JUSTICELucas Hernandez va-t-il vraiment finir en prison ?

Equipe de France : Lucas Hernandez va-t-il vraiment finir en prison ?

JUSTICELe joueur du Bayern Munich, a été condamné à six mois de prison, une peine qu'il a peu de chances d'éviter
Lucas Hernandez avec les Bleus durant la Ligue des nations
Lucas Hernandez avec les Bleus durant la Ligue des nations - Bagu Blanco/Pressinphoto/Shutter/SIPA / SIPA
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Lucas Hernandez a été condamné à six mois de prison pour violation de peine.
  • Il doit intégrer une prison espagnole de son choix avant le 28 octobre, mais un recours doit encore être examiné.
  • L'international français devrait tout de même jouer avec le Bayern Munich ce mercredi soir en Ligue des champions.

Comme annoncé, il était titulaire, à l’Estadio da Luz, mercredi soir à Lisbonne. Numéro 21 dans le dos, Lucas Hernandez a fait son match, guère inquiété par une équipe portugaise balayée en seconde période (0-4). « C’est un vrai professionnel, il s’est bien entraîné et jouera certainement un très bon match avait déclaré l’entraîneur munichois, Julian Nagelsmann, en conf d’avant-match. Je lui parlerais si je remarquais quelque chose d’inhabituel, mais ce n’est pas le cas. Il sait bien séparer les choses. »

Plutôt très bien, même, car le garçon doit quand même, depuis quelques jours, sentir le vent du boulet. La raison ? Après la Ligue des champions et la Bundesliga, ce week-end, l’aîné des frères Hernandez pourrait connaître un tout autre terrain de jeu en fin de semaine prochaine : la cour d’un centre pénitentiaire. En effet, il a été condamné à six mois de prison et a jusqu’au 28 octobre, 23h59, pour intégrer volontairement un établissement de son choix en Espagne.

Violation de peine et six mois de prison

Petit retour en arrière : en février 2017, alors joueur de l’Atlético de Madrid, Lucas est arrêté par la police après que lui et sa compagne se sont mutuellement agressés. Le footballeur, qui est aujourd’hui encore avec sa femme avec qui il a eu un enfant, est alors condamné à « 31 jours de travail au bénéfice de la Communauté de Madrid, interdiction de port d’arme pendant un an, et interdiction de s’approcher à moins de 500 m de sa femme et de maintenir avec elle tout type de communication durant six mois », nous détaille une source du Tribunal supérieur de justice de Madrid.

Quelques jours plus tard, les deux tourtereaux se revoient pour une lune de miel aux Bahamas, faisant fi de cette interdiction d’éloignement. C’est ce délit de violation de peine qui vaut à l’international français cette condamnation à six mois de prison, et non celle pour violences conjugales.

« « Durant les trois derniers mois, le clan Hernandez a présenté différents recours devant le juge d’application des peines demandant que sa peine de prison soit suspendue, explique notre source. Ils ont ainsi demandé qu’elle soit remplacée par une amende, le 25 juin. Mais la loi sur les violences faites aux femmes, modifiée en 2015 dans le Code pénal, interdit cela. C’est quelque chose que son avocat aurait dû savoir. » »

En attente de l’évaluation d’un recours

Alors qu’en Espagne, pays pionnier dans la lutte contre les violences conjugales, les peines de prison de moins de deux ans peuvent ne pas être réellement effectuées, Marta Pellón Pérez, avocate pénaliste et criminologue du cabinet Palladino Pellón & Asociados, nous précise que Lucas Hernandez n’étant pas un délinquant sans casier judiciaire, en raison de sa première condamnation, « le tribunal estime qu’il doit être condamné à une peine de prison, parce qu’il n’est pas en mesure d’appliquer la prescription de sursis. »

Le tribunal a donc notifié Lucas Hernandez qu’il devait se présenter à Madrid lundi 25 octobre et qu’il aurait, à partir de là, dix jours pour aller volontairement dans la prison de son choix. Tout n’est pas encore joué et le sort de l’international français n’est pas scellé. Un autre recours pour une suspension de peine a été déposé par ses avocats devant une haute juridiction et pourrait être évalué avant la date fatidique du 28 octobre. Pour la magistrate, on ne peut pas faire de pronostics quant aux chances que ce recours soit rejeté ou non.

Juste la nuit en prison ?

« Dans tous les cas, reprend Marta Pellón Pérez, si le recours est accepté, cela ne signifie pas que M. Hernandez est innocenté, car les deux jugements pour violences et pour violation de la peine sont définitifs. » Et si, malheureusement pour lui, le défenseur finissait derrière les barreaux, trois possibilités s’ouvrent à lui en prison, en fonction de la catégorie dans laquelle il est placé :

  • Premier degré, pour les cas extrêmes, sur la base d’une hypothèse de dangerosité extrême du détenu, par exemple terroriste (Sans prendre trop de risques, on peut affirmer que ça ne sera pas pour Lucas Hernandez).
  • Deuxième degré, le régime normal, pour la majorité des prisonniers.
  • Troisième degré, un régime ouvert, qui permet à l’incarcéré de passer la journée hors de la prison, mais il doit quand même dormir en cellule.

« L’obtention de ce troisième degré est sujette à l’analyse individuelle de la personne condamnée et au respect des conditions minimales d’exécution de la peine, indique Marta Pellón Pérez. Si le recours de M. Hernandez n’aboutit pas et qu’il doit être incarcéré, avec un rapport favorable d’un organe interne de la prison, on pourrait rapidement le qualifier en troisième degré, et il pourrait donc avoir les bénéfices de cette situation. » Interrogée sur la possibilité de purger sa peine sous bracelet électronique, l’avocate pense que ce n’est « pas probable » que cela arrive.


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Reste à savoir ce que fera le Bayern Munich en cas d’emprisonnement de son joueur, surtout si ce dernier ne peut effectuer sa peine qu’en Espagne, comme cela est prévu dans l’énoncé du jugement. Pour le moment, le club allemand, qui n’a pas donné suite à nos demandes d’éclaircissement, soutient mordicus le joueur français :

« Il y a des joueurs qui peuvent ne pas aimer le foot dans une telle situation, mais il y a aussi ceux pour qui c’est une distraction bienvenue, a expliqué Oliver Kahn, président du conseil d’administration du club bavarois. Lucas est un gars sur lequel vous pouvez compter dans toutes les situations. Mais il s’agit d’une affaire privée pour lui, avec des procédures judiciaires. » Une observation qui semble laisser toutes les options ouvertes pour le Bayern.