particulièrement violent.

L’autopsie du corps de la jeune femme a permis d’établir la présence d’un peu d’eau dans ses poumons. « Cela permettait d’envisager qu’elle respirait, au moins faiblement, lors de son immersion », a fait savoir le procureur de la République Stéphane Kellenberger, qui avance « un possible mécanisme de suffocation et/ou de noyade ». Quand les secours ont retrouvé son corps sans vie dans la rivière, la jeune femme présentait également d’importantes traces de coups au niveau de la tête et du visage, porté par un objet contondant. Des marques de strangulation causées par un lien ont engendré « un mécanisme d’asphyxie majeur ». Interrogé sur les faits de viol dont elle aurait pu être victime, le procureur a rappelé l’existence « d’un rapport sexuel récent » ayant laissé des « lésions traumatiques ». Déjà connu pour des faits criminels, le suspect a par ailleurs été mis en examen pour « meurtre précédé ou accompagné d’un viol » et « enlèvement et séquestration ».

Son ami disparaît, Iris victime d’un enlèvement

Les dernières images d’Iris en vie ont été captées vers 4h15 par la caméra de vidéosurveillance de la sous-préfecture de Lorient. On y voit la jeune qui peine à rester assise, accompagnée d’un proche, lui aussi en état d’ivresse. Un lieu situé tout près du bar où Iris et son ami avaient passé la soirée. D’après le procureur, le proche qui l’accompagnait aurait alors quitté les lieux pour « aller s’étendre plus loin ». Les images de vidéosurveillance montrent alors un homme s’approchant d’Iris et la chargeant sur son épaule, avant de disparaître du champ. En parcourant avec minutie toutes les images de vidéoprotection captées cette nuit-là, les enquêteurs de la police judiciaire ont remarqué qu’un fourgon blanc tournait dans le centre-ville de Lorient depuis 3h15. Un camion qui appartient au principal suspect. Déjà connu de la justice pour avoir été reconnu coupable d’un viol en 2015, le mis en cause aurait également passé une partie de sa soirée à rôder autour et dans les bars de nuit de Lorient.

Son ADN retrouvé sous les ongles d’Iris

Depuis son placement en garde à vue, cet homme condamné en 2015 pour un viol commis en 2001 sur une jeune femme, n’a fourni que peu d’éléments aux enquêteurs. Christophe R. 49 ans, a d’abord nié avoir croisé la jeune femme. Sauf que son ADN avait été retrouvé sous les ongles de la victime. « Le mis en cause admettait avoir vu Iris ivre et inanimée. Il l’avait relevée, saisie et chargée dans son fourgon pour lui venir en aide. Estimant qu’elle ne se comportait pas bien et l’aurait abandonnée. Il concédait qu’elle avait dû le griffer et précisait qu’il avait jeté sa veste », a détaillé Stéphane Kellenberger, précisant que les explications données par le mis en cause étaient « extrêmement floues et très peu précises ». L’homme domicilié à Hennebont a demandé un délai pour préparer sa défense. Interrogée, sa femme a reconnu que son mari pouvait souffrir de « pulsions » mais plutôt de vol ou de cleptomanie. «Il y a énormément de choses à faire pour retracer son itinéraire depuis sa libération, on peut se poser beaucoup de questions», a souligné le commissaire de police Amaury Le Neel.



La question de son suivi sociojudiciaire a également été abordée. Placé en détention provisoire en 2012, le suspect avait écopé de neuf ans de prison par la cour d’assises du Morbihan en juin 2015. Il avait pourtant été libéré en juillet 2018 « Il avait purgé la partie ferme qui était la sienne dû à l’effet des remises de peine », a répondu le procureur. Marié et père d’un enfant, le suspect faisait l’objet d’expertises « régulières et récurrentes » depuis sa sortie de prison. Il avait retrouvé un emploi et suivait assidûment son contrôle judiciaire, qui devait prendre fin en juillet 2023. Tous les rapports, y compris le dernier rendu en mai, faisaient état d’un homme respectueux de ses obligations. « Les experts ne relevaient, alors, aucun élément quant à un éventuel risque de récidive », a rappelé le procureur. Le suspect doit de nouveau être entendu cette semaine par les enquêteurs.

La famille d’Iris sera soutenue par une association spécialisée dans l’accompagnement des victimes.