CAMPAGNEEric Zemmour, un quasi-candidat déjà en campagne sur ses « obsessions »

Présidentielle 2022 : Eric Zemmour, un quasi-candidat en campagne sur ses « obsessions »

CAMPAGNESans encore l’avouer totalement, l’ancien polémiste de CNews se prépare à être candidat à la présidentielle
Eric Zemmour salue la foule à la fin de son meeting-dédicaces
Eric Zemmour salue la foule à la fin de son meeting-dédicaces - Valery HACHE / AFP / AFP
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Eric Zemmour refuse toujours de dire s’il sera candidat ou non à la présidentielle 2022.
  • En tournée promotionnelle pour son dernier livre, le polémiste dit vouloir imposer ses thématiques en vue de 2022.
  • Autour de lui, de nombreuses personnes s’activent pour préparer sa future campagne présidentielle.

Eric Zemmour le sait très bien : on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. En maintenant l’incertitude autour de sa candidature à la présidentielle 2022, le polémiste a tout à y gagner. « Je peux faire durer ça tant que c’est mon intérêt […]. C’est moi qui choisis le moment », a-t-il martelé la semaine passée sur RTL. En attendant de sortir du bois, l’ancien éditorialiste du Figaro multiplie les sorties médiatiques pour la campagne promotionnelle de son ouvrage La France n’a pas dit son dernier mot. Il sera également face à Jean-Luc Mélenchon ce jeudi soir lors d’un débat sur BFMTV. Et même s’il assure ne pas encore avoir pris sa décision, Eric Zemmour s’attelle déjà à son autre campagne.

Ses proches préparent déjà sa candidature

L’écrivain a entamé la semaine dernière, à Toulon et à Nice, son tour du pays pour aller « à la rencontre des Français ». Il sera également au Palais des congrès de Paris, lundi 4 octobre. Avec, à chaque fois, de faux airs de meetings présidentiels. « Cette tournée de promotion du livre, qui fait un carton, est un classique pour lui, assure-t-on dans son entourage. Déjà, en 2015, certains parlaient de campagne présidentielle… La différence, cette fois-ci, c’est qu’il assume d’y réfléchir donc, autour de lui, plus de gens y pensent, et ça professionnalise le tout. »

Car si l’intéressé fait mine de n’avoir pas encore tranché, en coulisses, de petites mains s’agitent. Collage d’affiches, promotion sur les réseaux sociaux, lancement d’un site Internet, animation d’un mouvement de jeunesse, collecte de fonds et même recherche des fameux 500 parrainages pour pouvoir concourir à l’élection suprême. L’association Les Amis d’Eric Zemmour revendique déjà plus d’une centaine de promesses d’élus. « On souhaite qu’il soit candidat, et nous recevons chaque semaine de nombreux messages en ce sens, et des dons, pour l’aider à être candidat », assure le porte-parole de l’association, Antoine Diers. « Eric Zemmour crée beaucoup d’espoir, notamment à droite, car il est le seul à se lever contre le politiquement correct. »

Eric Zemmour veut imposer ses thèmes de campagne

C’est l’un des credo de l’intéressé. « Je suis là pour choquer, ça ne me dérange pas de choquer […]. Il y a une telle propagande qu’il faut une voix forte pour faire entendre la voix de la France », dit-il sur CNews. Balayant pour l’instant toute idée de programme, Eric Zemmour s’imagine investi d’une mission : sauver la France. Autour « d’obsessions » revendiquées : le déclin de la civilisation occidentale, l’islam et l’immigration.

« En 1995, Jacques Chirac a gagné sur la fracture sociale. En 2007, Nicolas Sarkozy sur l’identité nationale. Il y a des moments qu’il faut savoir épouser, comprendre les inquiétudes du peuple, les saisir et y répondre, pour remettre l’Etat en marche à la disposition des Français », sourit son ami et ex-eurodéputé souverainiste Paul-Marie Coûteaux. Eric Zemmour multiplie donc les sorties fracassantes sur ces thématiques identitaires, quitte à tordre la réalité, comme lorsqu’il défend la thèse du « grand remplacement » et assure qu’en « 2050, nous serons un pays à moitié islamique ». Pourtant les chiffres de l’institut Pew Research Center estiment que les musulmans représenteront plutôt 12 à 18 % de la population française à cette date.

Qu’importe, car pour Eric Zemmour, l’intérêt est ailleurs. Multiplier les polémiques, sur les prénoms étrangers ou le nombre de noirs en équipe de France de football, afin de dicter le rythme de la campagne. « Si j’y vais, ce n’est pas un chien dans un jeu de quilles que je veux être, c’est pour imposer mes thèmes », a prévenu sur France 2 le natif de Montreuil, déjà condamné par la justice.

« Si on a un candidat trop tiède, Zemmour va nous tuer »

La stratégie semble – pour le moment – porter ses fruits. Eric Zemmour grimpe dans les sondages, grappillant à Marine Le Pen et, surtout, au candidat de la droite. Il atteint même 11 % dans une enquête Harris Interactive publiée mardi par Challenges. Au Rassemblement national et chez Les Républicains, on ne se prive plus pour lâcher les coups. Signe que l’on s’inquiète de la dynamique du quasi-candidat. « On y prête beaucoup d’attention car on craint un siphonnage en règle. Si on a un candidat trop centriste, trop tiède, Zemmour va nous tuer », reconnaît un cadre LR.

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Au gouvernement, aussi, l’hypothèse ne laisse pas indifférent. « C’est un faux dur […], et sous les faux durs se cachent les vrais soumis », a frappé d’un ton inhabituel Jean-Baptiste Djebarri, le ministre délégué aux Transports, sur France Info. « C’est un excellent tribun, bon avec la rhétorique mais, face à la contradiction, il est hyper mal à l’aise et n’assume pas ses propos, notamment sur les femmes », souligne un conseiller ministériel, qui relativise sa dynamique : « Il bénéficie d’un effet "vu à la télé", mais ses thématiques sont anxiogènes. »

Après la décision du CSA de décompter son temps de parole, l’ancien journaliste politique n’a toutefois plus de tribune sur CNews, ni sur Paris Première, qui ont décidé de se séparer de leur chroniqueur fétiche. Un imprévu dans le lancement de la fusée Zemmour ? « La partie se joue maintenant autour de la sortie de son livre, veut croire Paul-Marie Coûteaux. S’il bat le score du Suicide français [ plus de 500.000 exemplaires écoulés], ça voudra dire qu’il y a un appel du pays. Et on verra si des hommes politiques le rejoignent. Tout va se jouer dans le mois qui vient. » Selon les informations du site spécialisé ActuaLitté, le livre aurait déjà dépassé les 80.000 exemplaires en à peine une semaine.