CYBER CONTRE-ATTAQUEEn Avant Toutes brise l’isolement des jeunes femmes victimes de violences

Comment l’association En Avant Toutes brise l’isolement des jeunes femmes victimes de violences

CYBER CONTRE-ATTAQUELe chat de l’association parisienne En Avant Toutes cible les 16-25 ans, qui sont les plus difficiles à repérer par les structures de prise en charge des violences conjugales
Une partie de l'équipe d'En Avant toutes en plein travail.
Une partie de l'équipe d'En Avant toutes en plein travail. - Aude Lorriaux / 20 Minutes / 20 Minutes
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, les « répondantes » de l’association En Avant Toutes s’occupent de femmes victimes de violence, par chat.
  • La moyenne d’âge des anonymes qui osent briser le silence est de 24 ans, un âge traditionnellement sous représenté dans les structures de prise en charge, alors que les 16-25 ans sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation.
  • En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école.

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »

En Avant toutes

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »

violence

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »

commentonsaime.fr

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »

Cité audacieuse

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Au rez-de-chaussée de la Cité Audacieuse, qui accuille une quinzaine d'associations féministes.
Au rez-de-chaussée de la Cité Audacieuse, qui accuille une quinzaine d'associations féministes.  - Aude Lorriaux / 20 Minutes

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »

surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


L'entrée de la Cité Audacieuse, un lieu dédié au féminisme qui accueille les locaux de l'association En Avant Toutes.
L'entrée de la Cité Audacieuse, un lieu dédié au féminisme qui accueille les locaux de l'association En Avant Toutes.  - Aude Lorriaux / 20 Minutes

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


Notre dossier sur les violences faites

Sur l’écran, les mots s’égrènent : « Il vous fait peur, il vous dénigre, il vous isole, il vous menace et c’est une stratégie pour vous faire peur, pour que vous ne partiez pas, mais vous devriez avoir le droit de partir quand vous le désirez. » Ces mots sont d’Axel, 23 ans, « répondant » d’En Avant toutes, une association parisienne qui dialogue par chat avec des jeunes femmes victimes de violence. A l’autre bout de l’écran, une jeune femme de 21 ans qui sort avec un garçon de son village, et se pose des questions sur sa relation.

Du lundi au samedi, de 10 heures à 21 heures, des personnes victimes de violences peuvent venir trouver un soutien moral et des conseils sur le chat de l’association, arrivées le plus souvent via le site Internet commentonsaime.fr, construit comme un site de ressources et d’informations sur l’amour. Car l’idée est de toucher des jeunes femmes qui ne mettent pas encore forcément le mot « violence » sur leur relation. Avec un site qui n’ait pas une image trop institutionnelle, « ni trop dans le drame », explique Louise Neuville, 31 ans, ancienne chercheuse en histoire devenue chargée de communication de l’association.

Sous-représentées dans les structures de prise en charge

En Avant Toutes est nichée à l’étage de la Cité audacieuse à Paris, un lieu dédié au féminisme, où sont logées une quinzaine d’associations dans une ancienne école. Entre les tableaux noirs dans les salles et les marelles dessinées dans la cour, le café qui accueille du public du jeudi au dimanche expose fièrement un portrait de l’artiste Frida Kahlo, une sculpture en forme de signe féminin violet, une boîte à dons pour l’association Règles élémentaires ou encore des tisanières à chaque étage pour faciliter l’échange entre associations. « C’est un peu l’anti-Twitter ici », plaisante Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui gère le lieu.

La cible d’En Avant toutes ? Les jeunes femmes de 16 à 25 ans, qui sont surreprésentées dans les enquêtes de victimation, mais sous-représentées dans les structures de prise en charge. Et qui peinent parfois à mettre les mots sur ce qu’elles ont subi. « On est sur le moment de la transition. Les femmes qui nous contactent sont en train de prendre conscience des violences qu’elles ont subies. Elles apprennent à poser des mots dessus », explique Thomas Humbert, cofondateur de l’association avec Ynaée Benaben.

« J’ai trop peur des conséquences »

Sur l’écran d’Axel, la conversation continue. En moyenne, chaque chat dure 53 minutes, le temps d’instaurer une forme de confiance avec les « chatteuses », qui sont à 90 % des femmes. La victime déclarée de 21 ans a confié à Axel que son petit ami lui crie dessus, qu’il lui a interdit de voir ses amies, et surtout, qu’il possède une photo d’elle nue prise sans son consentement. Un point crucial dont le "répondant" devine au fur et à mesure qu’il est la raison pour laquelle elle tarde à s’extirper de cette relation toxique. Bientôt, elle lui lâche : « Je sais au fond de moi que je dois couper les ponts avec lui mais j’ai trop peur des conséquences. »

La grande majorité des victimes anonymes qui contactent l’association ont subi des violences psychologiques : c’est le cas de 67 % des moins de 26 ans. Beaucoup ont aussi subi des violences verbales (50 % de cette catégorie) ou sexuelles (47,5 %), selon une étude de l’association effectuée entre novembre 2019 et juin 2020.

« Il faut trouver le moyen d’être dans la confiance »

La moyenne d’âge est de 24 ans, avec une grande part de mineures, entre 15 à 18 %. Avec elles, « il faut trouver le moyen d’être dans la confiance », explique Thomas Humbert. Pour cela, l’association use d’un vouvoiement respectueux et essaie de redonner confiance aux victimes déclarées en les confortant dans l’idée qu’elles ont fait le bon choix en venant ici, et en leur répétant qu’ici, on les croit, et on les soutient.

Justement, au même moment où Axel gère cette jeune femme de 21 ans, sur le poste d’en face, Nabintou est aux prises avec une situation difficile, impliquant une mineure qui subit des violences intrafamiliales, et s’est retrouvée à la rue. Thomas Humbert est appelé en renfort. Le voilà qui compose des numéros, s’active pour trouver une solution. On n’en saura pas plus, pour préserver entièrement l’anonymat de cette personne.

Fissurer la peur

Depuis sa création, le chat de l’association a déjà géré près de 7.000 conversations. Les « répondantes », au nombre de dix, sur 20 emplois équivalents temps plein, ont un profil « social ou psy », explique Thomas Humbert, un ancien éducateur spécialisé avec un parcours de militant associatif et politique. Tous les membres de l’équipe, même celles et ceux qui ne sont pas prioritairement sur le chat, se retrouvent à faire à un moment ou un autre un peu de « terrain » – chat ou sessions de prévention auprès de groupes de victimes – et ont un profil hybride. De la sorte, chaque personne de l’association, qui fonctionne sur un principe d’horizontalité salariale – tous les postes, qu’on soit comptable ou répondante, démarrent au même salaire, seule l’ancienneté les fait grimper – connaît bien le cœur du métier.

Sur son écran, Axel assiste à une prise de conscience en train d’éclore, grâce à son patient travail de maïeutique. « Cette photo qu’il possède est-elle un frein à votre rupture ? », demande-t-il. « Oui, j’ai peur qu’il les montre », répond la jeune femme. « Sachez que c’est illégal de diffuser des photos nues de vous », l’informe Axel, pour essayer de fissurer la peur qui la relie à cette relation toxique.

A l’issue de la conversation, la jeune femme promet de revenir chatter avec l’association, et a aussi décidé d’en parler à sa mère. « En discuter avec ses proches est quelque chose d’hyperimportant pour sortir des violences », explique Axel, qui se félicite que cette personne ait décidé d’agir : « On est super admiratives de la force des personnes qui nous contactent. »


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