SCRUTINAbstention, flop du RN... Les enseignements des régionales

Résultats des régionales : Abstention toujours record, sortants réélus et flop pour le RN... Les enseignements du scrutin

SCRUTINL'abstention s'est maintenue au même niveau (record) qu'au premier tour, pour le second tour des élections régionales ce dimanche
Elections régionales : quels sont les grands vainqueurs ?
Laure Cometti

L.C.

L'essentiel

  • Environ 66 % des électeurs n’ont pas voté au second tour des élections régionales et départementales ce dimanche.
  • Ce scrutin est marqué par une forte prime aux sortants de droite comme de gauche, et des scores décevants pour le RN, la majorité présidentielle et les écolos.
  • A dix mois de la présidentielle, trois présidents sortants de droite, confortablement réélus, ont donné dès ce soir un petit coup d’accélérateur dans leur campagne pré-présidentielle.

Un second tour qui ressemble au premier ? Les électeurs étaient invités à voter ce dimanche pour le second tour des élections régionales et départementales​. Comme la semaine dernière, ils ont massivement boudé les urnes. Les présidents sortants, de droite comme de gauche, se sont trouvés confortés. En revanche, le Rassemblement national voit sa chance de conquérir une région s’envoler en Paca, à dix mois de l’élection présidentielle. Déception également pour les écolos, battus dans les Pays-de-la-Loire. Quant au parti présidentiel, il ne parvient toujours pas à remporter de scrutin territorial.


  • L’abstention se confirme, l’opposition tacle le gouvernement

Il n’y a pas eu de sursaut de participation ce dimanche, malgré les appels des politiques au soir du premier tour, déjà marqué par une abstention record (près de 67 % des électeurs inscrits). L’abstention est restée à un niveau quasi identique, autour de 66 % selon les instituts de sondage, alors qu’elle s’élevait à 41,59 % au second tour des régionales de 2015. La campagne de communication lancée en catastrophe par le gouvernement pour inciter les jeunes à voter n’a semble-t-il pas provoqué de remobilisation au second tour.

« Une semaine d’exposition médiatique très forte n’a absolument rien fait bouger, souligne Bruno Cautrès, directeur de recherche CNRS. Ce n’est pas un problème d’organisation du scrutin, de mise en évidence des enjeux, ou de facilitation du vote, mais un vrai problème structurel, qui met à nouveau en lumière la crise de notre modèle démocratique et la défiance des électeurs. »

Au passage, l’opposition a de nouveau tancé l’exécutif pour les couacs dans la distribution des professions de foi, confiée à deux prestataires. «Les dysfonctionnements gravissimes d'organisation du scrutin engagent clairement la responsabilité du pouvoir exécutif et du ministre de l'Intérieur», a dénoncé sur BFMTV Jordan Bardella, vice-président du RN et candidat battu en Île-de-France.

  • Des sortants très confortablement réélus, la gauche et la droite se réjouissent

Ce scrutin a été très favorable aux sortants. Cela permet à la droite de conserver ses sept régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France, Ile-de-France, Normandie, Pays-de-la-Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur), et à la gauche de se maintenir à la tête de cinq (Bourgogne Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val-de-Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), et de faire basculer La Réunion.

Le président des Républicains Christian Jacob a estimé ce dimanche que la droite était « aujourd’hui clairement la seule force d’alternance », saluant sur France 2 « une formidable victoire ». Le patron des socialistes s’est lui aussi félicité des scores des sortants PS. Olivier Faure a jugé sur TF1 que « la force motrice qu’est le PS », a le devoir « de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes pour pouvoir aller vers l’élection présidentielle. »

Avec la réélection de Gilles Simeoni en Corse, ce sont donc 100% des sortants qui sont réélus en France métropolitaine.

