FOOTBALLGriezmann et Lenglet, les Bleus qui murmuraient à l'oreille des chevaux

Portugal - France : « Antoine en parle comme si c'était ses bébés »... Grizou et Lenglet, les Bleus qui murmurent à l'oreille des chevaux

FOOTBALLLes deux joueurs du Barça et de l'équipe de France ont une passion commune : les courses hippiques, et sont tous deux propriétaires d'une écurie
Encore un Paint dégueu, étonnant n'est-ce pas?
Encore un Paint dégueu, étonnant n'est-ce pas? - 20 Minutes Productions / 20 Minutes Productions
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • Antoine Griezmann et Clément Lenglet sont passionnés par les courses hippiques.
  • Ils ont tous les deux lancé leur écurie il y a quelques années.
  • Une véritable aubaine pour les sports hippiques dont le public a encore du mal à se renouveler.

De notre envoyé spécial au Balto (et à Budapest)

Antoine Griezmann n’a pas passé le plus beau week-end sportif de sa vie. En plus du match nul décevant en Hongrie, l’attaquant de l’équipe de France et patron d’écurie éponyme a vu sa pouliche Natsukashi terminer dernière du prestigieux prix de Diane pour sa troisième course (les deux premières étaient pourtant prometteuses avec une victoire et une 2e place). A croire que les encouragements qu’il avait réclamés auprès des journalistes présents à sa conférence de presse dominicale n’ont pas suffi à porter chance à la débutante, que Grizi aime comme on aime un enfant.

Mickaël Cormy, entraîneur des nombreux trotteurs du Blaugrana. « Il en parle comme si c’était ses bébés. Je me souviens qu’il nous a acheté plusieurs yearlings, et il s’avère que l’un d’entre eux n’était pas apte à la course. Pour lui, ça n’a jamais été une question d’argent, la première chose qui le préoccupait, c’était qu’on lui trouve une maison d’accueil. Donc on a fait ça. Il y a des écuries qui ne l’auraient pas fait parce que certaines ne font pas de sentiments. »

Le cheval, c’est trop génial

L’amour du cheval. C’est souvent par là que ça commence. Deux, trois coups de fil auprès de collaborateurs ou d’entraîneurs de montures suffisent à saisir l’attrait des sportifs de haut niveau pour l’esthétique et l’élégance de l’animal. Mais s’ils ne sont que deux dans le vestiaire de l’équipe de France à posséder leur écurie – le second étant Clément Lenglet – c’est qu’il faut avoir baigné enfant dans l’ivresse de la course pour y trouver quelque intérêt une fois adulte.

Arnaud de Courcelles, directeur du pôle média d’Equidia : « 70 % des personnes viennent dans cet univers par la transmission, soit par un parent soit par un ami. Si on prend Clément Lenglet ou Antoine Griezmann, on est vraiment là-dedans. Il s’agit de pure transmission familiale. » « Quand Antoine était jeune, on allait aux courses à Cluny (Saône-et-Loire) et je lui ai transmis ma passion », se souvient Alain Griezmann, père de. « J’adore les chevaux et il a voulu en acheter. »

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Pour Clément Lenglet, qui a acquis des galopeurs dans les boxes de Francis-Henri Graffard à Chantilly, l’histoire est similaire. Le défenseur a grandi en regardant les courses à la télé et en allant sur les hippodromes pendant les vacances. Il a eu le déclic, et l’envie, de devenir propriétaire de galopeurs après avoir assisté, dans les coulisses, à un Prix du Jockey-Club. Son conseiller Ghislain Bozo raconte : « Il était important dans ces premiers contacts de le mettre en confiance, de bien expliquer les tenants et les aboutissants d’une écurie et de mettre une stratégie en place. Il m’a accompagné à l’entraînement, on a vu ensemble quand acheter un cheval, combien ça coûte, combien de temps on attend avant de faire commencer un cheval, de quels vétérinaires s’entourer… Parce que les chevaux sont des athlètes, ils ont un rythme de vie qui ressemble beaucoup à celui des sportifs de haut niveau et ont donc besoin d’autant d’attention. »

Tel cheval, tel joueur

La comparaison n’est pas anodine puisqu’elle y est pour beaucoup dans les bons rapports entre footballeurs et entraîneurs, ce qui n’est par exemple pas le cas de certains propriétaires de chevaux provenant du monde de la télé.

