EPIDEMIELes flots sacrés du Gange en Inde regorgent de morts du coronavirus

Coronavirus en Inde : Les flots sacrés du Gange regorgent de morts

EPIDEMIEPrès de 150 corps de victimes du coronavirus retrouvés flottants à la surface ces trois dernières semaines ont été incinérés, ont déclaré les autorités indiennes
Des corps de victimes du Covid-19 brûlés en Inde.
Des corps de victimes du Covid-19 brûlés en Inde.  - Aijaz Rahi/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Faute de place dans les cimetières et les crématoriums, des centaines de corps de victimes du coronavirus ont été retrouvés à la surface du Gange, en Inde, où l’épidémie a fait des milliers de morts.

Les familles des victimes qui n’ont pas pu faire inhumer leurs proches, morts du Covid-19, par manque de moyens ou de place dans les cimetières et crématoriums, ont dû se résoudre à livrer les corps de leurs proches aux flots du Gange, fleuve sacré pour les hindous, ou les enterrer dans des sépultures à peine creusées sur ses rives sablonneuses.

600 inhumations sommaires

Mais le début de la mousson, accompagnée de ses pluies diluviennes, a provoqué des crues et délogé des défunts ainsi inhumés. Près de 150 corps retrouvés flottants à la surface ces trois dernières semaines ont été incinérés, ont déclaré les autorités d’Allahabad, haut lieu de pèlerinage hindou, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh (Nord). Des bûchers funéraires jalonnent les berges où des piles de bois sont entassées dans l’attente d’autres corps repêchés à incinérer. Des dizaines de cadavres en partie immergés gisent encore dans le fleuve, a constaté l’AFP.

Jusqu’à quelque 600 corps ont été sommairement inhumés au bord du Gange au plus fort de la deuxième vague épidémique du printemps, estiment les autorités de la ville. Mais certains habitants jugent ce chiffre sous-évalué et craignent de voir surgir une multitude de dépouilles, déterrées de leurs tombes de fortune, au cours des prochaines crues. Des millions d’hindous se rendent traditionnellement sur le Gange pour des bains rituels ou pour incinérer leurs défunts sur ses rives avant de disperser les cendres dans ses eaux.

Peur de heurter un corps

Sonu Chandel, un batelier qui travaille dans un crématorium sur les rives du Gange, se souvient avoir été choqué par des scènes d’inhumations sommaires, il y a deux mois, et ne peut s’empêcher d’éprouver un malaise en observant la montée des eaux. « C’était vraiment triste de voir ces pauvres gens enterrer leurs proches de manière aussi indigne, et la montée des eaux ne fait qu’aggraver les choses », confie-t-il. « J’ai toujours peur qu’un [corps] heurte ma rame ou que [mon bateau] passe sur un cadavre tandis que l’eau monte », ajoute l’homme traumatisé.


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Cette situation « risque de causer des maladies dangereuses », s’inquiète auprès Dipin Kumar qui vit non loin du Gange à Allahabad, « le gouvernement doit se pencher dessus, lui seul peut s’en occuper ». Les riverains d’autres grands sites religieux dans le Nord de l’Inde, en aval du fleuve, redoutent que la présence prolongée de cadavres ne contribue à contaminer davantage le cours d’eau, l’un des plus pollués au monde. La police et les équipes de secours de l’État patrouillent sur le fleuve en quête de corps à repêcher. Les autorités ont décidé de poster deux bateaux dédiés à cette tâche le long des rives et font parfois appel aux pêcheurs du coin.