VOUS TEMOIGNEZDes parents d’enfant nés en 2010 témoignent d’une rentrée parfois bousculée

#Anti2010 : Des parents témoignent d’insultes, de brimades voire d’agressions... qui restent limitées

VOUS TEMOIGNEZ« 20 Minutes » a demandé à ses lecteurs et lectrices, parents d’enfants nés en 2010, de parler du phénomène « #Anti2010 » apparu sur les réseaux sociaux et présents dans des collèges
Dans un collège de Bordeaux. (illustration)
Dans un collège de Bordeaux. (illustration) - UGO AMEZ/SIPA / SIPA
Rachel Garrat-Valcarcel

R. G.-V.

L'essentiel

  • Sur les réseaux sociaux et dans les cours de récréations, la rentrée semble compliquée pour des élèves nés en 2010.
  • Ces jeunes ados semblent stigmatisés par leurs aînés et font face à des brimades, des insultes, parfois des agressions.
  • Le phénomène ne semble ni massif si systématique mais inquiète certains parents d’enfants victimes.

La rentrée scolaire, qui plus est à « l’école des grands », c’est l’angoisse. Pour les nouveaux et nouvelles élèves, en premier lieu. Pour les parents aussi. Cette année, la rentrée des nouveaux et nouvelles 6e semble plus dure qu’à l’accoutumée : la faute à une stigmatisation des enfants nés en 2010, via notamment le hashtag #Anti2010. Plusieurs parents ont répondu à l’appel à témoignage que nous avons lancé ce vendredi matin et font état d’insultes et parfois d’agressions de leurs enfants.

Ce « phénomène » est à relativiser : une trentaine de personnes ont répondu à notre appel. Rien n’indique qu’il s’agisse d’un harcèlement massif, ni qu’il soit forcément très différent du bizutage « habituel » – bien qu’inacceptable – pour les « petits » et « petites » du collège. Il n’est en tout cas pas systématique puisque Delphine nous indique que « pour le moment, il ne semble pas y avoir de problème ». Au collège de sa fille, ils « ne semblaient pas au courant ». En tout cas, elle a demandé à sa néocollégienne de fille de venir lui parler en cas de problème.

Des parents en alerte

Audrey note que sa fille ne subit « aucun harcèlement pour le moment mais quelques-unes de ses amies oui dans la cour de récréation ». Elle espère que sa région, loin d’un grand centre urbain, protégera les enfants du phénomène. Cette mère s’insurge par contre que la semaine dernière le collège de sa fille ait expliqué aux enfants harcelés que « c’était normal, pas grave et que ça allait passer ». C’est peut-être vrai mais Audrey trouve cela « aberrant, même sans le hashtag #Anti2010 ».

D’autres cas paraissent plus problématiques. Jessica a notamment « pris l’initiative d’alerter » le collège de son fils après que celui-ci a été pris en photo par des élèves plus âgés à la sortie de l’établissement. « Les photos servaient à afficher les 2010 sur TikTok », le réseau social ou, semble-t-il, le hashtag #Anti2010 est né. Il a d’ailleurs été supprimé par la plateforme ce vendredi. Toujours d’après Jessica, « le collège a été très réactif et le problème devrait être abordé en HPP [heure du professeur principal] ». En attendant, le fils de Jessica demande à ses parents de bien être à l’heure pour venir le récupérer devant le collège.

L’aide des grands frères et grandes sœurs

La fille d’Edwige a, elle, été carrément « bousculée, victime de croche-pieds et claques arbitraires par un élève plus âgé de 4e ». Le problème a semble-t-il été réglé par le CPE du collège mais il a fallu l’intervention de plus grands et plus grandes dans la cour de récréation. « Elle m’explique qu’ils les appellent les 2010, se moquent de leurs habits et leur demandent s’ils aiment les Pop-it, sur le ton de la moquerie. […] Heureusement que sa grande sœur de 4e est intervenue, appuyée par d’autres camarades pour défendre verbalement sa sœur en sommant de la laisser tranquille. »

Comme d’habitude dans les cas de harcèlement scolaire, pas évident pour les enfants de parler et de dénoncer des plus grands. « Ils ont peur des représailles », nous dit Charlène. La fille de Linda a pu dénoncer ses harceleurs en y allant à plusieurs, ça donne du courage. Pas évident non plus pour les parents de repérer le problème. « Mon fils nous a signalé plusieurs fois des problèmes, mais on ne savait pas jusqu’à quel niveau pour pouvoir dire au collège ''ras le bol qu’on embête mon fils.'' » Claire, comme bien d’autres parents, ne veut pas passer pour une mère poule. Heureusement dans son cas une surveillante, elle-même victime de harcèlement scolaire plus jeune, a pu repérer le problème.

Globalement, quand il y a des cas, les administrations des établissements scolaires semblent prendre le problème au sérieux et agissent rapidement. A moins, que certains ne se fassent justice eux-mêmes. Laetitia nous dit que son fils ne s’est pas laissé faire quand il a été molesté dans le bus scolaire. Il a appelé ses parents et « le papa a vite réglé le problème ». Ça a dû barder.