GRAFFITILes tags comme vecteur de cohésion sociale dans un quartier de Nice

Nice : A Bon-Voyage, les tags deviennent « un vecteur de cohésion sociale » entre les habitants et les sapeurs-pompiers

GRAFFITILe projet de l’association Paje avait pour but « d’embellir et renouer le lien » la résidence « Le Parc de Turin »
Les habitants de la résidence et les pompiers de la caserne d'à côté ont embelli le mur qu'ils partagent
Les habitants de la résidence et les pompiers de la caserne d'à côté ont embelli le mur qu'ils partagent - Association Paje / 20 Minutes
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Depuis un an, l’association Paje, qui vise à redynamiser les quartiers, s’est implantée à Bon-Voyage.
  • Pour permettre aux habitants de connaître les pompiers dans d’autres circonstances que celles habituelles, elle a eu l’initiative de créer un projet commun.
  • En quatre séances, les résidents et les sapeurs-pompiers ont peint ensemble une fresque sur le mur qu’ils partagent.

Au 228 route de Turin, l’association Paje, qui a pour but de redynamiser le quartier Bon-Voyage, à l’est de Nice, redonne le sourire à ses habitants depuis qu’elle s’y est implantée l’année dernière. « Avant, à part la connerie, il n’y avait rien. Et en plus, c’était moche », lâche Killian, 14 ans qui vit là depuis trois ans. Ce qui a notamment changé, c’est le mur qu’ils partagent avec le bâtiment voisin, la caserne des sapeurs- pompiers. En quatre séances, habitants et soldats du feu ont réalisé un graffiti de plusieurs mètres ensemble pour « embellir les lieux » et « créer du lien ».

« On a un mur mitoyen donc on voit souvent des jeunes venir chercher le ballon mais autrement, on ne partage pas beaucoup alors qu’on est à côté de chez eux, s’exprime Vincent Manuel, capitaine. Si on se côtoie dans la vie, on n’a pas forcément le temps d’échanger. Avec cette initiative, on a sensibilisé au métier de sapeur-pompier, on a rappelé les numéros d’urgence et on s’est présenté. On a surtout retissé un lien en partageant et en créant ensemble quelque chose. On a moins tendance à agresser si on connaît la personne. »

Apporter sa touche au quartier

Le chef de centre raconte qu’ils ont déjà dû faire face à des jets de projectiles en arrivant pour une intervention. Il ajoute : « C’est aussi une façon de faire comprendre que lorsqu’on vient éteindre un feu de poubelle ou pour un problème d’extincteur, ça mobilise beaucoup de moyens et on n’est pas sur autre chose, peut-être plus grave ».

Mehdi, Killian et Aimen, qui ont 14 et 15 ans, l’admettent. C’est en partie pour cette raison qu’ils ont souhaité participer au projet et peindre avec eux. « On apporte notre touche tout en démontrant notre reconnaissance et qu’on était gentils. » Ils voulaient aussi s’essayer à cet art qu’ils ne voyaient « que sur les trains ou dans les reportages ».

Un style artistique « qui parle à tout le monde »

Pour réaliser la fresque, l’association a fait appel au street artiste niçois Cesar Malfi. Il confie : « Ça avait tout son sens puisque l’art est un vecteur de cohésion. De mon point de vue, c’était super intéressant de voir qu’un dialogue s’est créé grâce au graffiti. » Il explique qu’il s’est prêté aux exigences des porteurs du projet pour imaginer le dessin afin que ce « mur ne représente plus une frontière mais une porte ouverte. »

Un style artistique donc qu’Aurélie trouve « ludique et qui parle à tout le monde ». Comme à Sylvie, 54 ans et habitante depuis treize ans de la résidence, qui a également peint une partie de l’œuvre. « Je dois ma vie aux pompiers, c’était évident pour moi de faire partie du projet. Et puis entre voisins, ça nous a permis de nous ouvrir, de nous connaître. Depuis qu’il y a l’association, il y a un vrai lien qui se crée à Bon-Voyage ». La prochaine étape ? « Faire l’autre côté du mur », sourit la membre de Paje. Sapeurs-pompiers comme habitants ont l’air « plus que partants » !