Eclair-AgeEst-ce bien normal tous ces orages qui éclatent ?

Est-ce bien normal tous ces violents orages ?

Eclair-AgeCertaines régions du sud de la France ont désormais droit à leur orage quotidien. Si leur multiplication est un classique du mois de juin, l’épisode reste inédit par sa durée et par la violence des pluies « tropicales » qu’il engendre
Notamment en raison des violents orages qui se sont abattus sur Toulouse et Paris, le dimanche 11 juin a été le jour le plus « foudroyé » de l'année avec 20.800 impacts de foudre. Illustration
Notamment en raison des violents orages qui se sont abattus sur Toulouse et Paris, le dimanche 11 juin a été le jour le plus « foudroyé » de l'année avec 20.800 impacts de foudre. Illustration - Kwasny221 / Canva
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Dimanche, Toulouse a été temporairement noyée sous les eaux à la suite d’un énième orage.
  • Dans le sud de l’Hexagone, les coups de tonnerre sont quasiment devenus quotidiens. L’épisode n’est pas inédit pour un mois de juin, mais reste exceptionnel pour sa durée, selon Météo-France.
  • Et s’il est trop tôt pour lier la fréquence des orages au réchauffement climatique, l’intensité diluvienne des pluies qu’ils déversent en est une conséquence directe.

Le monde à l’envers. Alors que la moitié nord de la France est tentée de faire la danse de la pluie et voit la sécheresse de ses sols s’aggraver de jour en jour, au sud, et en Occitanie plus particulièrement, les orages se succèdent quasi quotidiennement depuis trois semaines. Toulouse a vécu le point d’orgue de ce feuilleton dimanche en fin d’après-midi avec les trombes d’eau - jusqu’à 60 mm au m2 – qui se sont abattues en mode lessiveuse sur le centre-ville, inondant les rues, les parkings souterrains et s’engouffrant dans les stations de métro. Sans compter la « réplique » de lundi soir.



Paris un peu plus tard dans la soirée a aussi eu droit à son épisode diluvien. D’ailleurs selon Météo-France ce dimanche 11 juin avec ses 20.800 impacts de foudre a tout simplement été le jour le plus « foudroyé » de l’année en cours.

Cet épisode est-il « remarquable » ?

Alors avec cette « mousson » très commentée au café du commerce, les sudistes sont-ils vraiment en train de vivre une succession d’orages inédite dans les annales. La réponse est, pour l’instant, non. Le mois de juin est la saison des orages par définition, et la vraie anomalie, que notre mémoire météo a déjà zappée, s’est plutôt produite en juin de l’année dernière. « Le mois de juin 2022, avec 206.257 impacts de foudre, a été le mois de juin le plus foudroyé observé en France depuis le début des mesures en 1989 », souligne Météo-France. En comparaison, il y a eu 60.000 impacts de foudre recensés depuis le début du mois – dont un tiers dimanche donc –, le record est par conséquent loin d’être battu.



Mais l’épisode, n’en est pas moins inédit, selon le prévisionniste François Jobard. « Ce qui est remarquable, analyse-t-il, c’est que ça dure des semaines et des semaines », dit-il. Sans que le paysage météo « bloqué » se décante. « Sur le nord de l’Europe, nous avons une situation anticyclonique des îles britanniques à la Scandinavie et jusqu’à la Russie actuellement. Elle donne des conditions dépressionnaires en Europe du Sud et une instabilité persistante qui fait que les orages trouvent quasiment tous les jours des conditions propices à leur développement », explique le spécialiste.



Y a-t-il un lien avec le réchauffement climatique ?

Ce temps très, très orageux, est-il une énième manifestation des effets délétères du réchauffement climatique. « Il existe très peu d’observations fiables et de long terme sur lesquelles baser les analyses », avance prudemment Météo-France. Difficile de lier la fréquence des orages, ou même l’apparition de gros grêlons, et le réchauffement climatique.

« En revanche, il y a un lien avéré avec la violence des pluies, souligne François Jobard. Ces grosses pluies sont impossibles en hiver. On ne les retrouve que soit sous les tropiques, soit en été, soit sur une planète qui se réchauffe. On estime que pour 1 °C de réchauffement, c’est 7 % en plus de vapeur d’eau contenue dans une masse d’air, et autant d’eau précipitée en plus en cas d’orage » . En fait, le réchauffement climatique « accroît la probabilité d’avoir de fortes pluies d’orage ».

Est-ce une bonne nouvelle sur le front de la sécheresse ?

Tous les experts le disent, il ne faut pas rêver, un orage printanier n’est pas « efficace » pour recharger les nappes phréatiques et faire reculer le spectre de la sécheresse. Le mal est déjà fait, la faute à un hiver aride. Mais, quand même, « à force d’orages », François Jobard observe que certaines régions « comme le piémont pyrénéen, le Midi toulousain et l’intérieur de la Provence trouvent une amélioration significative de la sécheresse des sols ». Dans le sud de la France, des Pyrénées au Massif central, de nouveaux orages éclateront jusqu’à mercredi.

Sujets liés