VACCINATIONQui devra recevoir une troisième dose de vaccin contre le Covid-19 ?

Vaccination en France : Une troisième dose, pour qui et quand ?

VACCINATIONEmmanuel Macron a assuré qu’une campagne de rappel pour certains Français serait lancée en septembre
Illustration d'un centre de vaccination, ici à Cannes.
Illustration d'un centre de vaccination, ici à Cannes. - SYSPEO/SIPA / Pixpalace
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Début août, sur Instagram, Emmanuel Macron a confirmé que certains Français fragiles devraient recevoir un rappel du vaccin contre le Covid-19.
  • Si la Haute Autorité de santé doit rendre un avis dans les prochaines semaines, la DGS a précisé à 20 Minutes qui sont les Français visés par cette campagne de vaccination.
  • Est-ce que toute la population devra faire un rappel et à quelle échéance ? Pour le moment, ce n’est pas le choix de la France.

Il l’avait annoncé dans son allocution télévisée du 12 juillet, Emmanuel Macron l’a confirmé dans une vidéo sur Instagram le 5 août. Dès la rentrée, une partie des Français devront à nouveau se faire injecter une dose de vaccin contre le Covid-19. « Nous nous préparons, comme les autres pays européens, à faire cette troisième dose pour les personnes qui sont les plus âgées et les plus fragiles », a assuré le chef de l’Etat. Mais pour qui et comment ? 20 Minutes fait le tour de ce que l’on sait pour le moment.

Pourquoi une troisième dose ?

Les autorités préfèrent parler de « rappel ». Car pour certains Français, il s’agira en effet d’une troisième dose. Mais les personnes qui n’ont reçu qu’une dose, car elles ont été infectées par le coronavirus, auront une deuxième injection. Quant aux personnes immunodéprimées, il leur est déjà recommandé depuis le 5 mai de bénéficier d’une troisième dose, on parlera alors d’une quatrième dose. On compte aujourd’hui 100.000 personnes immunodéprimées qui ont déjà reçu une 3e dose de vaccin. Ces vaccins sont en revanche les mêmes que ceux injectés depuis des mois en France. Précision importante : cela ne posera pas de problème qu’une personne vaccinée avec du Pfizer reçoive du Moderna et vice-versa.

Mais revenons sur les raisons d’un rappel si rapide. Des études montrent une baisse du niveau d’anticorps six mois après la deuxième injection plus rapide chez les personnes les plus âgées. Une étude récente, réalisée à Nancy par le professeur Athanase Bénétos, sur 700 résidents et salariés d’Ehpad, confirme l’intérêt d’un rappel. Ce professeur de gériatrie explique à France bleu : « pour les personnes âgées qui ont eu la Covid, il faut deux doses. Pour ceux qui n’ont pas eu la Covid, comme la réponse est positive mais qu’elle baisse avec le temps, une troisième dose nous paraît nécessaire. »

Contactée, la Direction générale de la santé, semble plus prudente. « Nous n’avons pas, à ce stade, d’avis scientifique entièrement stabilisé concernant la nécessité ou non de proposer une dose de rappel à l’ensemble de la population, ni même concernant les différentes catégories de population qui pourraient faire l’objet d’une campagne de rappel. Nous avons néanmoins, en France, un consensus qui se forme avec des avis convergents de la HAS, du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (présidée par Alain Fischer) et du Conseil scientifique autour de l’idée qu’une campagne de rappel sera très bientôt nécessaire pour un certain nombre de populations pour lesquelles nous avons déjà identifié un phénomène d’affaiblissement de l’immunité conférée par le vaccin dès neuf mois après la première injection. » Or, les plus de 80 ans ont commencé à être vaccinés dès janvier, soit il y a neuf mois en septembre.

Qui devra avoir un rappel ?

Toujours selon la DGS, les populations ciblées à ce stade, et sous réserve d’un avis favorable de l’Agence européenne des médicaments, sont les résidents des Ehpad et USLD (unité de soins de longue durée), les personnes âgées de plus de 80 ans à domicile, les personnes souffrant de pathologies à très haut risque de formes graves et les personnes immunodéprimées. En tout, cela devrait concerner autour de 5 millions de Français.

