VOTRE VIE VOTRE AVISPour être libres et heureuses, ces femmes ne veulent plus vivre en couple

« L’essor du mouvement féministe m’a ouvert les yeux »… Ces femmes ne veulent plus vivre en couple

VOTRE VIE VOTRE AVISCertaines femmes ne veulent plus vivre en couple hétérosexuel, car c’est devenu incompatible avec leurs idées féministes
Le célibat, la clé du bonheur pour certaines femmes
Le célibat, la clé du bonheur pour certaines femmes - Canva/20 Minutes / Canva
Charlotte Murat

Charlotte Murat

L'essentiel

  • Les convictions féministes de certaines femmes sont devenues incompatibles avec l’idée de couple.
  • Harassées par la charge mentale et lassées de passer au second plan, elles s’épanouissent désormais dans le célibat.
  • Mais célibat ne veut pas dire rejet des hommes ni abandon de relations sexuelles ou amoureuses.

Le couple est-il la clé du bonheur ? Pour ces femmes hétérosexuelles, la réponse est non. Harassées par la charge mentale, lassées d’être à la fois « bonniche, cuisinière, amante, maman, blanchisseuse » selon les mots de Diane, elles ont décidé de quitter leur compagnon et de rester célibataires. Notre appel lancé après la publication d' une enquête du Monde a recueilli une centaine de témoignages. Des femmes dont les convictions féministes sont devenues incompatibles avec l’idée de couple. Des femmes pour lesquelles l’épanouissement personnel ne peut désormais passer que par le célibat.

N’en déplaisent aux quelques internautes qui ont déversé un flot de haine et d’insultes à la suite de notre appel, c’est une réalité. Ce n’est pas un combat, ni personnel, ni de la rédaction, contre les hommes. Ce n’est pas un manifeste pour la fin du couple, c’est juste un fait. Un fait qui doit, ou du moins qui peut nous interroger sur la place laissée à chacun au sein d’un couple hétérosexuel.

« Un manque total de liberté »

« Le couple hétérosexuel aujourd’hui me fait plus penser à des sacrifices continus en tant que femme qu’au conte de fées qu’on cherche à nous vendre depuis notre enfance », affirme Marion, 29 ans, qui a quitté son compagnon pendant le confinement de mars 2020, après neuf ans de vie commune. Le point commun entre toutes les femmes qui nous ont écrit est l’impression que les concessions, a priori indispensables à une vie de couple, ne sont allées que dans un sens. Que les besoins et les envies de leur compagnon sont toujours passés en premier, que la vie entière du foyer reposait sur leurs seules épaules, sans qu’un partage des tâches ne soit envisageable. « Ce que je retiens de mes quinze années passées en couple, c’est un manque total de liberté », se souvient Diane, 38 ans. « Je ne me sentais ni écoutée, ni respectée », regrette Alicia, 33 ans.

« L’essor du mouvement féministe m’a ouvert les yeux sur le manque d’égalité entre hommes et femmes, explique Jeanne, 39 ans. Eduquée dans un système patriarcal j’ai vu ma mère et ma grand-mère servir de "boniches" aux hommes de la maison. Les courses, le ménage, l’éducation des enfants… Tout cela me semblait normal avant, mais aujourd’hui cela me révolte. » Lorsque Marion s’est mise en couple à 25 ans, c’était « pour me soumettre à ce que la société et mon entourage attendaient de moi. J’ai rencontré un jeune homme très gentil, déjà bien installé dans la vie, et tout s’est enchaîné. Toutes mes convictions sur le féminisme ont volé en éclat. »

« L’impression de revivre »

Musicienne classique professionnelle, la jeune femme travaille tard le soir. « C’est moi qui après les concerts en rentrant à 22 heures – 23 heures devais préparer à manger. C’est moi qui pendant les pauses de 30 minutes entre les répétitions me précipitais pour faire quelques courses, encore moi qui devais entre deux entraînements faire le ménage, les lessives. La goutte d’eau a été pendant le premier confinement. Je ne me produisais plus sur scène, mais je devais quand même travailler mon instrument. Mais je n’ai quasiment pas pu y toucher car mon compagnon estimait que j’étais en vacances et que je pouvais en faire un peu plus car lui télétravaillait. Aujourd’hui j’ai l’impression de revivre, alors que ma famille est morte d’inquiétude de me savoir célibataire et sans enfant à bientôt 30 ans. »

Et c’est bien le bonheur que ces femmes trouvent en quittant leur compagnon et en décidant de rester célibataires. A 47 ans, après trois relations de couple et deux enfants, Sonia se considère comme « la plus heureuse des femmes ». Célibataire depuis six ans, elle se dit « totalement comblée » depuis qu’elle vit seule : « Je décide de tout, je ne subis rien. Je me sens enfin accomplie dans le rôle de femme que je m’étais imaginée quand j’étais adolescente. Je ne me remettrai jamais en couple. Le couple est une insulte à mon intelligence de femme. »

Abandonner la vie de couple signifie-t-il renoncer à l’amour ? Non. Sonia se dit « convoitée par un paquet d’amants qui me traitent tous dix fois mieux que mes ex-maris ». Idem pour Claire, 54 ans. Elle a divorcé du père de ses trois enfants après 25 ans de vie commune et se garde bien aujourd’hui d’emménager avec son nouveau copain : « On partage juste des sorties et les bons moments. La routine tuerait mon nouveau duo amoureux. C’est très bien ainsi, pas de reproche ni de lassitude. » Chacun chez soi, c’est mieux pour tous.