AlpinismeDavid Labarre, les yeux dans les cieux

Handicap : David Labarre, ex-champion de cécifoot, poursuit son ascension en haute-montagne

AlpinismeDepuis 2017, l’alpiniste David Labarre gravit les plus hauts sommets des Alpes et des Pyrénées. La particularité de cet ancien footballeur : il est aveugle de naissance
L'alpiniste, atteint de la maladie de Stargardt, ici au pic des Spijeoles le 15 septembre, a traversé les Pyrénées en treize jours et quatre étapes.
L'alpiniste, atteint de la maladie de Stargardt, ici au pic des Spijeoles le 15 septembre, a traversé les Pyrénées en treize jours et quatre étapes.  - V. Chapuis / AFP / bizdev
Assia Hamdi

Assia Hamdi

L'essentiel

  • Depuis son enfance, David Labarre est atteint de la maladie de Stargardt : sa rétine ne peut distinguer autre chose que des formes et des taches.
  • Mais rien n'arrête cet aventurier de 33 ans. Petit, il rêvait de foot. En 2012, il décrochera la médaille d'argent paralympique à Londres.
  • Cinq ans plus tard, David Labarre se lance dans l’alpinisme et gravit en 2017 le point culminant des Pyrénées : l’Aneto, 3.404 mètres. Depuis, il ne jure que par la haute-montagne et vise toujours plus haut.

Un exploit ! Début septembre 2021, l’alpiniste David Labarre a traversé les Pyrénées en treize jours et quatre étapes, à pied et à vélo. Une performance d’autant plus exceptionnelle que David Labarre, 33 ans, est atteint depuis son enfance de la maladie de Stargardt : sa rétine ne peut distinguer autre chose que des formes et des taches.

En partant de Pau, David Labarre et Morgan Périssé, son guide de haute-montagne, ont rallié Aspet, la ville d’origine de l’alpiniste. Sur leur chemin, ils ont affronté le Pic du Midi d’Ossau (2.884 m), ou encore le pic des Spijeoles ainsi que des cols phares du Tour de France comme ceux du Tourmalet ou de Peyresourde. Christian Ravier, Rémi Thivel ou Fred Talieu, des guides références, se sont joints au binôme sur certaines étapes. « Ecouter ces passionnés nous enseigner la montagne et leur expérience, c’est enrichissant ! C’est pour ces rencontres que je me suis lancé dans cette aventure. »

« Le sport m’a beaucoup aidé »

Malgré l’ambiance « chouette », l’expédition n’a pas été de tout repos, entre les prises périlleuses, ces fois où le génépi a menacé David de glissades, ou les journées à rouler à vélo avec 60 kg sur le dos. Sur le parcours, les guides permettaient à David Labarre de percevoir « la bonne direction » ou « les prises qui pouvaient faire économiser de l’énergie ». Reste que l’alpiniste faisait lui-même son sac, s’encordait seul, et gérait ses rappels, son piolet et ses crampons. « Je tiens à mon autonomie. S’il vente ou s’il grêle, on ne peut plus compter que sur soi-même. »

Enfant, pourtant, David Labarre ne jurait que par un sport collectif, le football. En 1998, le Mondial l’a rendu accro au ballon rond, mais le cécifoot était peu pratiqué. Ce n’est que quelques années plus tard, à 14 ans, qu’il s’y met. « C’est à cet âge que j’ai du surmonter le décès de ma mère… Le sport m’a beaucoup aidé. » Après une carrière en club, David Labarre décroche en 2012 l’argent paralympique à Londres. Mais cinq ans plus tard, il arrête tout.

« Le foot m’a beaucoup apporté, mais il ne me correspondait plus… J’ai voulu revenir vers mes racines. » David Labarre se lance dans l’alpinisme et gravit en 2017 le point culminant des Pyrénées, l’Aneto, 3404 mètres. « Je manquais d’entraînement, mais je n’avais jamais autant galéré dans ma vie, témoigne celui qui relate aujourd’hui ses expéditions devant des entreprises. Je me suis juré de ne plus revivre cela. »

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Mont-Blanc, Pyrénées… L’alpiniste, ou « pyrénéiste », comme il préfère, s’entraîne en forçat, compense sa cécité par son ouïe, performe, mais trouve le mot « défi » maladroit. « On ne défie pas la montagne car si elle veut, elle peut nous emporter. Un jour, j’ai failli me tuer, j’ai mis deux jours à m’en remettre. »

Aujourd’hui, cette peur et cette conscience de la mort lui font tout vivre à fond. Après un repos bien mérité, David Labarre ne sait pas encore s’il va viser encore plus haut. Mais est-ce bien important ? « Aujourd’hui, je suis heureux, et c’est grâce à mon problème de vue que je m’éclate autant. Je m’entraîne au quotidien, je suis tout le temps en montagne, je fais du vélo, du VTT, du ski de randonnée, des treks, beaucoup d’escalade, beaucoup de montagne… C’est ça la vie. »