EPIDEMIEOn connaît le taux d'anticorps protecteur contre une (ré)infection Covid

Coronavirus : Quel est le seuil d'anticorps protecteur contre une (ré)infection ?

EPIDEMIELe laboratoire de virologie du CHU de Toulouse vient de publier une étude qui détermine les taux de protection contre une infection ou réinfection au SARS-CoV-2 en fonction des niveaux d’anticorps totaux
Une personne en train d'administrer une dose de vaccin anti-Covid au centre de vaccination de Toulouse.
Une personne en train d'administrer une dose de vaccin anti-Covid au centre de vaccination de Toulouse. - FRED SCHEIBER/SIPA / SIPA
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • Le laboratoire de virologie du CHU de Toulouse vient de publier une étude sur les taux d’anticorps qui permettent de protéger contre une (nouvelle) contamination après avoir infecté, vacciné ou les deux.
  • Trois niveaux se dessinent, un niveau de titre d’anticorps en dessous duquel le seuil de protection est de 12,4 % (en deça de 141), un de 90 % (entre 141 et 1.700) et un autre de 100 % (au-delà de 1.700).
  • Sur la cohorte de soignants suivie, la grande majorité des personnes infectées et vaccinées a des titres d’anticorps élevés et un taux de protection après leur première dose de 100 %.

Après avoir été infecté, vacciné ou les deux, doit-on craindre d’être (à nouveau) contaminé par le Covid-19 ? Alors que le nombre de cas est en baisse constante depuis quelques jours, la protection à long terme du vaccin interroge une partie de la population. La question d’avoir recours à une troisième dose se pose, alors que la campagne de rappel vient de débuter pour les personnes de 65 ans et plus, ainsi que celles présentant des comorbidités.

Le laboratoire de virologie du CHU de Toulouse a décidé de se pencher sur les taux d’anticorps de 8.758 de ses salariés, qu’il suit depuis la première vague de contaminations, pour déterminer quels taux d’anticorps étaient les plus protecteurs. « Nous avons deux cohortes, celles des personnes infectées et vaccinées, et celle des personnes vaccinées sans infection préalable », explique en préalable Chloé Dimeglio, biostatisticienne au sein du laboratoire qui vient de faire paraître une étude sur le sujet dans le magazine Journal of infection.

Après une sérologie, elle a pu établir les niveaux d’anticorps dans le sang qui permettent de protéger, ou pas, contre le SARS-CoV-2. « Ceux qui ont un titre d’anticorps totaux en deçà de 141 ont un taux de protection de 12,4 %. Pour ceux qui avaient un titre d’anticorps au-dessus de 1.700, il n’y avait eu aucune infection ou réinfection. Entre les deux, le taux de protection avoisine les 90 % de protection, ce qui veut dire qu’ils sont protégés à 90 % d’une infection et a fortiori d’une forme grave », détaille la chercheuse.

Les infectés non vaccinés très peu protégés

La très grande majorité des personnes infectées puis vaccinées présentait un titre d’anticorps supérieur au seuil fatidique des 1.700 un mois après leur première injection, certains atteignant même le même le chiffre de 147.000, autant dire une protection XXXL.

Un mois après leur deuxième dose, aucun des salariés vaccinés ne présentait un titre d’anticorps inférieur au seuil fatidique des 141. « Il y en a seulement quelques-uns au-dessus de 1.700 mais l’écrasante majorité se situe dans la catégorie intermédiaire », précise la bio statisticienne.

En revanche, parmi les personnes infectées mais non vaccinées, 79,3 % se retrouvaient trois mois après leur infection avec des titres d’anticorps totaux inférieur à 141, et donc à nouveau vulnérables face au virus. Or une précédente du laboratoire de virologie a démontré que les taux d’anticorps naturels des personnes infectées commençaient à décroître neuf mois après avoir été malades.

Une sérologie avant un rappel ?

« Dans cette catégorie, on retrouve aussi les immunodéprimés, notamment les personnes transplantées qui ont eu une troisième dose. Cela amène à réfléchir pour ces personnes fragiles à poursuivre le processus vaccinal ou à leur donner des anticorps monoclonaux, fabriqués spécifiquement pour traiter la maladie », avance Chloé Dimeglio.

Pour elle, le recours à la sérologie pourrait donc être à l’avenir un moyen d’adapter la stratégie vaccinale. Reste encore à déterminer l’impact à long terme des deux premières doses de vaccin sur les taux d’anticorps, car comme la protection naturelle après une infection, ceux-ci chutent au fur et à mesure que le temps passe.