FAKE OFFNon, une étude ne conclut pas à 82% de fausses couches après la vaccination

Vaccination : Une étude conclut à « 82 % de fausses couches après l'injection » ? C'est faux

FAKE OFFDe nombreuses publications s'appuient sur une étude américaine pour faire croire à un taux de fausses couches anormalement élevé chez les femmes enceintes vaccinées. Le calcul est biaisé
Une femme enceinte se fait vacciner contre le Covid-19, le 9 juin 2021 (Illustration)
Une femme enceinte se fait vacciner contre le Covid-19, le 9 juin 2021 (Illustration) - Matilde Campodonico/AP/SIPA / Pixpalace
Tom Hollmann

Tom Hollmann

L'essentiel

  • Plusieurs lecteurs de 20 Minutes ont demandé à la rubrique « Fake Off » de vérifier les résultats d’une étude portant sur les risques de fausses couches chez les femmes enceintes vaccinées, et leur interprétation par des comptes antivax.
  • D’après ces comptes, 82 % des personnes vaccinées avant le troisième trimestre de grossesse auraient fait une fausse couche.
  • Une statistique « dénuée de sens », qui ne correspond en rien aux résultats de l’étude. On vous explique.

Une étude scientifique aurait-elle fait état d’un nombre anormalement élevé de fausses couches chez des femmes enceintes vaccinées contre le Covid-19 ? Plusieurs lecteurs de 20 Minutes ont demandé à la rubrique « Fake Off » de vérifier les résultats d’une étude publiée dans la prestigieuse revue américaine New England Journal of Medicine en avril dernier, et leur interprétation par des comptes antivax.

Largement reprise en France et à l’étranger, cette étude intitulée « Recherches préliminaires sur la sécurité des vaccins à ARNm contre le Covid-19 pour les personnes enceintes » a fait l’objet de publications alarmantes sur les réseaux sociaux, le plus souvent du fait de comptes propagateurs de fausses informations. Selon ces derniers, l’impact de la vaccination sur la grossesse serait terrible, puisque « 82 % des femmes enceintes de moins de 20 semaines ont fait une fausse couche » après l’injection du vaccin.

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Une statistique largement surestimée, qui ne correspond pas aux conclusions de l’étude du New England Journal of Medicine. On vous explique pourquoi.

FAKE OFF

Cet article scientifique, rédigé par des membres des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains et révisé par des pairs, s’appuie sur un échantillon de 3.958 personnes enceintes au moment de leur vaccination et qui ont été recontactées environ trois mois plus tard par les CDC, principal organisme fédéral américain chargé de la santé publique. Parmi elles, 712 ont donné naissance à des nourrissons en bonne santé, 104 ont fait fausses couches, une a donné naissance à un enfant mort-né, et 10 cas d’avortement et de grossesses extra-utérines ont été rapportés. Le reste des participants, soit 3.100 personnes, étaient encore enceintes ou n’avaient pas recontacté les auteurs au moment de la publication de l’article.

L’étude conclut ainsi que 12,6 % des 827 grossesses terminées l’ont été en raison d’une fausse couche, un résultat comparable au taux moyen de fausses couches, estimé aux alentours de 15 %. Les auteurs soulignent que leurs « résultats préliminaires ne montrent pas de signaux d’alarme manifestes parmi les personnes enceintes ayant reçu des vaccins anti-Covid à ARN messager », tout en appelant à poursuivre les travaux pour affiner les résultats.

Une statistique volontairement biaisée et « dénuée de sens »

D’où vient ce chiffre de 82 % de fausses couches avancés par les comptes antivax dans leurs publications sur les réseaux sociaux ? Pour l’obtenir, ces derniers ont exclu les personnes enceintes vaccinées lors de leur troisième trimestre de grossesse, une période où le développement du fœtus est avancé, et durant laquelle le risque de fausse couche est donc moins commun. Sur 827 grossesses, ils en ont ainsi exclu 700, ne gardant que 127 grossesses pour obtenir un taux de fausses couches de 82 %.

Or, comme l’a fait remarquer sur Twitter Victoria Male, professeure en immunologie reproductive associée à l’Imperial College de Londres, cette statistique est « dénuée de sens », puisqu’elle ne fait que confirmer que le seul moyen d’arriver au terme d’une grossesse en trois mois à partir du premier trimestre est de faire une fausse couche. Et d’ajouter : « Et vraisemblablement, la seule raison pour laquelle ce taux n’est pas de 100 % est que certaines personnes vaccinées à la fin du second trimestre ont terminé leur grossesse dans les 3 mois en accouchant. »

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En calculant (approximativement) le nombre de fausses couches survenues au premier et au second trimestre à partir des données de l’étude, la scientifique est parvenue à un taux de 8,5 % au premier trimestre et de 0,5 % au second. Des chiffres toujours inférieurs au taux moyen de fausses couches survenant lors d’une grossesse.

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