Cancer du sein : Des prothèses personnalisées (voire sexy), l’idée évidente pour un bien-être après la maladie
PROGRES•Elle copie la couleur de la peau et pèse ni plus ni moins que l’autre sein. Le CHU de Toulouse lance un essai clinique pour démocratiser la toute première prothèse mammaire externe personnaliséeHélène Ménal
L'essentiel
- En France, 20.000 femmes atteintes d’un cancer subissent chaque année l’ablation d’un sein et utilisent des prothèses externes en attendant une éventuelle reconstruction.
- Le CHU de Toulouse vient de lancer un essai clinique sur la toute première prothèse de sein « personnalisée », créée par une start-up haut-garonnaise.
- A la différence des prothèses standards, elle copie la couleur de la peau, la forme du mamelon et, pour éviter les douleurs dorsales, pèsent le juste poids.
- L’essai mené peut lui donner une caution scientifique et permettre son remboursement pour que toutes les patientes puissent accéder à ce soin de confort, bon pour le corps et l’esprit.
Dans le parcours de la combattante après un cancer du sein, il y a une douloureuse période transitoire. Celle durant laquelle les patientes expérimentent le vide physique, entre l’ablation du sein et une éventuelle reconstruction chirurgicale. Et, pendant des mois, des années ou même à vie pour certaines, elles compensent en glissant dans leurs soutiens-gorge des prothèses externes. Banales et standards, roses passe-partout. Souvent importées d’Allemagne et pas vraiment du même poids que l’autre sein.
Le professeur Charlotte Vaysse, chirurgienne spécialisée au CHU sur le site de l’Oncopole de Toulouse, où quelque 300 mastectomies sont pratiquées tous les ans, connaît bien ces « grosses asymétries » qui entraînent « des douleurs dorsales » chez ses patientes, sans parler des dégâts psychologiques d’une esthétique au rabais. Alors quand en 2016, Léonarda Sanchez, a toqué à sa porte pour lui présenter la prothèse externe « personnalisée » de sa start-up, « ça m’a paru comme une évidence », confie la praticienne.
Couleur de la peau, du mamelon, poids… du sur-mesure
Car la prothèse Meavanti de la start-up New Team, conçues à Saint-Jory dans la banlieue de la Ville rose, pousse loin le sur-mesure, pour les bonnets B comme F ou G. Elle copie notamment la couleur de la peau pour que le décolleté soit raccord. « Elle tient même compte de la forme et de la couleur du mamelon, détaille Charlotte Vaysse. Et les écarts de poids sont infimes, alors qu’ils peuvent atteindre jusqu’à 200 grammes avec des prothèses standards ». « Elles sont biocompatibles et brevetées et nous les fabriquons dans un délai de dix jours », ajoute Leonarda Sanchez, l’inventrice autodidacte entraînée dans cette aventure par la détresse de plusieurs de ses amies atteintes d’un cancer du sein.
Cette prothèse Meavanti existe, elle est en vente. Pourquoi alors cette « histoire de femmes », ce tandem CHU-start-up ? Parce qu’elle coûte 400 euros et qu’elle n’est pas remboursée par la Sécurité sociale, contrairement aux prothèses standards. « L’idée, c’est d’en faire bénéficier toutes les femmes, sans inégalités sociales », explique Charlotte Vaysse. Et pour cela, il faut convaincre la Haute Autorité de santé (HAS).
Un essai clinique avec une soixantaine de patientes
Quatre ans et deux confinements après sa rencontre avec Leonarda, la chirurgienne lance donc un essai clinique. Deux patientes l’ont intégré la semaine dernière, une soixantaine d’autres le feront dans les mois à venir. De trois mois en trois mois, elles vont porter alternativement une prothèse « classique » ou personnalisée. Et la chercheuse va passer au crible leur ressenti : physique, psychologique, social, et même l’effet sur leur vie sexuelle.
Notre dossier sur le cancer du sein
Les deux femmes se donnent un an pour faire aboutir le dossier de la prothèse externe personnalisée. Qui n’a pas peur d’être sexy et, surtout, made in Occitanie.