  • Le Rassemblement national bredouille

Mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen, qui espérait conquérir au moins une région à dix mois de la présidentielle. La Provence-Alpes-Côte d’Azur, seule région qui semblait à portée de bulletin, lui échappe, et Thierry Mariani (42,7%) est largement distancé par Renaud Muselier (57,3%). Dans les autres régions, le RN obtient de moins bons scores qu'en 2015, comme en Occitanie ou dans le Grand-Est. Il perdra donc des sièges de conseillers régionaux, après avoir vu son nombre de conseillers municipaux diminuer de moitié aux municipales en 2020.

« Ce soir nous ne prendrons pas de région », a reconnu Marine Le Pen, préférant évoquer le prochain scrutin. « La présidentielle apparaît plus que jamais comme l’élection qui permet de changer de politique et les politiques ».

« C’est une très mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen, qui comptait sur ce scrutin pour montrer la normalisation de son parti, son implantation territoriale et la capacité du RN à exister en dehors de la présidentielle », note Bruno Cautrès, qui rappelle toutefois sa victoire aux européennes en 2019.

  • Ça se bouscule à droite pour 2022

Des trois présidentiables de droite en ballottage au second tour, Xavier Bertrand a dégainé le premier. A 20 heures pile, le président sortant des Hauts-de-France, réélu avec 52,37% des suffrages (sans front républicain contrairement à 2015), a pris la parole depuis son fief de Saint-Quentin (Aisne). « Ce résultat me donne la force d’aller à la rencontre de tous les Français », a affirmé l’ex-LR, dans un discours aux accents de programme présidentiel.

Laurent Wauquiez lui a emboîté le pas quelques minutes plus tard en prenant la parole, souriant, depuis Lyon. Le président sortant LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, lui aussi réélu avec 55,17% des voix, a également déroulé quelques thèmes de campagne présidentielle. Il a estimé que sa victoire était « celle d’un cap clair », avant d’affirmer à la fin de son allocution que « seul un cap clair permettra de trouver une nouvelle espérance ».

A 20h45, Valérie Pécresse (Libres, ex-LR), reconduite à la tête de l’Ile-de-France avec 47,92% des suffrages, a elle aussi fait part de son envie de peser sur la campagne pour l’Elysée. « Ce soir une équipe de France de la droite et du centre a émergé dans les régions. Nous avons une grande responsabilité et j’y prendrai toute ma part », a-t-elle assuré depuis la capitale.

Les trois sont donc en mesure d’espérer représenter la droite en 2022, mais ils ne sont pas seuls. Une nouvelle campagne va débuter dès demain et se poursuivre tout l’été, puisque LR a choisi de sonder à la rentrée les personnalités de droite pour voir laquelle émerge pour la présidentielle.

  • Les écolos ne ravissent aucune région

Les Verts ne sont pas parvenus à conquérir une région ce dimanche. En Pays-de-la-Loire, l’écologiste Matthieu Orphelin (33%) est largement battu par la sortante LR Christelle Morançais (47%). En Ile-de-France, le patron d’Europe-Ecologie-Les Verts Julien Bayou arrive également deuxième avec 33,68% des voix, plus de dix points derrière Valérie Pécresse. Un échec pour le parti qui voulait affirmer sa position fédératrice à gauche en vue de la présidentielle.

« Les écologistes ont été les seuls en capacité de fédérer », a toutefois estimé le maire EELV de Grenoble Eric Piolle sur BFMTV.

  • La débâcle se confirme pour la majorité présidentielle

Les huit candidats de la majorité qui avaient pu se maintenir au second tour voient leur score stagner, voire baisser, et les listes LREM-MoDem ne totalisent qu’environ 7 % des voix au niveau national. C’est « un coup de semonce très important pour la majorité » et l’exécutif, a estimé sur LCI le président du MoDem François Bayrou. Mais la majorité écarte pour l’heure un éventuel remaniement, et ce même si trois membres du gouvernement étaient tête de liste et sont sanctionnés ce dimanche.

Cette défaite annoncée n’a pas empêché Emmanuel Macron de se payer un bain de foule au Touquet, où il est allé voter. Lundi, il visitera une usine de batteries électriques à Douai (Nord), en compagnie notamment de Xavier Bertrand.