VACCINATIONRécit d’une semaine « intense » pour les sites de rendez-vous médicaux

Pass sanitaire : Une semaine « intense » et « exceptionnelle » pour les sites de rendez-vous médicaux

VACCINATIONDepuis l’annonce, le 12 juillet, de l’extension du pass sanitaire, les plateformes médicales connaissent des pics d’affluence massifs
En quelques minutes, le site leader du marché Doctolib a enregistré 7,5 millions de connexions le soir de l'allocution d'Emmanuel Macron le 12 juillet.
En quelques minutes, le site leader du marché Doctolib a enregistré 7,5 millions de connexions le soir de l'allocution d'Emmanuel Macron le 12 juillet. - Mourad ALLILI/SIPA / SIPA
Hélène Sergent

Hélène Sergent

L'essentiel

  • Face à l’augmentation des contaminations liées à la propagation du variant Delta en France, le chef de l’Etat a annoncé la mise en place du pass sanitaire obligatoire pour accéder aux lieux de loisirs et de culture puis aux restaurants, bars et transports longue distance cet été.
  • Dès cette allocution, les plateformes de rendez-vous médicaux ont dû gérer, sur leurs sites respectifs, un trafic démultiplié.
  • Une affluence qui s’est poursuivie tout au long de la semaine, avec des pics de rendez-vous pris jamais atteints depuis le début de l’épidémie.

Leurs chiffres donnent la mesure de l’électrochoc provoqué par l’allocution d’Emmanuel Macron le 12 juillet dernier. Plébiscitées au quotidien par des milliers de Français pour des prises de rendez-vous médicaux, Doctolib, Maiia ou KelDoc ont enregistré toute cette semaine des données records.

En annonçant l’extension du pass sanitaire obligatoire dès le 21 juillet pour les lieux de culture et de loisirs, puis pour les bars et restaurants début août, le chef de l’Etat semble avoir obtenu l’effet escompté : une ruée vers les vaccins anti-Covid. Mais pour ces sites médicaux, devenus au fil des mois l’un des maillons essentiels de la chaîne de vaccination, cette soirée du 12 juillet s’est aussi transformée en défi technique.

Jusqu’à 20.000 prises de rendez-vous à la minute

Pour le leader du marché français – Doctolib – comme pour ses concurrents, le bilan est le même. « Ces dernières semaines, les prises de rendez-vous et les créneaux ouverts pour une première injection avaient tendance à diminuer », explique en préambule Matthieu Becamel, le porte-parole de la plateforme Maiia, une entité du groupe Cegedim. Une baisse progressive suivie pour tous ces acteurs d’un pic historique.

« En quelques minutes lundi soir, on a comptabilisé 7,5 millions de connexions sur Doctolib, et pour la période la plus chargée, on a enregistré jusqu’à 20.000 prises de rendez-vous à la minute », précise le directeur général adjoint du site, Philippe Vimard, également en charge des équipes techniques. Pour Maiia, 300.000 connexions ont été dénombrées lundi, « c’est 10 fois plus que sur une journée normale », souligne Matthieu Becamel.

La même dynamique tout au long de la semaine

Une fréquentation démultipliée qui s’est traduite par des prises de rendez-vous massives. « À minuit, on enregistrait 150.000 créneaux réservés pour des premières et secondes injections », ajoute-t-il. Du côté de Doctolib, plus de 870.000 rendez-vous ont été pris ce jour-là pour une première injection. Autre acteur du secteur, le site KelDoc a annoncé que 270.000 Français avaient réservé un nouveau créneau en 24 heures, soit trois fois plus que le précédent pic du 10 mai.

Et cette dynamique s’est poursuivie tout au long de la semaine. « En trois jours, 2,6 millions de Français ont pris rendez-vous sur notre site. C’est sept fois plus que la semaine passée et deux fois plus que lors de notre record enregistré en mai, après l’annonce de l’ouverture à la vaccination pour les plus de 18 ans. C’était assez intense et exceptionnel », sourit Philippe Vimard. Idem du côté de Maiia, puisque 200.000 rendez-vous ont été réservés mardi 13 juillet, puis 150.000 mercredi 14 juillet.

Pour autant, Guillaume Rozier, le fondateur du site Vitemadose, qui agrège en temps réel les rendez-vous disponibles sur toutes ces plateformes, nuance. « Aujourd’hui, le trafic sur notre site est 8 fois supérieur à celui d’une journée du mois de juin. C’est important mais ce n’est pas non plus monstrueux. À titre de comparaison, on est loin du record du 12 mai dernier, avec l’ouverture de la vaccination pour tous », indique-t-il.

Une montée en puissance progressive

Pour l’ensemble des acteurs, l’ouverture à la vaccination à chaque nouvelle tranche d’âge a servi de répétition générale. « On a pris des mesures dès le début de la campagne de vaccination pour que notre site soit le plus élastique possible et pour être en capacité de gérer ces pics d’affluence et s’adapter à la demande. En avril, pour anticiper l’ouverture à tous les plus de 18 ans, on a mis en place une nouvelle fonctionnalité : la liste d’attente. Comme pour une billetterie en ligne, on indique aux internautes le temps d’attente avant de pouvoir accéder aux créneaux disponibles », explique Philippe Vimard. Une préparation qui n’a pas empêché ses équipes techniques de ressentir lundi soir une certaine « appréhension » mêlée à de l'« excitation ».

Cette capacité d’adaptation des sites est fondamentale, estime Matthieu Becamel, le porte-parole de Maiia : « Si vous ne préparez pas la charge à venir sur vos serveurs, le risque est que le site tombe en carafe. D’un point de vue technique, nos développeurs étaient sur le pont et suivaient la situation en temps réel pour s’assurer que le site tienne ». « Aucun souci majeur », n’a été relevé le soir du 12 juillet, affirme de son côté le directeur général adjoint de Doctolib, en dehors de « moments où les temps d’attente pour avoir accès aux créneaux de rendez-vous variaient de manière importante », reconnaît-il.

Des disparités géographiques

Si le mois de mai avait généré des délais d’attente particulièrement longs entre la date de prise de rendez-vous et le jour de l’injection, ce nouveau pic ne s’est pas traduit par une pénurie de créneaux. Guillaume Rozier expose : « En mai, contrairement à la période actuelle, il y avait beaucoup moins de doses disponibles. À l’époque, les internautes faisaient de 5 à 10 recherches pour trouver un rendez-vous. Actuellement, on oscille plutôt entre une et deux recherches. Ce vendredi par exemple, on compte plus de 200.000 créneaux disponibles pour les 50 prochains jours. »

Malgré ces stocks de vaccins plus importants qu’en mai, les délais d’attente moyens pour obtenir sa première injection se sont mécaniquement allongés cette semaine avec l’augmentation de la demande. « Lundi, on comptait 11 jours d’attente pour obtenir sa première injection. Mardi, il fallait compter 15 jours. Et mercredi, on est passé à 17 jours », appuie Philippe Vimard, de Doctolib. Et ces délais varient en fonction des régions. « Globalement, il y a plus de disponibilités en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en Auvergne Rhône-Alpes », poursuit Guillaume Rozier. Sur la carte mise en ligne sur son site, trois départements – la Vendée, les Deux-Sèvres et l’Indre – ne disposaient en revanche d’aucun créneau disponible ce vendredi.

Reste désormais à savoir si les stocks disponibles suffiront à couvrir cette dynamique. Dans son allocution, le chef de l’Etat s’était voulu rassurant : « Neuf millions de doses vous attendent dès aujourd’hui, qui n’ont pas encore été injectées, et nos commandes continuent d’arriver », avait-il conclu.