RUGBYLa relance fantastique de Romain Ntamack comme si vous y étiez

France-All Blacks : « Il sort une action incroyable », la relance fantastique de Romain Ntamack comme si vous y étiez

RUGBYUne inspiration dingue de l’ouvreur tricolore a remis son équipe dans le bon sens alors que le match menaçait de prendre une vilaine tournure.
Romain Ntamack a livré une prestation parfaite contre la Nouvelle-Zélande.
Romain Ntamack a livré une prestation parfaite contre la Nouvelle-Zélande.  - Christophe Ena/SIPA / SIPA
Julien Laloye

Julien Laloye

L'essentiel

  • Romain Ntamack, auteur d’un essai en première mi-temps, a réussi une relance fantastique en seconde mi-temps alors que les Bleus étaient en difficulté.
  • L’ouvreur tricolore, pourtant dans son en-but, a choisi d’éliminer plusieurs adversaires, entraînant un contre de 80 mètres et une pénalité décisive pour l’équipe de France, ainsi qu’un carton jaune pour l’un des meilleurs Néo-Zélandais du match.

Au stade de France,

Le french flair reparti pour un tour de char triomphant à filer des complexes à Ben-Hur himself. Moonwalk jusqu’à à la 60e minute d’un match qui commençait à sentir la grosse déconvenue pour nos Bleus, qui avaient fait tout comme d’habitude : une entame du tonnerre, la meilleure de leur histoire contre les Blacks (24-6), puis les chocottes qui s’installent quand il faut garder le score. Plus que deux points d’avance à l’heure de jeu (27-25), et un coup de pied à suivre de Barrett par dessus la défense tricolore qui nous fait encore claquer du popotin.

Premier sur le ballon à un ou deux mètres de l’en-but avec une marée black sur le paletot dans la seconde, Romain Ntamack dispose alors de trois solutions pour un type normal.

> Faire une cagade à la Huget, rater le ballon, et offrir 7 points aux Blacks dans la foulée

> Ne pas se faire surprendre par le rebond et aplatir dans son en-but, quitte à ne faire que retarder l’échéance (mêlée à cinq mètres pour les Néo-Z).

> Rentrer dans l’en but, se retourner en 4e vitesse et dégager n’importe où de son mauvais pied, le gauche, sans doute jusqu’aux 30 mètres, dans le meilleur des cas.

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Mais il se trouve, voyez-vous, que Romain Ntamack n’est pas un type comme vous et moi. Il est plus beau déjà, et puis il a la confiance en lui des gens bien nés dans le rugby. La concurrence avec Jalibert, qui le replace au centre provisoirement ? Pas un mot plus haut que l’autre, en attendant le bon moment. Sa première mi-temps avait déjà accouché de quelques petites merveilles, dont cette petite course intérieure pour planter le plus essai tricolore de la soirée (12e). Mais alors que dire de cette prise de décision cinq étoiles dans son en-but, alors que trois adversaires arrivent sur lui ?

  • Le premier, Weber, est éliminé d’une petite feinte de corps de dos, comme les matadors qui font les malins à s’approcher de la bête sans la regarder.
  • Le second, Mo’Unga, est le mieux placé pour le stopper, mais l’ouvreur des Blacks se fait raffûter par son vis-à-vis comme un petit insecte qui vient s’écraser sur le pare-brise d’une voiture à la campagne.
  • Le troisième, Barrett, arrière de métier et donc plus rapide au garrot, se fait déposer au courtepaille de l’aire de repos comme un vieux chien qu’on abandonne.

Et ce n’est pas fini. Désormais lancé comme un frelon dans ses 22, Ntamack, qui a encore 12 Néo-Z à humilier sur l’action, ce qui fait beaucoup, attend le timing parfait pour servir Melvyn Jaminet d’une passe aveugle à se fouetter les tétons de plaisir. « J’ai crié de toutes mes forces, c’était magique », sourit Cyril Baille, qui a rejoint le banc français un peu plus tôt. 80 mètres plus tard, Savea se jette comme un malpropre pour empêcher une libération rapide sur la ligne black, carton jaune, pénalité pour Melvyn, arrivederci Roma. Les Blacks sont cuitos de chez cuitos (30-25, puis 40-25).

« On avait décidé de chasser tous les ballons »

Pas fou, Fabien Galthié ramène tout ça au collectif, en bon sélectionneur qui se respecte : « On avait décidé de chasser tous les ballons jouables même dans notre camp, et il y avait deux autres joueurs français qui étaient redescendus autour de Romain et qui s’étaient positionnés autour de lui pour lui donner des options. Ça lui a permis de déclencher cette relance qui nous a ramené sur la ligne des All Blacks ».

Les deux Français en question, Dupont et Jaminet, permettent en effet de donner au coup de génie Ntamack une autre dimension, notamment le demi de mêlée des Bleus, au volume de course toujours aussi stratosphérique. « On commençait à subir, le jeu au pied néo-zélandais est très bien tapé… c’est vrai qu’on est plusieurs à donner à se replier pour donner du confort à Romain, mais c’est lui qui joue très bien le coup en décidant de relancer ».

Les Blacks assommés pour de bon

« Il sort d’une situation assez incroyable en évitant ces deux plaquages, embraie Jaminet, alors je me dis qu’il faut que je donne tout pour être au soutien et lâcher les chevaux. Je vois Toto [Dupont] à l’intérieur, je ne sais pas si c’est le bon choix de lui donner ou de poursuivre au pied, mais les Blacks ont des joueurs très rapides, je ne me voyais pas marquer seul ». Nous non plus, même si cette relance, franchement, aurait mérité le même couronnement mythique que l’essai du bout du monde de Saint-André à Auckland dans un autre siècle.

Ce moment de folie labelisé 100 % french-flair-cassoulet-Stade Toulousain, cet « élan de fierté », dit joliment Dupont qui a aussi le sens de la formule, a permis d’inverser un rapport de force qui sentait pourtant le déjà-vu, ces Bleus qui foirent leur fin de match comme des grands. « On était dans un temps très faible, c’était très étonnant ce qui nous arrivait à ce moment du match, reconnaît Galthié. Et sur l’action incroyable de Romain, c’est comme si les joueurs derrière avaient décidé de dire « stop, c’est fini, on reprend le contrôle du match ». Allez hop, on la rajoute dans la compile à nostalgie pour les soirs d’hiver.