INFO «20 MINUTES»Un an après la tempête Alex, les disparus vont être déclarés décédés

Tempête Alex dans les Alpes-Maritimes : Un an après, l'enquête est close et les disparus vont être déclarés décédés

INFO «20 MINUTES»Après les inondations dévastatrices qui ont fait dix morts et huit autres disparus, une première audience civile doit se tenir le 20 octobre pour établir des déclarations judiciaires de décès
Le village de Roquebillière, dans la vallée de la Vésubie, a été particulièrement touché par la tempête
Le village de Roquebillière, dans la vallée de la Vésubie, a été particulièrement touché par la tempête - Syspeo / Sipa / SIPA
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • L’enquête pour rechercher les huit disparus de la tempête Alex est désormais close et ils vont très prochainement être officiellement déclarés décédés, annonce à 20 Minutes le procureur de la République de Nice.
  • Si huit personnes sont bien portées disparues, ces déclarations judiciaires de décès concernaient que six d’entre elles, les deux autres dont la voiture a été emportée n’ayant pas été identifiées.

Une analyse ADN l’avait confirmée en janvier dernier. C’est bien la jambe de Josette Borello qui avait été retrouvée au large de Narbonne, à plus de 600 km de la vallée de la Vésubie, en novembre 2020. Cette retraitée de 84 ans emportée avec son mari par les inondations dévastatrices du 3 octobre 2020 dans les Alpes-Maritimes était la dixième et dernière victime de la tempête formellement identifiée.

Depuis, huit autres personnes étaient toujours portées disparues. Mais l’enquête est désormais close et elles vont très prochainement être officiellement déclarées décédées, annonce à 20 Minutes le procureur de la République de Nice. Une étape très attendue par les familles.

« Pour le moment, le dossier est clos »

« Il y a eu énormément de recherches, de moyens mis en œuvre, y compris de l’autre côté de la frontière, en Italie et au large de Monaco. Des amas de boue ont été sondés. Des spécialistes de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale [IRCGN] sont venus sur place. Des spéléologues sont intervenus. Des chiens aussi. Il se peut que des corps réapparaissent encore un jour ou l’autre, auquel cas de nouvelles investigations seront ouvertes. Mais pour le moment le dossier est clos. On a estimé qu’on avait fait le tour », explique Xavier Bonhomme.

Classée depuis le mois de juin, cette enquête « hors norme », compliquée par la destruction de deux cimetières dans les vallées sinistrées, avait mobilisé « des centaines de personnes sur le terrain », rappelle encore le magistrat. Elle va désormais pouvoir donner lieu à des déclarations judiciaires de décès, plus d’un an après les faits. « Comme dans le cadre d’une catastrophe aérienne, il n’y a aucune chance que ces personnes soient restées en vie, la justice peut donc statuer », précise la procureure adjointe Parvine Derivery, qui a particulièrement suivi le dossier de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes.

Deux disparus toujours non identifiés

Saisi par les familles ou dans certains cas par l’association d’aide aux victimes, le tribunal civil doit tenir une première audience en ce sens le 20 octobre. « Il est également possible que des décisions soient rendues sans audience si les parties en sont d’accord », indique Xavier Bonhomme. Et l’attente était grande de la part de certaines familles. Dans Nice-Matin, le fils des époux Borello expliquait que « sans cet acte, faire son deuil est impossible ». « Aujourd’hui, tout est bloqué, décrivait en mai Eric Borello. Le notaire ne peut pas ouvrir le dossier de succession. La Sécurité sociale, comme les assurances, réclament les certificats de décès. Mes parents continuent de percevoir leurs retraites. C’est dingue ! »

Si huit personnes sont bien portées disparues, ces déclarations judiciaires ne pourront concerner que six d’entre elles. Au moins à ce stade. « Pour les deux autres, nous n’avons aucune identité, aucune autre déclaration de disparition, ajoute Parvine Derivery. Pourtant, nous avons la certitude qu’il y a ces deux autres victimes. Nous avons enregistré énormément de témoignages autour d’une voiture emportée dans la vallée de la Roya et dans laquelle toutes les personnes interrogées ont vu un homme et une femme. »

Pour les six disparus identifiés, nées entre 1921 et 1988, les familles vont donc pouvoir obtenir un acte de décès. Le plus jeune est un pompier volontaire. Le corps de son collègue avec qui il circulait à Roquebillière lorsque la route s’est effondrée sous leur véhicule avait été découvert cinq jours après les faits. Le sien est resté introuvable.

La complexité de l’enquête avec la destruction de deux cimetières

Pour la justice, qui n’a pas eu à gérer de plaintes sur d’éventuelles responsabilités, contrairement aux inondations d’octobre 2015, ce sera la conclusion d’une enquête vraiment singulière, répète le procureur de la République. « C’est totalement hors norme déjà en raison des dégâts, de la brutalité de la catastrophe. Je pensais qu’on aurait un bilan humain beaucoup plus grand, dit-il. L’enquête est aussi hors norme à cause de la destruction de deux cimetières à Saint-Delmas de Tende et Saint-Martin-Vésubie, dont 400 corps ont été emportés. Ça a encore compliqué les choses pour l’identification des victimes de la tempête. »

« Au bout de quatre à cinq jours dans un milieu aquatique, il devient très difficile, voire impossible, de déterminer s’il s’agit du corps d’une personne décédée récemment ou s’il est question d’un décès plus ancien », explique un gendarme. Les équipes de l’IRCGN ont pu se baser sur les soins éventuellement portés aux corps enterrés, à des bracelets d’identification ou à des numéros de cercueils. Un « laboratoire mobile ADN » de la gendarmerie nationale avait également été dépêché sur place. « Mais l’ADN n’aime pas du tout l’eau de mer », explique aussi le spécialiste, et « en dernier recours, il reste l’odontologie ».

Finalement, au moins 35 restes appartenant à des corps différents issus des deux cimetières ont été retrouvés dans la vallée de Roya, 23 dans celle de la Vésubie et deux autres encore sur le littoral.