INTERVIEWLa candidate du Parti animaliste veut « continuer à mettre la pression »

Présidentielle 2022 : « On est là pour continuer à mettre la pression », prévient la candidate du Parti animaliste Hélène Thouy

INTERVIEWL’avocate girondine Hélène Thouy, cofondatrice et coprésidente du Parti animaliste, a annoncé qu’elle serait candidate à la présidentielle de 2022
Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste à la présidentielle 2022
Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste à la présidentielle 2022 - Mickaël Bosredon/20Minutes / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Propos recueillis par Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Le Parti animaliste avait créé la surprise aux européennes de 2019 en réalisant un étonnant 2,2 %.
  • Fort de ce résultat, sa confondatrice Hélène Thouy a décidé de se présenter à la présidentielle de 2022.
  • Il lui faudra pour cela franchir l'étape des 500 parrainages, mais l'avocate girondine se dit « optimiste ».

Depuis les élections européennes de 2019, où le Parti animaliste avait réalisé 2,2 %, elle se sent pousser des ailes. A 38 ans, l’avocate girondine Hélène Thouy, qui gère un cabinet à Langon au sud de Bordeaux, a décidé de se porter candidate à l'élection présidentielle de 2022. 20 Minutes l’a rencontrée à Bordeaux, le temps d’un café entre deux plaidoiries pour défendre des associations de protection des animaux.

Quel sera le rôle du Parti animaliste dans cette élection, alors que certains estiment qu’il y a déjà trop de candidat(e)s ?

Le principe d’une démocratie c’est le pluralisme politique. A quel moment décide-t-on qu’il y a trop de partis ? Qui serait éligible à se présenter ? Si on suit cette logique, il ne faudrait donc conserver que les deux seuls partis capables de se qualifier pour le second tour ? Je considère qu’il y a un filtre qui est déjà très sévère, celui des 500 parrainages. Notre objectif est que la question animale devienne un enjeu majeur dans notre société. Pas le plus important, mais un des plus importants. Nous voulons démontrer que la question animale a des impacts sur la plupart des problématiques de notre société, en matière sanitaire – nous venons de le vivre avec le Covid-19, en matière de santé publique avec les risques de maladie cardiovasculaire, en matière de gaspillage et de sécurité alimentaire… Il y a aussi l’aspect environnemental, agricole.

Mais ne vaudrait-il pas mieux imposer ce sujet dans le débat public, plutôt que de présenter à l’élection un parti uniquement consacré à cette question ?

C’est bien parce qu’on a montré avec un parti dédié à cette question que le sujet pesait électoralement, que les autres formations politiques ont commencé à s’en préoccuper. On l’a clairement vu aux européennes, qui ont été un tournant, en réalisant 2,2 % sans médiatisation, sans moyen. Pour nous, ce n’est pas un fonds de commerce, on veut vraiment que tout l’échiquier politique s’en saisisse, pour obtenir de véritables avancées pour les animaux. Mais on est là pour continuer à mettre la pression.

Où en êtes-vous des parrainages ?

C’est toujours une difficulté d’obtenir les parrainages pour une petite formation politique. Mais cela avance et je suis optimiste car nous avons beaucoup de personnes qui sont mobilisées pour la collecte, et aussi parce que les maires sont conscients que la question animale préoccupe les citoyens.

Quand allez-vous présenter votre programme ?

Pour le moment nous continuons de consulter, notamment des experts, pour que notre programme soit le plus en phase avec les recommandations scientifiques. Nous le sortirons en différentes étapes, et parallèlement nos militants sont déjà sur le terrain. Tout se met en place, mais on ne fait pas tous campagne dans les mêmes conditions, même si je pense que je suspendrai mon activité professionnelle début 2022.

Et quel serait votre objectif de résultat à cette présidentielle ?

Comme pour les décisions de justice, je ne fais pas de pronostic ! Mais on pense qu’on peut faire un score bien meilleur qu’aux européennes.

Revenons sur votre parcours. Vous êtes devenue avocate pour défendre la cause animale ?

Oui. A l’époque, le droit n’avait pas du tout investi ce champ-là, il y avait très peu de dossiers et de jurisprudence et pour moi il s’agissait d’un axe à développer. Mais après quelques années d’exercice et de militantisme, je me suis heurtée plusieurs fois au côté législatif et j’ai compris que c’étaient les lois qu’il fallait changer.

Ce qui vous a conduit à l’engagement politique ?

C’est cela. Nous avons commencé à réfléchir à créer un parti en 2014, et nous l’avons lancé en 2016. Grâce aussi au travail des associations qui ont fait sauter pas mal de verrous, on a rapidement trouvé de l’écho.

Vous êtes d’ailleurs l’une des avocates de L-214, dont les actions sont parfois critiquées…

Quand on parle des « actions » de L-214, il s’agit de diffuser des vidéos de ce qu’il se passe dans les élevages et les abattoirs. Pour moi, c’est un rôle d’intérêt général et cela a clairement contribué à ce qu’un verrou saute sur la façon dont on traite les animaux, et à mettre le projecteur sur ce qu’il se passe dans ces endroits qui sont particulièrement cachés.

Vous-mêmes, comment être-vous devenue végétarienne ?

J’ai arrêté de manger des animaux à l’âge de 7 ans. C’était compliqué car je vivais à la campagne dans un petit village, mais c’est aussi précisément parce que j’étais en milieu rural au contact d’animaux que j’ai pu voir leur comportement, leur sensibilité. Cela m’a toujours choquée de voir ma grand-mère tuer des poules, et j’ai très vite fait le lien entre devoir tuer des animaux et les manger. Beaucoup d’enfants vers l’âge de 7 ans sont préoccupés par ces questions-là, et on évacue trop souvent le sujet, parce que c’est une remise en cause de l’éducation que l’on donne à nos enfants. Or, il faut les écouter, ne pas rejeter, car cela peut être vécu comme une violence par ces enfants.

Aujourd’hui, quel est l’objectif du Parti animaliste, d’interdire la consommation de viande ?

Pas du tout, cela ne fait pas partie de notre programme. On prône une diminution drastique des produits d’origine animale avec la multiplication des options végétariennes et végétaliennes dans les restaurations collectives. Même les éleveurs avec qui nous discutons énormément estiment que c’est normal de diminuer notre consommation. Nous voulons proposer des mesures en conformité avec l’acceptabilité des citoyens.