MeurtreAprès le meurtre d’Iris, les enquêteurs sur la piste d’autres victimes

Meurtre d’Iris en Bretagne : Et s’il y avait d’autres victimes à déplorer ?

MeurtreL’attitude du principal suspect déjà condamné pour viol et libéré de prison en 2018 interroge grandement les enquêteurs
Chargée de l'enquête dans la mort d'Iris à Lorient, la police judiciaire de Rennes chercher à identifier d'autres victimes potentielles du suspect Christophe R.
Chargée de l'enquête dans la mort d'Iris à Lorient, la police judiciaire de Rennes chercher à identifier d'autres victimes potentielles du suspect Christophe R.  - C. Allain/20 Minutes / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le principal suspect du meurtre d’Iris, à Lorient, a été placé en détention provisoire. Il a demandé un délai pour préparer sa défense.
  • Les enquêteurs de la police judiciaire tentent de savoir si cet homme déjà condamné en 2015 pour un viol commis en 2001 a pu faire d’autres victimes.
  • La nuit du meurtre, Christophe R. a été vu errant au volant de son fourgon dans les rues de Lorient.

Les experts qui assuraient le suivi sociojudiciaire de Christophe R. sont formels. Depuis sa sortie de prison en 2018, cet homme âgé de 49 ans ne laissait paraître « aucun élément quant à un éventuel risque de récidive ». Condamné en 2015 à neuf ans de prison pour un viol commis en 2001 à Lorient, cet homme est pourtant le principal suspect dans l’affaire du meurtre d’Iris. Le corps sans vie de cette jeune femme de 23 ans a été retrouvé dénudé dans le Blavet à hauteur de Lanester, tout près de Lorient.

D’après l’autopsie, la victime avait été frappée à plusieurs reprises. Son corps portait également les traces de strangulation et d’un rapport sexuel récent ayant généré « des lésions traumatiques », possiblement causées par un viol. Identifié grâce aux caméras de vidéosurveillance où il apparaît avec son fourgon blanc, Christophe R. avait d’abord nié avoir croisé Iris cette nuit du 26 au 27 mai. Face aux enquêteurs qui indiquaient avoir retrouvé son ADN sous les ongles de la victime, le mis en cause avait fini par reconnaître qu’il avait emmené sa victime « pour l’aider » avant de la relâcher.

En attendant de pouvoir l’entendre de nouveau cette semaine, les agents de la police judiciaire ont élargi leurs recherches. En voyant l’attitude et les mensonges du suspect domicilié à Hennebont, les policiers se demandent s’il a pu faire d’autres victimes avant son incarcération en 2012 ou depuis sa libération pour remise de peine en juillet 2018. « A bien des égards, cette enquête pour nous commence véritablement avec l’arrestation du suspect numéro un. Il y a énormément de choses à faire pour retracer son itinéraire depuis sa libération. On peut se poser beaucoup de questions. Ça a du sens, on a beaucoup de choses à faire », a fait savoir le commissaire Amaury Le Néel.

Une attitude de prédateur qui rôde la nuit

La nuit du meurtre d’Iris, celui qui s’est marié et est père d’un enfant a reconnu avoir tourné au volant de son fourgon dans les rues de Lorient, au beau milieu de la nuit. Une attitude de rôdeur qui interroge et laisse transparaître l’image d’un prédateur à la recherche d’une victime. Bien loin du constat dressé par les experts chargés de son suivi sociojudiciaire, que le mis en cause suivait avec assiduité. Interrogée, la femme de Christophe R. a reconnu que son mari pouvait souffrir de « pulsions » mais plutôt liées à des vols ou à de la cleptomanie. Le procureur de la République Stéphane Kellenberger a fait savoir que la nuit du meurtre, le mis en cause s’était approché de plusieurs bars de Lorient et avait pu y pénétrer. Cette nuit-là, Iris avait consommé de l’alcool et peinait à tenir assise sur un muret de la sous-préfecture. Au moment où le proche qui l’accompagnait s’est éloigné, elle a été emmenée par un homme qui l’a chargée sur son épaule avant de disparaître du champ des caméras.


Le procureur de la République de Lorient Stéphane Kellenberger a expliqué que le suspect du meurtre d'Iris avait rôdé dans le centre-ville de Lorient.
Le procureur de la République de Lorient Stéphane Kellenberger a expliqué que le suspect du meurtre d'Iris avait rôdé dans le centre-ville de Lorient.  - D. Meyer/AFP

Depuis qu’elle a été saisie de l’enquête, la police judiciaire de Rennes remue donc le passé pour tenter d’identifier d’autres affaires d’enlèvement et de viol qui n’auraient pas pu être élucidées. « Il va y avoir tout un processus de croisement et de recoupement potentiels avec un certain nombre de victimes recensées et d’autres qui ne le sont probablement pas encore. Ça fait partie des axes de recherche qui seront les nôtres dans les mois qui vont venir », assure le patron de la PJ. En 2001, une plainte avait été déposée par une femme qui avait expliqué avoir été attachée et traînée à terre avant d’être violée. Il avait fallu attendre 2012 et l’interpellation de Christophe R. pour des faits de vols pour qu’il soit confondu par son ADN. La cour d’assises du Morbihan l’avait condamné à neuf ans de prison. Avec l’effet des remises de peine, il n’en fera que six.



La « technique » des cordelettes employée par le mis en cause pour immobiliser sa victime présente des similitudes avec la mort d’Iris, décrite comme « violente » par les légistes. Et s’il y avait d’autres faits ? Pas impossible. Dans un article publié en 2013, Ouest-France relate des faits de viol datés du 15 mai 2000 dans un square de Lorient, pour lesquels le mis en cause avait un temps été soupçonné. Pour l’heure, le procureur n’a pas souhaité lancer d’appel à témoignages. « C’est le magistrat instructeur qui va y veiller. Notre intérêt à tous judiciairement c’est de refermer toutes les portes et de ne rien laisser au hasard. »