FOOTBALLLe jour où le derby a définitivement perdu le Nord

RC Lens-Losc: «C'est l'image de la région qui est touchée»...Le jour où le derby a définitivement perdu le Nord

FOOTBALLL’envahissement de terrain de supporters à la mi-temps et des échauffourées qui ont fait six blessés ont clairement gâché le derby du Nord
Des supporters lensois envahissent la pelouse de Bollaert
Des supporters lensois envahissent la pelouse de Bollaert - AFP / Pixpalace
François Launay

François Launay

L'essentiel

  • Si Lens a battu Lille pour la première fois depuis quinze ans, ce n’est pas ce qu’on retiendra forcément du 114e derby du Nord.
  • Les échauffourées à la mi-temps entre supporters des deux camps ont clairement gâché la fête et terni l’image de ce derby.

C’est vrai, on aurait préféré vous parler du premier succès (mérité) du RC Lens depuis quinze ans dans un derby du Nord. On aurait pu aussi se demander jusque quand Jocelyn Gourvennec restera entraîneur du Losc au vu du début de saison catastrophique du champion de France. Mais ce qu’on a vu à la mi-temps du derby du Nord a tout cassé et ne nous donne pas vraiment envie de parler de sport.

Trois semaines après les incidents déjà graves de Nice-Marseille, six spectateurs du derby ont fini le match à l’hôpital, blessés par des échauffourées à la mi-temps entre supporters lillois et lensois. Pourtant, jusque-là tout s’était plutôt bien passé avec un avant-match sans débordements à l’exception du dispositif intrusion mis en place dans le parcage visiteurs qui a cédé accidentellement et emmené un supporter lillois à l’hôpital.

Des incidents qui ont démarré du côté du parcage lillois

Au coup d’envoi, le tifo « Lillois Merda » déployé sur toute la tribune Marek donnait le ton. Mais on pensait alors que tout cela ne resterait qu’un chambrage, certes de mauvais goût, entre supporters des deux camps.

Et puis, après 45 minutes emballantes en tribunes (beaucoup moins sur le terrain), la bêtise a explosé. Les joueurs venaient de rentrer aux vestiaires quand le parcage visiteur composé de 1.200 supporters lillois a commencé à s’agiter juste à côté d’une partie de la tribune Trannin où étaient installés des supporters des Sang et Or. Difficile de dire qui a démarré les hostilités car, selon le camp d’où on se place, chacun donne sa version des faits.

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« C’est l’image de la région qui est touchée par ce qui s’est passé »

« Les Lillois ont cassé les sièges et les barres de fer. Le tout a été balancé massivement sur la tribune d’à côté. Nous avons eu trois blessés côté lensois, dont un assez gravement », explique un supporter lensois. « J’ai surtout entendu des insultes et un ado de chez nous a reçu un objet. Heureusement qu’il y avait les grilles et la sécurité (pour nous protéger », lâche de son côté un supporter lillois présent dans le parcage.

De son côté, Jean-François Raffy, sous-préfet de Lens, détaille la chronologie des faits..«Au moment de la mi-temps, des supporters lillois ont voulu passer au-dessus des grilles pour s’affronter avec des Lensois dans la tribune voisine, les CRS sont intervenus tout de suite», a-t-il précisé à l'AFP.

Problème, quand les supporters de la tribune Marek, là où se situe le kop, ont vu que ça chauffait, une centaine n’a pas hésité à envahir la pelouse pour foncer vers le parcage et essayer d’en découdre. Repoussés par les forces de l’ordre, ils n’ont pas pu atteindre leur but sous les yeux d’un stade abasourdi par tant de bêtise. « C’est l’image de la région qui est touchée par ce qui s’est passé », a déploré Arnaud Pouille, le directeur général du RC Lens.

Les joueurs n’ont rien vu

Revenus aux vestiaires avant que les choses dégénèrent, les joueurs des deux équipes n’ont rien vu. « On nous a dit qu’il y avait eu quelques incidents entre supporters et que des forces de l’ordre intervenaient. On est allé en salle pour se repréparer », raconte Jean-Louis Leca, le gardien lensois.

Pendant ce temps-là, une cellule de crise se met sur place entre les délégués de la Ligue, le sous-préfet et les dirigeants des deux clubs. La question de la poursuite du match se pose alors au vu des événements. Mais très vite, le maintien de la rencontre est privilégié. « Quand les conditions de préservation de la sécurité des acteurs du jeu ont été réunies, on a pu reprendre », explique Arnaud Pouille.

Le RC Lens redoute des sanctions

Après une interruption de quarante minutes, le jeu reprend avec des CRS appelés en renfort pour se poster devant les tribunes Trannin et Marek. La deuxième période se passe sans encombre, Lens s’impose dans un Bollaert survolté mais le cœur n’y est pas vraiment. Si les joueurs et le staff lensois, qui n’ont pas assisté aux échauffourées, ont savouré pleinement ce derby, la soupe à la grimace était plutôt de rigueur chez les dirigeants du club.

Après ces incidents, Arnaud Pouille sait que le RC Lens risque d’être sanctionné alors que le club reçoit Strasbourg mercredi pour le compte de la 7e journée de Ligue 1. « Les délégués sont en train d’écrire leur rapport. Tout le champ des possibles est ouvert ». Huis clos, perte de points, amendes, Lens risque gros dans une histoire qui a déjà conduit à deux interpellations : un supporter lillois et un supporter lensois accusés d’avoir balancé des sièges sur les CRS. Dans ces cas-là, la bêtise ne choisit pas son camp.