CULTUREJean-Yves Lafesse, comédien et humoriste, est décédé

Jean-Yves Lafesse, comédien et humoriste, est décédé

CULTUREL’acteur et humoriste était connu pour ses canulars téléphoniques et ses caméras cachées
Jean-Yves Lafesse en 2017 lors de l'enregistrement de « Les grands du rire, l'émission du dimanche »
Jean-Yves Lafesse en 2017 lors de l'enregistrement de « Les grands du rire, l'émission du dimanche » - Jacques BENAROCH/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Il n’y aura plus de fête chez Ginette et Germaine Ledoux ne courra plus après les passants. De son vrai nom Jean-Yves Lambert, l’humoriste Jean-Yves Lafesse est décédé à l’âge de 64 ans. Sa famille l’a annoncé ce vendredi à l’AFP. Ses imitations de vieilles dames, ses caméras cachées, ses canulars téléphoniques… Jean-Yves Lafesse a laissé son empreinte grâce à ses impostures partagées sur les ondes de la radio ou en télévision.

Né à Pontivy dans le Morbihan en 1957, ce précurseur des gags par caméra cachée et des canulars téléphoniques souffrait de la maladie de Charcot, diagnostiquée il y a un an, a-t-on indiqué de même source. « Son état s’était brutalement dégradé dans les dernières 24 heures », a précisé un proche de l’humoriste en ajoutant qu’il s’était engagé dans une association réunissant des personnes atteintes de cette maladie neurodégénérative.

L’amour du malaise

Ce faux journaliste qui réalisait des micros-trottoirs improbables avait connu une belle notoriété grâce à Canal+. Dans les années 90, il était l’un des trublions de Nulle part ailleurs. « Excusez-moi, je suis non-voyant. Vous savez où je peux trouver de la drogue ? », demande-t-il, pour une caméra cachée, à… des policiers.

Entre scatologie, allusions sexuelles à peine voilées et moqueries grossières de personnes qui ne lui avaient rien demandé, certaines de ses séquences pouvaient mettre le téléspectateur mal à l’aise. Il ne s’en souciait pas, tant qu’il y en avait d’autres pour s’esclaffer. Et venir en plateau faire étalage de sa répartie, très peu pour lui : il préférait les tournages dans les rues piétonnes des villes moyennes.

Il aimait y flirter avec la vulgarité, comme le laisse penser son nom de scène, « trouvé un soir de bringue » comme il le disait à Libération en 2000. Journal auquel il confiait avoir été renvoyé du collège en mai 1968 pour avoir crié « Mort à de Gaulle ! ».

Un début de carrière dans les années 80

Il suit les cours d’une école de cinéma à Paris à partir de 1978. Mais il est refroidi par la dureté de ce milieu et il préfère le grand bazar des radios libres de 1981 : Carbone 14 d’abord, puis Radio Nova, un vivier improbable de talents. Les années 80 sont la grande époque pour lui du canular téléphonique et du sketch radiophonique de faux reporter de Radio Carotte. Europe 1 le recrutera en 1985, puis Canal. Il exercera ses talents d’improvisation dans de très nombreux médias, y compris en Suisse.

Repéré par les télévisions publiques comme privées, sa carrière était lancée. Parallèlement à la télévision et à ses spectacles, il prête ses talents de comédien à plusieurs réalisateurs, comme à Pascal Chaumeil dans L’Arnacoeur (2010) ou à Mélanie Auffret dans Roxane, sorti en 2019.

Dernièrement, il avait choisi la scène, avec le spectacle Lafesse c’est du poulet !, où il jouait avec les spectateurs. « Je ne me considère pas comme un comédien ou un comique, mais comme un déconneur professionnel, plus dans l’artisanat que dans un star-system qui ne m’intéresse pas », expliquait-il en 2020 à un magazine culturel tourangeau, PROG. « Un peu dans l’esprit de la commedia dell’arte et de ces comédiens qui arrivaient dans un village, s’installaient sur la place et embarquaient le public dans leur farce. »

Une mort à Vannes

Le confinement semblait avoir encore renforcé sa popularité. Interrogé en mai 2020 par France 3 Bretagne, il déclarait : « J’ai joué mon rôle [depuis le début du confinement]. Celui de déconneur professionnel. J’ai mis régulièrement en ligne des petites vidéos humoristiques sur ma page Facebook. Je suis passé de 180.000 à 300.000 abonnés durant le confinement. La preuve que le rire reste indispensable en toutes circonstances. »

Jean-Yves Lafesse était revenu vivre en Bretagne, à Vannes, il y a deux ans. « J’ai passé 43 ans à Paris mais la Bretagne me manquait. Ma relation avec la région est naturelle et très forte », avait-il dit.

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