FOOTBALLComment l’ASSE a évité de couler face à ses supporteurs « à bout de nerfs »

ASSE-Angers : La folle soirée des Verts, entre filets de but troués par des fumigènes et nul arraché in extremis

FOOTBALLAu bout d’une rencontre dont le coup d’envoi a été décalé d’une heure, vendredi, en raison de filets abîmés par les fumigènes de supporteurs du kop nord, les Stéphanois s’en sortent avec un nul (2-2) arraché contre Angers
L'avant-match a eu des allures de chaos généralisé, vendredi sur la pelouse du Chaudron. PHILIPPE DESMAZES
L'avant-match a eu des allures de chaos généralisé, vendredi sur la pelouse du Chaudron. PHILIPPE DESMAZES - AFP / Pixpalace
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Toujours lanterne rouge de Ligue 1, l’ASSE a su remonter deux buts à Angers pour arracher un nul (2-2), ce vendredi soir dans un Chaudron étonnamment silencieux.
  • Les principaux groupes de supporteurs des Verts ont en effet annoncé « une grève d’encouragements », en raison de la dernière place du club en Ligue 1 et de la récente fessée subie à Strasbourg (5-1).
  • Les deux kops se sont surtout distingués en faisant repousser d’une heure le coup d’envoi de cet ASSE-Angers, pour cause de fumigènes ayant causé des trous dans les filets d’un but.

Au stade Geoffroy-Guichard,

Deux matchs, deux ambiances. Moins de trois semaines après avoir offert un spectacle dantesque dans un derby de haut vol (1-1), le Chaudron est devenu froid et morose à souhait vendredi, pour un ASSE-Angers des plus tendus. La claque subie par les Verts (20es de Ligue 1) à Strasbourg (5-1) entre ces deux rencontres a en effet entraîné une cassure entre le club, surtout son manager Claude Puel, et les principaux groupes de supporteurs. Et malgré un stade Geoffroy-Guichard à moitié vide (19.836 spectateurs), cet ASSE-Angers sentait le soufre. « On a assez discuté, vous nous faites craquer ! », lançait ainsi une banderole brandie par les deux kops stéphanois à 20h50.

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Six minutes plus tard, à l’entrée des joueurs sur la pelouse, le jeu de mots du message des groupes ultras faisait sens, puisque des dizaines de fumigènes sont partis dans tous les sens, du côté du kop sud et surtout au nord. Une centaine de CRS, dans les starting-blocks au vu de la crise sportive à Sainté, ont aussitôt déboulé au bord du terrain. Lorsque l’épaisse fumée provoquée par les fumigènes s’est dissipée, vers 21 heures, on a naïvement pensé que le coup d’envoi allait suivre. Mais là, outre un nettoyage nécessaire de certaines zones de la pelouse brûlées par ces projectiles, à l’ancienne avec balais et seaux d’eau, on a eu droit à un imprévu inédit en Ligue 1.

« Nous ne voulons pas être davantage la risée de la France entière »

Quelques ultras étaient descendus sur la pelouse avec leurs fumigènes afin de s’en prendre aux filets du but de Stefan Bajic, troués à différents endroits. Un problème a priori mineur, mais qui a tout de même entraîné un report du coup d’envoi… d’une heure, le temps pour quelques employés de bricoler le tout avec des colliers de fixation. Comment Magic Fans et Green Angels, coutumiers des animations pyrotechniques poussées, en sont-ils arrivés à installer une ambiance si délétère durant la soirée ?

La banderole visant Claude Puel, ainsi que les dirigeants et les joueurs, a été dévoilée vendredi soir du côté des deux kops, PHILIPPE DESMAZES
La banderole visant Claude Puel, ainsi que les dirigeants et les joueurs, a été dévoilée vendredi soir du côté des deux kops, PHILIPPE DESMAZES - AFP

Deux communiqués dévoilés vendredi soir par les groupes de supporteurs ont listé les raisons de cette opération s’accompagnant de parties basses des kops désertées durant l’échauffement, et de grève des encouragements, « une décision crève-cœur ». Accompagnés dès l’avant-match d’une banderole « Puel, dirigeants, joueurs, tous responsables de ce chaos », les Magic Fans précisent leur action.

