CONSOMMATIONLes bonnes pratiques pour ne pas tout perdre avec la finance en ligne

Néobanques, fintech… Les bonnes pratiques pour ne pas perdre toutes ses économies en ligne

CONSOMMATIONLe cas de la liquidation récente de Swoon met en lumière plusieurs dangers pour les épargnants
Soyez prudents face à des offres alléchantes.
Soyez prudents face à des offres alléchantes.  - Denis Closon/ISOPIX/SIPA / SIPA
Nicolas Raffin

Nicolas Raffin

L'essentiel

  • Les offres alléchantes pour faire fructifier votre épargne via la finance en ligne sont nombreuses.
  • Mais les pratiques sont parfois illégales ou comportent des risques cachés.
  • 20 Minutes vous aide à y voir plus clair.

Des dizaines de milliers d’euros évaporés. Pour certains, les économies d’une vie envolées. Depuis cet été, plusieurs anciens clients de la « fintech » lilloise Swoon sont en plein cauchemar. La néobanque, créée en 2018, a été liquidée en août dernier. En septembre, son fondateur promettait de rembourser tout le monde à terme. Deux mois plus tard, l’argent n’est toujours pas là.

« Nous avons rassemblé pour l’instant une centaine d’épargnants lésés, avec un préjudice total de plus d’un million d’euros. Et de nouveaux dossiers arrivent tous les jours », témoigne Michel Guillaud, président de l’association de défense des consommateurs France Conso Banque. Cette histoire illustre bien les dangers de la finance en ligne et les pièges cachés derrière des offres parfois trop alléchantes. Pour vous éviter pareille mésaventure, 20 Minutes a compilé quelques conseils auprès de professionnels du secteur financier.

Conseil n°1 : Attention aux taux « miracles »

On le disait juste avant, soyez très méfiants lorsque vous tombez sur un produit financier qui promet une rentabilité élevée. « Vous avez des placements qui peuvent atteindre 4 % ou 5 % de rentabilité sans être des fraudes, explique Michel Guillaud. Mais dans ces cas-là, il y a toujours un risque de perdre votre mise de départ ».

Dans le cas de Swoon, la start-up vantait pourtant un « livret d’épargne » à 3 %. Une formulation faisant écho aux livrets réglementés (type livret A), et donc susceptible de mettre en confiance les clients. « Il faut savoir que les taux proposés par les livrets bancaires des banques traditionnelles sont actuellement inférieurs à 1 %. Il est donc improbable qu’une vraie banque propose des livrets d’épargne garantis et sans risque avec une rémunération de 3 % ou plus », explique à 20 Minutes l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Elle précise en outre que la société n’avait de toute façon pas le droit de proposer un tel produit, car elle ne disposait pas des autorisations nécessaires.

« Le terme néobanque n’a aucun fondement juridique, poursuit l’ACPR. Il existe différents statuts, dont les banques en ligne, appelées « établissements de crédit », et les établissements de paiement. Ces derniers ont un champ d’activité limité puisqu’ils peuvent seulement proposer d’ouvrir un compte de paiement, sans découvert, permettant de faire des virements et de payer avec une carte bancaire à débit immédiat. Si vous n’êtes pas une banque, vous ne pouvez pas proposer de produits d’épargne ni octroyer de crédit ».

Conseil n°2 : Vérifiez les agréments auprès des autorités compétentes

Lorsqu’un nouvel acteur ambitionne de placer vos économies, il est toujours prudent de vérifier les agréments dont il dispose. Dans le cas de Swoon, une société en cachait une autre. D’un côté, « Swoon SAS », une application qui permettait de gérer les comptes courants (placés dans une vraie banque). De l’autre, la « Financière de garantie », une structure censée gérer les fameux livrets d’épargne.

Cette entité était déclarée en tant que « mandataire non exclusif en opérations de banque et service de paiement ». Elle n’était donc absolument pas autorisée à gérer directement des fonds comme pourrait le faire une banque classique. « L’obtention d’un agrément, quel qu’il soit, permet souvent de susciter la confiance des consommateurs et de les appâter », observe Michel Guillaud. Pour éviter une mauvaise surprise, vous pouvez consulter la liste noire établie par les autorités financières et qui est régulièrement mise à jour. « En 2020, sur les 1.081 inscriptions sur la liste noire, la quasi-totalité des offres frauduleuses identifiées concernait de faux crédits ou livrets d’épargne » indique l’ACPR. Vous pouvez aussi vérifier les registres Regafi et Orias, qui recensent les établissements autorisés à commercialiser des produits bancaires ou d’assurance.

Conseil n°3 : Gare aux garanties

La règle est simple : seuls les clients des établissements bancaires qui cotisent au Fond de garantie des dépôts (FGDR) sont couverts pour leurs comptes, livrets ou plan d’épargne – à hauteur de 100.000 euros – en cas de faillite. Quant aux établissements de paiement, « ils doivent placer les sommes de leurs clients dans un compte cantonné, situé dans une banque agréée. Ces fonds doivent en outre être séparés de ceux utilisés pour les dépenses (salaires, loyers…) de l’établissement de paiement. En cas de faillite, l’argent des clients n’est pas en danger puisque l’établissement de paiement n’est qu’un intermédiaire » explique l’ACPR.

De manière générale, « face à une offre, prenez le temps de la réflexion et ne cédez jamais à l’urgence ou à la pression de votre interlocuteur », poursuit l’autorité de contrôle. « Soyez prudents avec les nouveaux acteurs, renchérit Michel Guillaud. Renseignez-vous notamment sur la solidité du ou des actionnaires avant de vous lancer ».