La Haute Autorité de Santé doit rendre un avis, normalement le 23 août, pour voir s’il serait pertinent de rajouter d’autres groupes : les plus de 65 ans (comme certains pays le font), des patients atteints par d’autres pathologies… Mais « il est possible qu’elle n’ait pas les données scientifiques pour répondre à cette date », prévient la DGS. La HAS nous a confirmé qu’elle attendait de plus amples études avant de se prononcer.

A partir de quand ?

La DGS précise que cette nouvelle campagne se calquera sur la première. « Pour les Ehpad et les USLD, le vaccin sera apporté dans les établissements pour que les résidents puissent se faire vacciner sur place, par les équipes médicales qui les suivent quotidiennement. Aussi, la commande de vaccins se fera via les officines dès la fin du mois d’août, pour des premières injections possibles mi-septembre. L’acheminement des doses vers les Ehpad et USLD se fera via le circuit de droit commun des grossistes-répartiteurs avec le vaccin Pfizer. »

Quant aux personnes âgées à domicile ou atteintes de pathologies graves, elles pourront prendre rendez-vous dans des centres de vaccination ou chez leur médecin dès le début du mois de septembre, pour des premières injections à la mi-septembre.

Et pour leur pass sanitaire ? » Une personne éligible à une dose de rappel conservera un pass valide avec marqué 2/2. Si la personne fait une troisième dose, elle aura un nouveau pass sur lequel il sera noté 3/3, mais l’ancien restera valable », explique la DGS.

Est-ce qu’il y aura des doses pour tous ?

Alors que seulement un jeune sur deux entre 12 et 17 ans est vacciné aujourd’hui, est-ce que déployer des doses à nouveau pour les plus âgés est le meilleur calcul ? N’est-ce pas priver une partie de la jeunesse d’un précieux sésame, pour reprendre la route du lycée ou de l’université sans craindre d’être contaminé ? Aucune inquiétude, répond la DGS, lors d’un brief ce mardi. « Nous avons sur le dernier trimestre assez de doses pour réaliser les 2e injections, on espère des primo-injections, une campagne de vaccination en milieu scolaire et des rappels, assure l’instance qui pilote la gestion du Covid-19 en France. Y compris si ces rappels concernaient plus que 5 millions de Français. »

Comment font les autres pays ?

La France n’est pas le seul pays à prendre cette voie. Israël, pionnier sur la vaccination et premier à avoir vacciner ses habitants, a lancé une campagne de rappel pour tous les plus de 60 ans en juillet. Et le 12 août, elle a abaissé l’âge limite à 50 ans.

De son côté, les Etats-Unis sont plus restrictifs. Ils ont autorisé le 13 août l’injection d’une troisième dose de vaccin de Pfizer ou Moderna contre le Covid-19 pour certaines personnes au système immunitaire affaibli. L’Agence américaine des médicaments (FDA) « a pleinement conscience du fait que les personnes immunodéprimées sont particulièrement à risque de contracter une maladie grave », a expliqué Janet Woodcock, sa commissaire par intérim. La troisième dose pourra être donnée au moins 28 jours après la deuxième, aux personnes ayant reçu une greffe d’organe ou celles présentant « un niveau d’immunodépression similaire », a précisé l’agence dans un communiqué.

En revanche, les personnes en bonne santé « n’ont pas besoin d’une dose supplémentaire de vaccin anti-Covid à ce jour », a-t-elle précisé. Car les laboratoires font du lobbying pour que toute la population reçoive ce rappel… Une prochaine étape pour la France ? C’est ce que redoute l’Organisation Mondiale de la Santé, qui plaide au contraire pour un moratoire sur les doses de rappel des vaccins anti-Covid​ pour pouvoir mettre ces sérums à disposition des pays qui n’ont pu immuniser qu’une partie infime de leur population.