« ON S'EN BAT LES COUILLES »Syndicat, politique, père de famille… Les autres vies de René Malleville

Marseille : Syndicaliste, homme politique, chroniqueur et père de famille… Les autres vies de René Malleville

« ON S'EN BAT LES COUILLES »Le célèbre supporter de l'Olympique de Marseille, René Malleville sera inhumé ce vendredi matin dans le 13e arrondissement de Marseille, il a aussi eu 1.000 vies en dehors de l'OM
René Malleville.
René Malleville.  - Philippe Echaroux / Philippe Echaroux
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Le célèbre supporter de l'Olympique de Marseille, René Malleville, sera enterré ce vendredi matin à Marseille.
  • René Malleville a aussi eu de multiples vies en parralèle de son amour pour l'OM.

René Malleville et l’OM, l’OM et René Malleville. Mais pas que. Le célèbre supporteur de l’Olympique de Marseille sera inhumé ce vendredi matin à 9h l’église de Saint-Mitre, dans le 13e arrondissement de Marseille. Comme il le souhaitait, la cérémonie sera publique et nul doute que la grande famille de l’Olympique de Marseille sera là pour l’accompagner.

Si son nom restera pour toujours associé à l’Olympique de Marseille, il a aussi mis sa célèbre gouaille au service de bien d’autres causes. Toujours en restant le même : « Un phénomène, un meneur d’homme », comme le décrit Robert Vidal, un ancien collègue de son époque RTM, le réseau de transports marseillais.

« Un beau mec comme on n’en fait plus »

C’est en tant que syndicaliste que s’est d’abord fait connaître à Marseille ce natif de Carcassone (Aude), où il retournait pour les vacances d'été. Allant même jusqu’à créer le « Syndicat des roulants et techniques », jugeant la section CGT de la RTM trop molle. « C’était un monsieur, toujours nickel. Il se faisait respecter dans ses propos, grâce à son verbe haut. Il avait du charisme, c’était un beau mec comme on n’en fait plus. Il était engagé pour la défense des ouvriers, pour plus de justice », se remémore son compagnon de la RTM.

Avec déjà un côté jusqu’au boutiste. Comme lorsqu’il bloque avec ses compères les dépôts de la RTM plusieurs heures en 1987, alors que Marseille est paralysée par des chutes de neige. L’épisode lui coûtera sa place. « En 1995, alors qu’il n’était plus à la RTM, il nous a quand même proposé de venir nous aider alors qu’on se faisait évacuer par les gardes mobiles », relate Robert Vidal, surnommé « le manche », ne demandez pas pourquoi, à son époque de la RTM.

« Il savait quand déconner et quand être sérieux »

Il met parallèlement sa gouaille au service de la politique. Il s’engage en 1977 auprès de Gaston Defferre, ancien maire (PS) de Marseille, avant d’être mis à l’écart aux élections suivantes en raison de sa « grande gueule », tiens, tiens. Il revient en 2008 sur les listes de Jean-Noël Guérini, condamné en 2021 pour prise illégale d'interet avant de faire appel, l'une des raisons pour lesquelles René Malleville ne prolonge pas l'aventure en 2014.

« Je ne l’ai pas connu à son époque Defferre, j’étais trop jeune, mais nous sommes devenus amis à l’époque de Lucien Weygand [ancien président socialistedu conseil départemental des Bouches-du-Rhône]. Puis lorsqu’il a été élu conseiller municipal du 2e secteur aux élections municipales de 2008, il est encore plus apprécié. Il avait aussi ce style direct, avec cette façon de parler sans retenue, avec le cœur, même s’il faisait de la politique de manière moins spectaculaire que ses prises de position sur l’OM », avance Samia Ghali, maire-adjointe de Marseille depuis 2020.

Cet engagement politique était le prolongement des combats qu’il menait avec son syndicat à la RTM. « C’était toujours la défense des autres, des plus pauvres, aller vers celui qui était le plus dans le besoin. Il était toujours présent aux réunions, et savait quand déconner et quand être sérieux. Il aimait sa ville et en était fier, c’est aussi pour ça qu’il s’est engagé. Un vrai Marseillais », souligne-t-elle.

« Tout a tendance à se policer, pas lui »

A partir de 2009, son franc-parler et ses envolées verbales, pimentées de grossiertés, se répandent sur la planète football à travers sa Minute de René, qui frôle plutôt les 10 minutes, et caractérise à elle seule le bonhomme. Ce qui va lui ouvrir les portes de Touche pas à mon poste, l’émission phare de C8 animée par Cyril Hanouna. Et fait connaître René Malleville aux plus jeunes, sans parler du fameux « le con de ta mère », balancé en plein direct sur CNews, alors qu’il intervenait sur la question de l’homophobie dans les stades.

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« Cyril avait vu ce qu’il faisait sur Internet avec sa Minute de René, et il est venu pour la première fois sur le plateau en 2018. Ça a été un coup de foudre. Il ne jouait pas de rôle, il était comme dans la vraie vie. Dès qu’il avait un truc à dire, il le disait et souvent avec beaucoup d’humour. Il y avait souvent du brouhaha, mais quand René parlait, on l’écoutait. Ça reste rare d’avoir un mec aussi franc dans ce milieu. Tout a tendance à se policer, pas lui », confie Nouredine Slimani, le producteur de TPMP.

Comme lorsqu’il balançait des « je m’en bats les couilles », en plein direct. « Il pouvait tout faire passer, et ça rendait les coups de gueule chantant. Maintenant à chaque fois que j’entendrai quelqu’un dire "je m’en bats les couilles", je penserai forcément à René », en sourit le producteur.

La reine de son essaim

Des envolées lyriques de haut vol, mais toujours dans le respect et la bienveillance. Et quand il estime être moqué par d’autres chroniqueurs, il n’hésite pas à claquer la porte de l’émission pour « protéger sa famille ». « J’ai beaucoup, beaucoup discuté avec ma famille. Avec ma femme on a parlé jusqu’à 2 heures du matin, elle pleurait comme une madeleine. Ça fait 53 ans que je suis marié, une femme adorable, c’est la reine de mon essaim familial, de voir ma femme comme ça que j’ai connue à 15 ans… », confiait-il en direct avec émotion. Car au-delà de sa passion pour l’OM, de ses combats syndicaux, de la défense de l’autre, c’est sa famille que René Malleville aimait par-dessus tout.

Et personne ne pouvait imaginer la disparition d’un tel roc. « Personnellement je ne l’ai pas cru. C’était un cancer, oui, mais pour moi il allait forcément s’en sortir. Il dégageait une telle force. Lorsque je l’ai appris, j’ai arrêté tout ce que j’étais en train de faire. Ça nous a tous rendus tristes, les techniciens, la production, les chroniqueurs. Cyril était dévasté. Rien que d’en parler j’en ai les larmes aux yeux », confie Nouredine Slimani.

Ce vendredi, dans sa ville tant aimée où il est arrivé à l’âge de 10 ans du Maroc, où son père policier était en poste, pour ne plus jamais la quitter, beaucoup de larmes couleront au moment de dire un dernier « allez, salut les enfants ».