Bonne pratiqueEn ligne, la coexistence ardue entre alerte enlèvement et droit à l’oubli

Enlèvement d’une fillette à Dunkerque : Après le partage de l’alerte en ligne, l’importance du droit à l’oubli

Bonne pratiquePour respecter le droit à l’oubli de la victime, le partage des alertes enlèvement sur les réseaux sociaux doit être fait astucieusement
Quelle pratique avoir sur les réseaux sociaux lors d'une alerte enlèvement ?
Quelle pratique avoir sur les réseaux sociaux lors d'une alerte enlèvement ?  - L.F. / Canva
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Mercredi soir, une fillette de 8 ans a été enlevée chez elle à Dunkerque (Nord). Elle a finalement été retrouvée avec son père en Italie, ce jeudi.
  • Le même jour, une alerte enlèvement avait été lancée, puis levée aux alentours de midi. Mais des internautes ont continué à partager l’identité, ainsi que la photo de l’enfant.
  • Le Ministère de la Justice souligne ici l’importance du « droit à l’oubli » et a rappelé à l’ordre des internautes sur Twitter.

Il est 10h14, ce jeudi et Sarah* reçoit le message d’une de ses amies. Elle lui demande de partager l’alerte enlèvement d’une fillette de 8 ans, enlevée par son père. La veille au soir, à Dunkerque (Nord), elle a disparu et sa mère retrouvée morte. Sarah* s’exécute et comme convenu publie l’alerte enlèvement sur sa story Instagram. Après tout ça ne prend que quelques secondes et c’est toujours ça de gagné.

Finalement, deux heures plus tard, la procédure Alerte-enlèvement déclenchée mercredi soir est levée mais l’enfant est toujours recherchée. Est-là subsiste une énième question dans la tête de Sarah* : Si l’avis de recherche est levé, faut-il supprimer tous les partages sur les réseaux sociaux ?

« Une action qui n’est pas dans l’intérêt de la victime »

Force est de contacter que, ce jeudi, les autorités et certains internautes ne semblaient pas du même avis sur cette question. Sur Twitter, par exemple, les partages continuent même si les autorités ont supprimé la publication de leur côté. « Ils ont levé l’alerte, mais on ne va pas arrêter de partager. S’il vous plaît, partagez, partagez ! », peut-on lire sur un tweet accompagné de la photo de la fillette et d’une description. « Nous vous demandons de retweeter un maximum les tweets mentionnant cet enlèvement pour donner toutes les chances à cette petite d’être retrouvée ! », demande un autre aux alentours de 16 heures, soit quatre heures après la levée de l’alerte.


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Mais très vite, le ministère de la Justice contre-attaque. Sous de nombreuses publications relayant l’alerte enlèvement, le compte Twitter de l’institution répond : « Pour le droit à la protection de l’enfant et le droit à l’oubli, merci de retirer toutes les publications ». Sur son site, le ministère de la Justice précise que l’action de partager une alerte enlèvement est « louable », mais « à long terme, cette action n’est pas toujours dans l’intérêt de la victime ». « Après la fin de l’alerte, ces données restent généralement stockées sur les sites Internet ou référencées dans les moteurs de recherche », souligne le ministère.

Par ailleurs, le ministère explique qu’il est de son devoir de « contrôler les images et les données nominatives qui seront diffusées à la population ». « En particulier, il doit pouvoir mettre fin à la diffusion de ces éléments. Après la fin de l’alerte, les entités qui poursuivent la diffusion en assurent seules la responsabilité éditoriale », précise le site le ministère de la Justice.

Plusieurs relais sollicités

Depuis 2006, année de la création du dispositif « Alerte enlèvement », il existe une convention précisant ses règles, notamment sur le numérique. Elle détaille par exemple les organismes sollicités par l’autorité judiciaire. Parmi eux, on retrouve les agences de presse, les chaînes de télévision, les stations de radio, les associations de victimes et d’aide aux victimes ou encore les gestionnaires de réseaux routiers et les sociétés de transport.

« L’alerte prend fin trois heures après que les organismes désignés ont été informés du déclenchement de l’alerte, même si la victime et le suspect n’ont pas été retrouvés », précise l’article 10.

Privilégier la publication des autorités

Sur les réseaux sociaux, les internautes peuvent tout à fait partager les alertes afin d’augmenter les chances de retrouver l’enfant disparu. Plusieurs détails sont disponibles : la date et le lieu de l’enlèvement, la description de la voiture et le numéro de la plaque d’immatriculation, une photographie de la victime, ainsi que celle du suspect. Mais une fois l’alerte levée, ces informations ne peuvent plus figurer en ligne… toujours dans le respect du droit à l’oubli. Il faut donc faire attention à la manière dont on partage ces alertes.

Finalement, la meilleure pratique serait de relayer directement la publication des autorités, ou d’une agence de presse. Au moment de la levée de l’alerte, la photographie et l’identité de la fillette disparaîtront simultanément. S’il s’agit d’une photo publiée directement depuis votre compte, alors, il faudra s’assurer soi-même de la suppression rapide post-levée d’alerte.

*le prénom a été modifié

Sujets liés