EPIDEMIEAvec 50 millions de primo-vaccinés, la France voit-elle le bout du tunnel ?

Coronavirus : Avec 50 millions de primo-vaccinés, la France voit-elle le bout du tunnel ?

EPIDEMIELe cap symbolique des 50 millions de personnes primo-vaccinées a été atteint, a annoncé vendredi Emmanuel Macron, 17 jours après l'échéance qu'il avait lui-même fixée
Illustration de la vaccination contre le Covid-19.
Illustration de la vaccination contre le Covid-19. - SYSPEO/SIPA / SIPA

L'essentiel

  • Dix-jours après l’échéance fixée par Emmanuel Macron, le cap des 50 millions de Français ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 a été atteint ce vendredi.
  • Contaminations, hospitalisations, taux de positivité… Les indicateurs épidémiologiques semblent doucement s’améliorer depuis plusieurs jours en France.
  • Jeudi, le chef de l’Etat a annoncé que le pass sanitaire pourrait bientôt être levé par endroits, si l’amélioration se poursuivait.

Avec 50 millions de Français primo-vaccinés, la France a franchi un nouveau cap, ce vendredi. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, paraît-il, les indicateurs épidémiques semblent s’améliorer ces derniers jours, si bien qu'Emmanuel Macron envisage même de lever le pass sanitaire dans certains endroits.

Vaccination massive, chute des contaminations, baisse du nombre de patients en réanimation… La situation sanitaire est (presque) au beau fixe. Un an et demi après le début de l’épidémie de coronavirus, la France serait-elle en train de voir le bout du tunnel ?

Plusieurs millions de Français non-vaccinés

C’est la bonne nouvelle de la semaine. Le cap symbolique des 50 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19, que le gouvernement espérait franchir fin août, a été atteint ce vendredi, a annoncé Emmanuel Macron dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Ce chiffre s’ajoute aux plus de 47 millions de Français vaccinés entièrement au 15 septembre, soit près de 70 % de la population, selon les données du ministère de la Santé. « L’effort vaccinal a permis d’atteindre une couverture qui est très intéressante, ce niveau a un impact réel sur les conséquences de l’épidémie », se réjouit le professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, auprès de 20 Minutes.

Si les chiffres sont bons, il reste de nombreux Français non-vaccinés, met en garde Catherine Hill, épidémiologiste à l’institut Gustave Roussy de Villejuif, interrogée également par 20 Minutes. « Certes, on a vacciné entièrement plus de 47 millions de personnes, mais huit millions de Français de plus de 12 ans, eux, ne sont pas encore vaccinés, en plus des neuf millions de moins de 12 ans. Il reste beaucoup de gens susceptibles d’attraper le coronavirus, d’être hospitalisés ou d’aller en réanimation », alerte l’experte, qui estime que la France « n’est pas sortie de l’auberge ».

Des indicateurs à prendre avec précaution

Pourtant, fin août, c’est le Premier ministre, lui-même, avait déclaré que la France était sur « le bon chemin » d’un retour à la « vie normale ». Jean Castex serait-il trop optimiste ? Selon les données de Santé Publique France, la situation sanitaire semble doucement s’améliorer dans l’Hexagone. Vendredi, le nombre de personnes hospitalisées malades du Covid-19, a poursuivi sa décrue, avec 9.070 patients, contre 9.297 jeudi. Même chose du côté des services de réanimation, qui comptaient 1.891 patients atteints du Covid-19 vendredi, contre 1.952 la veille. Le taux de positivité, qui s’élève à 1,7 %, est au plus bas depuis la mi-juillet.

Pour le professeur Djillali Annane, les indicateurs épidémiologiques vont dans le bon sens : « La situation s’améliore. On peut même dire qu’on n’aura jamais été aussi près du bout du tunnel. On a maintenant la confirmation que la vaccination a un impact positif très fort, ça n’a pas empêché la quatrième vague, mais ça a permis d’atténuer considérablement son impact, notamment sur le système hospitalier », estime le chef de réanimation. Pour Catherine Hill, il ne suffit pas de regarder les dernières données, mais plutôt celles des derniers mois. « On est effectivement passé de 905 hospitalisations en moyenne sur sept jours en août à 391 cette semaine, mais, si on regarde les données de début juillet, lors du creux épidémique, on comptabilisait 109 personnes hospitalisées en moyenne sur sept jours », détaille la spécialiste qui martèle : « Oui, ça a baissé, ça va mieux, mais ce n’est pas parfait, nous ne sommes pas encore sortis d’affaires ».

Prudence sur le pass sanitaire

Mais pour le chef de l’Etat, les indicateurs sont assez bons pour envisager de lever le pass sanitaire par endroits. « Dès que les conditions sanitaires le permettront et, à mon avis, quand je vois les chiffres, ça ne va pas venir si tard », on pourra se « permettre sur les territoires où le virus circule moins vite de lever certaines contraintes et de revivre normalement », a déclaré Emmanuel Macron, ce jeudi. Et son ministre de la Santé, Olivier Véran, en a remis une couche. Affirmant que la situation de l’épidémie de Covid-19 en France s’était « considérablement améliorée », le neurologue a indiqué que si « cette dynamique » se poursuivait, « nous pourrons commencer à envisager d’alléger certaines mesures ».

Pour Catherine Hill, la levée du pass sanitaire « dans certains endroits et pas dans d’autres, ça va encourager le brassage de population et favoriser les contaminations », explique l’épidémiologiste, qui estime que ce serait une décision « prématurée » et « déraisonnable ». Le professeur Djillali Annane, lui, appelle à ne pas se précipiter pour lever « les mécanismes qui permettent de contrôler la circulation du virus, comme le pass sanitaire ». « Le moment doit être bien choisi, la décision devra être prise quand la probabilité d’avoir un regain épidémique est suffisamment faible », plaide le médecin-chef réanimateur.

Un regain à l’automne ?

Car avec l’arrivée de l’hiver et des températures plus froides, propices aux virus saisonniers, les spécialistes mettent en garde sur un possible regain épidémique dès l’automne. « Rien n’exclut qu’il n’y ait pas une recrudescence épidémique cet hiver, qui pourrait être liée au variant Delta, à l’émergence de nouveaux variants, mais aussi à une grippe saisonnière particulièrement forte », poursuit le professeur. « En revanche, contrairement aux vagues précédentes, la quatrième vague n’entraîne pas une surtension hospitalière, comme on aurait pu le craindre, grâce à la couverture vaccinale. On sait maintenant qu’on est en mesure d’encaisser une quatrième vague sans trop en souffrir, sans déborder les hôpitaux », rassure Djillali Annane.

Si la situation s’améliore doucement en France, la pandémie est loin d’être finie : « On a jamais été aussi proche du bout du tuunel, mais il est fondamental que chacun comprenne que ce n’est pas la fin de la pandémie, la circulation dans certains pays est tellement élevée que la probabilité de l’arrivée de nouveaux variants ou de nouvelles vagues est importante », reconnaît le professeur. Il faudra visiblement patienter encore un peu pour retrouver le monde d’avant, sans masque et sans pass sanitaire.