MOBILITE DU FUTURDes bateaux volants testés par la société Aqualines, à Bayonne

Bayonne : Aqualines va tester ses bateaux volants, avant une commercialisation annoncée pour 2024

MOBILITE DU FUTURL'entreprise a l'ambition de lancer de nouvelles routes maritimes
Un modèle du véhicule à effet de sol  proposé par Aqualines.
Un modèle du véhicule à effet de sol proposé par Aqualines.  - Aqualines / Aqualines
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • La société Aqualines va tester ses véhicules à effet de sol à Bayonne, avant une commercialisation qui commencera en 2024.
  • Les vaisseaux de mer peuvent atteindre des vitesses de 200 à 320 km/h et permettent d’envisager des liaisons sur des mers intérieures, entre des îles ou sur de grands lacs.
  • Leur avantage majeur est qu’aucune grosse infrastructure n’est nécessaire pour les accueillir, ils peuvent simplement se poser sur une plage.

Ni vraiment un bateau, ni vraiment un avion. « C’est un nouveau mode de transport : on l’appelle un véhicule à effet de sol ou vaisseau de mer », avance Guillaume Catala, cofondateur d’Aqualines.

Avec des vitesses entre 200 et 320 km/h, il vole au ras de l’eau en raison de l’effet de sol, un phénomène aérodynamique qui se manifeste lors d’un vol à très basse altitude. Des tests vont être menés depuis le port de Bayonne , avant une commercialisation envisagée par l’entreprise Aqualines en 2024.

  • D’où vient cette technologie de l’effet de sol ?

Aqualines a été créée en 2013 mais la technologie permettant de dompter l’effet de sol a été mise au point pendant la Guerre froide, dans les années 1950, avec des visées militaires. « Les Soviétiques sont les maîtres en matière d’effets de sols, ils avaient développé une vingtaine d’engins différents avec des machines qui allaient à 500 km/h », raconte Guillaume Catala, cofondateur d’Aqualines. Avec la fin de la Guerre froide, les programmes militaires se sont arrêtés et cette technologie a été mise en veille pendant trois décennies.

En 2013, Pavel Tsarapkin aujourd’hui président d’Aqualines, s’intéresse à cette technologie avec l’ambition de la développer pour le transport public sans empreinte carbone. Il dirige également plusieurs sociétés dans des secteurs variés (conception et construction aéronautique, immobilier, service et ingénierie médicale, etc.)

  • A quel stade de développement se trouve Aqualines ?

« On va fabriquer des prototypes échelle 1 après des prototypes de plus petites tailles qui ont subi des effets en soufflerie, en bassins de carène, et tous les autres tests imaginables », explique Guillaume Catala. Les modes de propulsion envisagés sont l’électrique et l’hydrogène.

Pendant trente mois, ce sont d’abord un appareil de trois places sans cockpit et un de huit places avec cockpit qui vont être testés. « Tous les trente mois on monte dans la taille des appareils jusqu’à atteindre 300 places au final », précise Guillaume Catala. L’idée est de proposer à terme des ferrys ultrarapides, qui atteignent des vitesses comparables à celles des TGV, pour des liaisons sur des mers intérieures ou de grands lacs.

  • Pourquoi les tests se font à Bayonne ?

« Toulouse est le berceau de l’aéronautique mais il n’y a pas la mer, résume Guillaume Catala. A Bayonne, on dispose de l’estuaire pour faire des essais à petite vitesse sur l’Adour, et d’un accès au golfe de Gascogne pour faire des essais en pleine mer. » Le pôle de compétitivité Aerospace Valley (centré sur la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie) permet aussi à Aqualines d’accéder à tout un réseau utile pour finaliser leurs engins.

  • Quelles seront les premières liaisons ?

Le premier démonstrateur sera lancé entre Tallinn et Helsinki, sur un trajet d’un peu plus de 80 km en mer Baltique. « C’est très intéressant pour les pays qui ont plein d’îles, par exemple en Grèce ou en Asie du Sud-Est. On a beaucoup de demandes sur l’Indonésie », précise le cofondateur d’Aqualines. Un démonstrateur, qui n’aura pas de débouché commercial, est aussi envisagé entre Bayonne et Saint-Sébastien.

L’avantage majeur de ce mode de transport est qu’il ne nécessite pas l’installation d’infrastructures lourdes comme des ports ou des aéroports. « Il peut amerrir/atterrir sur une plage, souligne Guillaume Catala. On peut à la limite prévoir des pontons assez légers. »