« « J’ai des collègues qui ont eu affaire à des gens de ce milieu, c’était un cauchemar, raconte Cormy. A la première course ratée, c’était la fin du monde. Ce sont des enfants gatés, ils veulent des résultats immédiats, ils ont une cour autour d’eux qui sont là pour en remettre une couche quand ça se passe mal. Pour nous en tant qu’entraîneurs c’est le jour et la nuit de travailler avec un sportif parce que c’est une clientèle habituée aux bons et mauvais moments. » »

De là à dire que nos deux loustics de l’équipe de France se cognent des résultats de leurs chevaux, il y a un pas que nous ne franchirons pas. « Clément comprend que c’est dur de les obtenir, mais il attend quand même des résultats », poursuit Bozo. Il n’y a qu’à voir la fierté de Lenglet quand Bois d’Argent lui a offert sa première victoire en mai 2020 pour comprendre que les résultats comptent effectivement. « C’est beaucoup de fierté et l’adrénaline dans ces fameux 200 derniers mètres, confiait-il à Equidia. Cela a été beaucoup de joie, de plaisir et beaucoup de reconnaissance pour tous ceux qui ont travaillé à ce résultat. »

Les courses hippiques sont aussi une forme d’échappatoire pour nos deux loustics catalans, et même s’ils n’ont pas toujours le temps d’aller rendre visite à leurs bêtes sur place à cause d’un agenda professionnel chargé, ils sollicitent les entraîneurs et divers collaborateurs pour avoir des nouvelles assez régulièrement.

« « On se parle énormément, à peu près toutes les semaines, dit Cormy. Avec le Covid, Antoine n’est venu nous rendre visite qu’une fois, mais j’essaye de jouer le jeu en envoyant des vidéos de ses chevaux. » »

Dans les deux cas, les pères jouent les intermédiaires, sont présents aux courses et s’occupent de la paperasse pendant que leurs gamins parlent cheval dans le vestiaire du Barça, mais toujours dans la bonne humeur. Du peu qu’on en a saisi, il semblerait qu’aussi bien Lenglet et Grizou se réjouissent des victoires de l’un comme de l’autre. Le groupe vit bien.

L’entrée fracassante de Tony Parker dans le game

L’arrivée de footballeurs et plus globalement de sportifs à fort potentiel médiatique est une aubaine pour un sport qui a un énorme retard à rattraper après avoir raté le virage – un comble – du numérique. Coup de bol, il vient de se payer un énorme coup de cravache avec l’arrivée de Tony Parker dans le milieu, qui, via son écurie « Infinity Nine Horses », a signé un partenariat avec France Galop et Equidia, ce dont se félicite Arnaud de Courcelles. « On a fait le choix de se rapprocher de Tony Parker parce qu’on a besoin de trouver d’autres biais pour que la transmission de cette passion se poursuive. »

Et elle se poursuit. L’ancien basketteur a déjà embarqué avec lui le pilote Charles Leclerc, propriétaire d’un galopeur chez TP. Le Monégasque a été touché par l’enthousiasme de la légende des Spurs. « Ce qui l’a fait basculer, raconte Arnaud de Courcelles, c’est d’écouter Tony parler des courses hippiques, de ce que ça représente d’être propriétaire d’un cheval, de la première fois qu’il a rencontré Best 16 [son cheval] quand il l’a vu et caressé pour la première fois. Il s’est passé un truc. Et Charles Leclerc s’est dit ‘ok, je prends un cheval avec toi’ ». Et ce n’est pas fini. Des bruits de couloir font résonner le nom de Teddy Riner comme potentiel renfort du FC Cheval qui se trouve peut-être à un carrefour. Et l’histoire retiendra qu’en France, tout aura (re) commencé par Antoine Griezmann.