INTERVIEWD'un clic, son bracelet donne l'alerte en cas d'agression

Bracelet MyEli: «Une bulle sécuritaire pour les femmes en cas d’agression», selon Ludivine Romary

INTERVIEWA 26 ans, Ludivine Romary lance un bracelet connecté capable de donner l’alerte en un clic en cas d’agression
MyEli, le bracelet connecté qui veut protéger les femmes en cas d'agression
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

L'essentiel

  • A 26 ans, Ludivine Romary lance un bracelet connecté capable de donner l’alerte en un clic en cas d’agression.
  • Nommé MyEli, son financement vient d’être bouclé sur le site participatif Ulule, en attendant sa commercialisation fin 2021.
  • Dédié aux femmes, MyEli pourra être décliné pour les enfants, mais aussi pour les hommes et notamment les homosexuels, dont beaucoup attendraient également ce type de dispositif.

A 26 ans, Ludivine Romary prépare le lancement de MyEli dont elle vient de boucler le financement participatif sur Ulule. Dédié aux femmes, ce bracelet connecté à un smartphone permet en un clic sur son dôme noir de donner l’alerte en cas d’agression, ou, en deux clics, de prévenir que l’on est bien rentrée à la maison au retour d’une soirée. Né dans le cadre d’un projet d’études, commercialisé fin 2021, ce bracelet pourra ensuite être décliné pour les enfants, mais aussi pour les hommes.

MyEli, un bracelet en laiton disponible fin 2021 à partir de 85 euros.
MyEli, un bracelet en laiton disponible fin 2021 à partir de 85 euros. - MYELI

D’où est venue l’idée du bracelet connecté MyEli ?

Elle est née de ces SMS que l’on s’envoie entre filles pour se rassurer les unes et les autres lorsque l’on rentre de soirée : « Bien rentrée ». Je n’envoyais jamais ce fameux message et me faisais engueuler par mes amies. J’ai eu envie de trouver une solution. A l’époque, j’avais 24 ans, en Master 2 à l’INSEEC à Bordeaux. Je devais valider mon parcours avec un projet innovant. On était en plein dans la période #BalanceTonPorc.

Pourquoi un bijou ?

Il fallait un dispositif d’alerte qui soit esthétique, tendance, mais aussi que l’on ait plaisir à porter un petit appareil sécurisant, sans que ce soit anxiogène. Et il fallait un système de simple clic pour déclencher une alerte. Je ne voulais pas passer par un appel au 17, la Police ne peut pas être partout. Mais je voulais créer une bulle sécuritaire.

Le bracelet MyEli permet de donner l'alerte en un clic en cas d'agression.
Le bracelet MyEli permet de donner l'alerte en un clic en cas d'agression. - MYELI

Lorsque l’on clique sur le bracelet MyEli, un SMS personnalisable, avec position GPS est adressé à des contacts sélectionnés, ou alors un appel avec une voix qui indique le nom de la personne en détresse. Un lien cliquable est affiché, soit pour rejoindre la personne ou donner cette position aux autorités compétentes.

Comment se configure MyEli ?

A l’installation de l’application dédiée, la personne programme son profil, ses contacts, le choix de l’alarme. Elle peut aussi choisir de ne pas envoyer la position GPS. L’alerte est donnée quand on clique une fois. Quand on double clique, on envoie un SMS : « Je suis bien rentrée à la maison ». Pas d’erreur possible : nous avons calculé en fonction du firmware de la puce un laps de temps entre un clic, deux clics, le temps de l’alerte…

Quel défi technique a constitué ce bracelet ?

On a miniaturisé complètement la puce : 1,8 cm de diamètre. C’est un assemblage de composants qui n’existait pas.

De nombreux défis techniques ont dû être relevés pour développer MyEli.
De nombreux défis techniques ont dû être relevés pour développer MyEli. - MYELI

On a mis une pile remplaçable, pas de batterie, qui est un énorme frein à l’achat. Ici, l’autonomie est d’un an, même si l’on clique tous les jours sur son bijou. Nous avons également développé une antenne imprimée. Elle a plus de portée en Bluetooth : 15 mètres au lieu de 10. Si la personne agressée se fait arracher son sac à main avec son téléphone dedans, cela offre un peu de temps supplémentaire pour cliquer sur le bracelet.

Qui vous a épaulée pour ce développement ?

Nous avons travaillé avec deux centres de recherche, le CATIE à Bordeaux, basé sur l’électronique et la technologie. Ils nous ont livré un prototype fini. On a aussi travaillé avec un centre de recherches sur la radio fréquence, le CISTEME à Bordeaux. De leur côté, ils ont effectué des études de radio fréquence… Avec eux, nous avons également testé plusieurs piles, plusieurs cartes imprimées, plusieurs antennes.

MyEli conservera autant que possible une fabrication française.
MyEli conservera autant que possible une fabrication française. - MYELI

Tout cela tient dans un vrai bijou en laiton. Le plus difficile était de faire rentrer l’électronique dans le laiton tout en laissant passer les ondes. Le clic, on ne le voit pas, on le sent juste et une zone morte entre le cliquable et l’intérieur du bijou évite les clics intempestifs. Au pire des cas, il y a un bouton Fausse alerte dans l’application.

Quand le bracelet sera-t-il commercialisé ?

Nous avons noué un partenariat avec un bijoutier en Ardèche et nous lançons la production de l’électronique avec un sous-traitant bordelais. On peut se permettre cette production française car nous ne travaillons encore que sur des petites quantités. Nous allons lancer la production de 2000 premières unités et nous livrerons les précommandes Ulule en novembre, histoire de retrouver ce bijou sous le sapin ! MyEli sera lancé à 85 euros dans sa version argentée et 90 euros en version dorée. Et on réfléchit à une collection pour les enfants. On a eu énormément de demandes. Je trouvais par ailleurs important de proposer aussi une solution pour les hommes. C’est une cible différente, mais il y a une véritable attente. A nous de rendre ce bijou très esthétique, mais très discret, pour les hommes qui n’ont pas envie d’expliquer à leurs amis qu’ils portent ce type de produit…

Financer le projet

Ludivine Romary résume son parcours à la recherche de financements: «Depuis le début, nous avons beaucoup investi sur nos fonds propres. Notre capital social est de 6.116 euros. Des associés sont arrivés en janvier. Une subvention de l’ADI (Aide au développement industriel) de la Région Aquitaine de 10.000 euros nous a permis de lancer notre conception. Un prêt bancaire du CMSO (Crédit mutuel du Sud Ouest) nous a également aidés. La garantie Femmes auprès de France Active le garantit à hauteur de 75%. C’est un très beau tremplin pour nous. Je suis incubée chez Bordeaux TechnoWest. On se renseigne encore auprès de la Région Aquitaine et de la BPI. Et je viens de clôturer un tour de table avec trois nouveaux associés. Remplie à 211%, la campagne de financement participatif sur Ulule nous permet d’atteindre les 20.000 euros d’avance de trésorie et d’acheter notre stock».