SCANDALEEnfant ramené chez lui pour une dette de cantine, la maire girondine assume

Gironde : Enfant ramené chez lui par un policier pour une dette de cantine, des conditions « honorables et douces » pour la maire

SCANDALEMireille Conte Jaubert, maire de Saint-Médard-de-Guizières, ne regrette rien de sa décision de faire intervenir un policier municipal pour un impayé de cantine
La mère de l'enfant exclu de la cantine a une dette de 800 euros qui remonte à 2019.
La mère de l'enfant exclu de la cantine a une dette de 800 euros qui remonte à 2019.  - SYSPEO/SIPA / SIPA
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Jeudi, un enfant scolarisé dans un village girondin a été escorté chez lui par un policier municipal pour une dette de cantine.
  • La maire de la commune réagit en expliquant qu’aucune solution n’a pu être trouvée avec la mère de l’enfant.
  • La défenseure des droits s’est « saisie d’office » afin d’enquêter sur la situation.

Jeudi, un enfant de 7 ans scolarisé dans le village de Saint-Médard-de-Guizières, en Gironde, a été raccompagné chez lui par un policier municipal en raison d’une dette de cantine de 800 euros qui court depuis 2019. L’affaire a fait grand bruit et dès ce lundi, la défenseure des droits s’est « saisie d’office » afin d’enquêter sur la situation. « Les enfants doivent être laissés à l’écart des conflits entre leurs parents et l’administration », a rappelé, Claire Hédon, dans un communiqué.

Contactée par 20 Minutes, Mireille Conte Jaubert, la maire de la petite commune reste droite dans ses bottes : « Je ne regrette rien parce que les conditions dans lesquelles cet enfant a été récupéré sont plus qu’honorables et douces. On lui a dit que sa maman avait oublié de lui dire qu’il ne mangeait pas à la cantine et que comme elle connaissait le policier municipal, elle lui avait demandé de venir le récupérer. » Elle va jusqu’à assurer que certains de ses camarades l’ont trouvé chanceux de monter dans la voiture de police. « Cet enfant n’a pas été traumatisé que ce soit le policier municipal qui le ramène, il est traumatisé par tout le battage que sa mère a généré autour de cette histoire », estime l’élue, persuadée d’avoir opté pour la solution « la moins pénalisante pour l’enfant ».

« Pas de solution pour lui faire entendre raison »

La maire estime avoir été suffisamment patiente. « J’ai fait une note avant la rentrée des classes, pour dire que si les dettes de cantine n’étaient pas régularisées, je ne pourrai pas accepter les enfants. La majorité des parents ont cherché et trouvé une solution pour régulariser leur dette. Sauf elle, qui s’est montrée agressive et assez menaçante à mon égard en me disant que si je ne gardais pas son enfant à la cantine, elle ne paierait pas sa dette. Il n’y avait pas vraiment de solution pour lui faire entendre raison. » La mairie l’aurait sollicitée pour trouver un échéancier éventuel, en lien avec le Trésor public qui prend le relais sur ce type de dossier, mais en vain.

L’élue ne cache pas sa colère, devant le soutien que la mère de famille a obtenu auprès d’autres parents d’élèves. « Elle est en train de créer un précédent puisque j’ai des parents qui ne veulent plus payer la cantine compte tenu de ce qu’elle a fait. Un élan de solidarité s’est créé autour d’elle. Je passe pour la vilaine en ce moment mais j’assume complètement et cela ne me pose aucun cas de conscience. » Pour l’instant la maman ne met plus son enfant à la cantine.

Le budget restauration scolaire de cette petite commune pèse pour environ 50.000 euros par an, sur un budget de fonctionnement de 2 millions d’euros. Elle pratique une tarification unique avec un repas à 2,30 euros à base de produits bio « sachant que ça nous coûte beaucoup plus cher », souligne la maire.

« Les enfants n’y sont pour rien »

Selon l’enquête sur la restauration scolaire menée par l’association des maires de France en 2020, près d’une commune sur deux (49 %) rencontre des difficultés d’impayés mais 44 % de manière modérée. « Même quand on est face à des impayés, ce n’est pas aux enfants de subir ces situations car ils n’y sont pour rien, estime Virginie Lanlo, coprésidente du groupe de travail sur la restauration collective à l’association des maires de France [AMF], et première adjointe chargée de l’éducation à Meudon. On a des coûts mais on a la responsabilité des enfants, et il nous appartient de travailler avec la famille pour trouver une solution au lieu de l’enfoncer et de conduire à une humiliation. »

La mise en place d’une tarification en fonction des revenus, dégressive ou en fonction du taux d’effort peut permettre de limiter ces impayés. Selon l’enquête, les villes de moins de 10.000 habitants ont davantage recours à la tarification unique. Un constat qui peut s’expliquer, analyse l’étude, par « une surcharge administrative liée à la mise en place d’un barème des participations familiales, voire par le recours direct aux CCAS ou CIAS qui peuvent aussi apporter une aide aux familles en difficulté. »