« Depuis le début de la saison, nous n’avons cessé d’encourager les Verts et de dialoguer avec une équipe frisant avec le ridicule. Aujourd’hui, c’en est trop. Nous ne voulons pas être davantage la risée de la France entière, et nous comptons bien le faire comprendre aux joueurs, aux dirigeants, mais aussi et surtout à M.Puel ». »

« Pas le cœur à chanter pour des personnes nous prenant pour des imbéciles »

Ciblé durant toute la rencontre par des ultras s’estimant « à bout de nerfs », l’ancien coach de l’OL cristallise la fracture entre cette ASSE et « le peuple vert ». « Nous n’animerons pas la tribune ce soir, et ce jusqu’à nouvel ordre, poursuit le communiqué des Magic Fans. Nous n’avons pas le cœur à chanter pour des personnes nous prenant pour des imbéciles depuis des années. »

Plus d'une centaine de CRS se sont retrouvés à former un imposant cordon de sécurité, vendredi à Saint-Etienne, après les jets de fumigènes sur la pelouse.
Plus d'une centaine de CRS se sont retrouvés à former un imposant cordon de sécurité, vendredi à Saint-Etienne, après les jets de fumigènes sur la pelouse. - PHILIPPE DESMAZES / AFP

Logiquement renvoyés au vestiaire par Antony Gautier, les joueurs stéphanois ont eu une quarantaine de minutes pour gamberger avant le véritable lancement de ce match d’ouverture de la 11e journée de Ligue 1. « Bizarrement, l’ambiance dans le vestiaire était très sereine à ce moment-là, assure Ryad Boudebouz. On est resté focus. » Une préparation qui n’a pas empêché les Verts d’être une fois de plus piégés par le réalisme angevin d’Ismaël Traoré (0-1, 28e) et d’Angelo Fulgini (0-2, 56e).

Toujours pas de premier succès après 11 matchs pour l’ASSE

Parfois sifflés, le plus souvent ignorés par leurs propres supporteurs, les Stéphanois étaient pour de bon en plein cauchemar, une fois le maintien du match acté, davantage par la préfète de la Loire Catherine Séguin que par la LFP, selon L’Equipe. A l’image d’un Jean-Philippe Krasso très maladroit et comme perdu en attaque, l’ASSE semblait destinée à sombrer dans son antre, comme contre l’OGC Nice (0-3) un mois plus tôt. Au courage, l’indispensable Wahbi Khazri (qui a inscrit 6 des 11 buts stéphanois de la saison) d’un maître coup franc (1-2, 61e) puis Mickaël Nadé d’un coup de tête rageur dans le temps additionnel (2-2, 90e +4) sont parvenus à adoucir la fin de soirée.

Et à provoquer une étonnante séquence de schizophrénie chez de nombreux supporteurs des Verts, passés d’une petite euphorie sur le but de Nadé à des sifflets toujours aussi tranchants au coup de sifflet final. Quels bienfaits pourrait finalement avoir ce nul, arraché dans les derniers instants, sur un groupe assuré de rester dernier du championnat ce week-end, et toujours en quête d’un premier succès cette saison ? « On ne va pas se satisfaire d’un point à domicile car on est l’AS Saint-Etienne et qu’on se doit de faire carton plein chez nous, lance Wahbi Khazri. On est déçus mais on a montré qu’on avait du caractère. Tout le monde fait les efforts, personne ne triche. Si on veut s’en sortir, ça va passer par des couilles. »

« On est en mission »

L’attaquant tunisien au langage actuellement fleuri est rejoint dans son enthousiasme par son jeune coéquipier Lucas Gourna-Douath. « On a un sentiment de fierté et d’honneur, apprécie le milieu international U19 tricolore. On a fait preuve de force mentale. C’était un match intense avec un environnement compliqué et on a répondu présent. On est en mission. » Avec à la tête un Claude Puel lui aussi dithyrambique.

« Je retiens le cœur énorme de mes joueurs. On vit beaucoup d’adversité depuis le début de saison mais ils ne lâchent rien, ils sont à l’unisson. Ils ont pleinement conscience de la situation et ils donnent tout pour s’en sortir. » »

Il n’empêche que cette équipe reste d’une grande fragilité, et avec des limites techniques qui l’ont empêchée de venir à bout d’un SCO minimaliste dans le jeu vendredi. « Au vu de la situation dans laquelle on est, il faut faire face, exhorte Ryad Boudebouz. On n’a pas le droit de baisser les bras. Le public est avec nous depuis le début de saison. Ces gens galèrent pour venir au stade. On comprend leur frustration car le club est aujourd’hui en danger. J’ai envie de me battre pour eux. » Reste à savoir si la réciprocité sera d’actualité dans les prochains mois.