FOOTBALLLe PSG a-t-il encore le droit de ne pas gagner la Ligue des champions ?

Bruges-PSG : Les Parisiens ont-ils le droit de ne pas gagner la Ligue des champions cette saison ?

FOOTBALLAvec l'apport de Messi, notamment, le club parisien espère enfin cette saison accéder à son objectif ultime
Messi, Neymar et Mbappé, pour amener le PSG à la victoire en Ligue des champions?
Messi, Neymar et Mbappé, pour amener le PSG à la victoire en Ligue des champions? - SIPA / Montage 20 Minutes / SIPA
Nicolas Camus (avec J.L.)

Nicolas Camus (avec J.L.)

L'essentiel

  • Le PSG se déplace à Bruges, mercredi, pour son premier match dans cette nouvelle saison de Ligue des champions.
  • Après un mercato spectaculaire, ponctué par l’arrivée de Lionel Messi, le club parisien est plus armé que jamais pour remporter un trophée après lequel il court depuis l’arrivée des Qataris à sa tête.
  • Il devra faire en tout cas avec la pression de toute l’Europe, qui scrutera le moindre faux pas du trio de l’espace Messi-Neymar-Mbappé.

Ce n’est plus une pancarte, c’est une affiche 4 par 3, aussi discrète qu’un Nasser qui assure que le fair-play financier existe toujours avant de refuser 200 millions pour Mbappé à un an de la fin de son contrat. Le PSG entame sa saison de Ligue des champions ce mercredi soir à Bruges, escorté du statut de grand favori de la compétition, ou tout du moins de celui d’équipe que tout le monde va vouloir se farcir. C’est qu’on ne trimballe pas une triplette Messi-Neymar-Mbappé sans risquer un petit contrôle à la douane. « S’ils sont en forme, ce sont des joueurs que vous ne pouvez tout simplement pas arrêter », disait en début de semaine l’ancien défenseur de City Joleon Lescott dans la presse anglaise.

L’Europe entière attend le faux pas

Paris s’est donné cet été les moyens de décrocher ce à quoi il aspire depuis maintenant 10 ans, mais s’est en même temps posé tout seul une sorte d’ultimatum. S’ils ne remportent pas la C1 cette saison, avec l’expérience d’une finale et d’une demie ces deux dernières saisons et avec les renforts de Messi, Ramos, Hakimi, Donnarumma, Wijnaldum et Nuno Mendes, la déception serait à la hauteur des espoirs suscités par ce fol été. Immense.

« La pression est plus importante maintenant, avec l’arrivée de Leo. C’est clair que la Ligue des champions est l’objectif principal, encore plus qu’avant », observait Angel Di Maria lors d’un entretien à ESPN, le mois dernier. La star argentine elle-même a fait part de son ambition européenne dès sa présentation. « Le PSG était très près de la gagner. Mon rêve est de la remporter une cinquième fois », a fait savoir Messi à peine le pied posé à Paris.

Obsédés par ce trophée ultime, les Parisiens savent que l’Europe entière attend de se payer leur tronche. Le club ne s’est pas fait que des amis en Europe avec ces signatures XXL, perçues comme une distorsion de concurrence dans une économie qui n’avait déjà plus grand-chose de rationnelle et équilibrée. « Beaucoup de gens veulent nous voir échouer », sait l’entraîneur Mauricio Pochettino, interrogé par Canal avant le début du bal. On imagine d’ici Javier Tebas, patron frustré de la Liga, organiser des soirées tapas à la maison avec les dirigeants allemands, prêts à sabler le champagne dès que l’ennemi public numéro 1 passera par la fenêtre.

Peut-être un peu too much. En tout cas, l’animosité de Tebas n’est pas représentative de ce qu’il se dit en Espagne. « Il ne faut pas surestimer une haine anti-PSG, nous assure David Alvarez, qui couvre le Real Madrid pour El Pais. Il y a beaucoup de fans de Messi qui aimeraient bien le voir gagner une nouvelle Ligue des champions avant la retraite, par exemple. En Espagne, on voit beaucoup d’enfants avec le maillot du PSG floqué de son nom. »

Des joueurs incroyables, pour une équipe incroyable ?

Les fans de foot, et encore heureux, restent intéressés par le parcours de leurs clubs avant toute chose. « De manière générale, tant que le Real ou le Barça seront en lice, le PSG sera tranquille, reprend notre confrère. Mais après, quand arriveront les tours à élimination directe, je suppose qu’il y aura une certaine aversion à voir le PSG gagner. »

Dommage pour eux, parce que gagner ne semble plus un objectif mais une obligation pour les Parisiens. « Non, il n’y a pas d’obligation, coupe l’ancien milieu Vincent Guérin. Ce serait trop facile. Rien n’est jamais gagné d’avance. On peut aligner la meilleure équipe, ça n’empêche pas de passer au travers un soir. L’effectif est incroyable, l’ambition est là, depuis plusieurs années, mais le PSG n’est pas seul au monde. Manchester United s’est énormément étoffé, il y a toujours City, Chelsea, le Bayern. Les Espagnols sont un peu dans le creux, peut-être, après avoir perdu leurs stars, mais ils restent des géants. »

En réalité, tout dépendra de la manière dont ça se goupille sur le terrain pour Paris. Messi, Neymar et Mbappé, pour ne parler que du plus clinquant, vont devoir apprendre à évoluer ensemble. « Je vois ça comme un beau défi pour nous de jouer en équipe, qui doit utiliser tout le talent qu’elle est censée avoir », disait encore Pochettino dans le reportage. « On a des joueurs incroyables, mais on doit devenir une équipe incroyable, prolongeait Georgino Wijnaldum dans L’Equipe, mardi. Quand on l’a gagnée avec Liverpool [en 2019], on avait affronté le PSG et le Barça, et ils avaient de très belles équipes. Mais on avait un collectif supérieur et c’est ce qui a fait la différence. »

Les trois fantastiques à l'entraînement à la veille de la rentrée des classes en C1.
Les trois fantastiques à l'entraînement à la veille de la rentrée des classes en C1.  - JOHN THYS / AFP

C’est également l’avis de Ronaldo, bien placé pour parler amoncellement de stars offensives et échecs européens. « J’ai joué au Real Madrid pendant cinq saisons, dans l’équipe des Galactiques et je n’ai jamais gagné la Ligue des champions. Gagner n’est jamais mathématique, cela vaut aussi pour le PSG, expose le Brésilien dans une série qui lui est consacrée sur DAZN. Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. »

Un ADN en train de muter ?

Parmi eux, un aspect pas vraiment palpable, qui revient surtout dans les grandes discussions post-défaites traumatisantes : le fameux « ADN du club ». Certains, à l’étranger, auraient la propriété de la molécule de la gagne. Le PSG pourrait toujours se brosser, lui, avec sa remontada et son élimination à la maison par les U19 de ManU dans les bagages.

La finale de 2020, comme les éliminations de Barcelone et du Bayern la saison dernière, ont quand même esquissé l’idée qu’il n’y avait pas de fatalité. Ne reste plus qu’à faire feu. « Je ne vais pas venir ici et dire que le PSG est la meilleure équipe du monde, ni celle à battre, a fait savoir Marquinhos ce mardi en conférence de presse. Nous on est là pour se battre sur le terrain. Tu ne vas pas gagner un match juste avec des noms. » Paraît que ça aide, quand même.