CA TOMBE A L’EAUSans les permis nécessaires, les promoteurs de Canua island jettent l’éponge

Canua island : Les promoteurs de la plage flottante jettent l’éponge et dénoncent une « aberration politique »

CA TOMBE A L’EAULe projet de plage privée flottante qui devait s’ancrer près de Cannes, sur la Côte d’Azur, ne se concrétisera pas cet été. Privés des permis nécessaires, les responsables du projet annoncent avoir mis fin aux contrats d’une centaine de personnes
Canua Island : La plateforme flottante est très décriée
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • Le projet Canua Island, sorte de resort flottant présenté comme un « nouvel acteur du tourisme français », essuyait une vague de contestations avant sa mise à flot, prévue au large de Mandelieu-La Napoule, près de Cannes.
  • Cette méga plateforme de 1.750 m2, qui embarque des dizaines de transats, mais aussi un bar lounge, un restaurant, un salon de massages, une suite grand luxe de 45 m2 et même une piscine d’eau douce, ne s’installera pas cet été, annoncent les responsables, privés des permis nécessaires.
  • « Cette obstruction et aberration politique, ce déni de droit nous amènent à tirer en responsabilité les conséquences de la situation et nous obligent à mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance », expliquent-ils aussi.

La plage privée flottante Canua island ne viendra finalement pas s’ancrer au large de la Côte d’Azur cet été. Les promoteurs de ce projet décrié, notamment par des riverains, des élus et le secrétaire d’Etat à la Mer lui-même, annoncent ce mardi être « contraints de renoncer face à une obstruction » et à une « aberration politique ». Ils évoquent même une « écologie de façade ».

Le trio à la tête de cette initiative inédite dans l’Hexagone était toujours dans l’attente des permis de navigation et d’armement, nécessaires à l’exploitation de la plateforme de 1.750 m2, comprenant des transats, un bar lounge, un restaurant et même une piscine d’eau douce. Une réunion se tenait lundi à ce sujet à Paris. Mais « malgré un dossier 100 % conforme et de nombreuses démarches d’explication, nous [ne les] avons pas reçu », indiquent les responsables dans un communiqué. Et « on nous a clairement fait comprendre qu’il ne fallait rien attendre pour cet été », précisent-ils.

Un « déni de droit »

« Cette obstruction et aberration politique, ce déni de droit nous amènent à tirer en responsabilité les conséquences de la situation et nous obligent à mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance », expliquent également Jean-Bernard Falco, Marc Audineau et Tony Philp, le président et les cofondateurs de Canua island.

Ils estiment être « les victimes d’une vendetta politique » menée, selon eux, par le président de la région Renaud Muselier. « Derrière une écologie de façade, le même qui nous attaque aujourd’hui veut promouvoir des yachts plus polluants que ne le sera jamais Canua, se cache en réalité un règlement de compte qui nous dépasse et qui dépasse l’entendement économique », pestent-ils. Un conflit entre le patron de Paca et Sébastien Leroy (LR), le maire de Mandelieu-La Napoule, la ville face à laquelle devait s’installer l’îlot artificiel, et qui soutenait le projet, serait en cause, selon eux.

Des courriers directement adressés à Macron

Il n’en serait rien, leur a encore répondu le conseiller régional et maire de la commune voisine de Théoule-sur-Mer Georges Botella, dans un courrier adressé directement ce lundi au président de la République. « Je mesure chaque jour l’impact catastrophique qu’un tel projet pourrait avoir dans notre baie, et pour notre territoire régional, écrit-il. Il constitue une aberration écologique et un véritable scandale social. »

Dimanche, Marc Audineau avait lui même adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour l’implorer de « laisser les entrepreneurs travailler ». « Nous avons été encouragés [ces dernières années] par tous les services de l’Etat. […] Comment pouvez-vous dire oui pendant six ans à des créateurs d’emplois, les laisser s’endetter pour 16 millions d’euros et aujourd’hui leur dire non ? », dénonçait-il également. Les promoteurs précisent par ailleurs que l’Etat est pourtant « présent au capital de Canua par l’intermédiaire de BPIfrance » et que « la région a offert sa garantie auprès des banques, à hauteur de 770.000 euros ». « Le contrat est clair et l’engage en droit », assurent-ils face aux dénégations de la collectivité.

Départ à l’étranger ?

Quoi qu’il en soit, la missive de Marc Audineau au président de la République est restée lettre morte. Que va-t-il alors advenir de Canua island et des sommes investies ? Un départ vers l’étranger est-il envisagé ? « Pour le moment », les promoteurs « ne savent pas ». « Sans autorisation de navigation, le navire reste bloqué à la Seyne-sur-Mer, précise leur agence de communication à 20 Minutes. Leur priorité sur ces prochains jours est l’accompagnement de leurs collaborateurs suite à cette difficile décision. »

Dans un communiqué, le maire de Mandelieu-La Napoule y a réagi dans un communiqué, critiquant « une décision politicienne inepte qui coûtera 100 emplois, 770.000 euros au budget de la région et 2,5 millions à la BPI ». « Si Canua est accueilli avec enthousiasme par un pays étranger, l’Etat pourra se vanter d’avoir développé l’attractivité, l’innovation et le tourisme d’une autre Nation avec l’argent du contribuable français », a-t-il ironisé.