EMPLOIUn seul contrat et plusieurs entreprises, c’est quoi le temps partagé ?

Hérault : Un seul contrat et plusieurs entreprises, c’est quoi le temps partagé ?

EMPLOILe Groupement d’employeurs multi-métiers promeut ce type de contrat encore peu répandu
Lors d'un forum pour l'emploi à Bourgoin Jallieu (Illustration)
Lors d'un forum pour l'emploi à Bourgoin Jallieu (Illustration) - ALLILI MOURAD/SIPA / SIPA
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Dans l’Hérault, le Groupement d’employeurs multi-métiers (Gemme) promeut auprès des entreprises le temps partagé, un outil d’embauche encore peu répandu.
  • Le salarié ne signe qu’un contrat, et n’a qu’un seul employeur : le Gemme. Il se charge ensuite de mettre ses talents à la disposition de plusieurs entreprises.
  • Un outil qui s’avère utile pour les PME, qui n’ont pas forcément les moyens et les besoins d’embaucher une personne à temps plein, et pour les salariés, qui recherchent une diversité dans leur travail, mais aussi un emploi stable.

Salariés, et si vous partagiez votre temps entre plusieurs entreprises, en signant un seul contrat ? Dans l'Hérault, le Groupement d’employeurs multi-métiers (Gemme) promeut le temps partagé, un outil d’embauche encore peu répandu en France. L’employé ne signe qu’un seul contrat, un CDD de longue durée ou, le plus souvent, un CDI, avec cette structure associative : ce sera son seul employeur. Le Gemme met ensuite ses talents à disposition de plusieurs entreprises.

« De nombreuses entreprises n’ont pas forcément les moyens ou la charge de travail suffisante pour pouvoir embaucher seule un salarié à temps plein », explique Barbara Atlan, la directrice du groupement d’employeurs. Une voie sans issue qui bloque, parfois, la croissance des entreprises. « Si vous avez besoin d’un chargé de communication, mais que vous ne pouvez lui offrir que 12 heures de travail, soit parce qu’il n’y a pas plus de travail que ça, soit parce que vous n’avez pas les moyens de payer un contrat de 35 heures, sans cet emploi, impossible de développer votre visibilité, poursuit Barbara Atlan. Le temps partagé est une solution à ce problème. »

« Cela permet de fidéliser un salarié »

Pour faire appel à ce dispositif, l’entreprise doit cependant avoir des « besoins récurrents ». « Ce n’est pas de l’intérim », pointe la directrice du Gemme. « Par le biais de l’intérim, vous n’êtes pas sûr d’avoir toujours les mêmes employés », explique François de Cazenove, président du Gemme et patron de l’entreprise d’électricité Item, à Jacou, qui utilise le dispositif. « Cela permet de fidéliser un salarié, poursuit-il. Et trouver un contrat à mi-temps pour une entreprise, ce n’est pas facile. Tout le monde n’accepte pas de travailler à mi-temps. Cela ne suffit pas pour vivre. » Quant au coût, il est « maîtrisé », assure Barbara Atlan. « Le petit supplément que les entreprises paient n’est là que pour assurer le fonctionner du Gemme, qui est une structure non lucrative. »

Sébastien Gleyze, dirigeant de Sud Fromages, un grossiste installé au Marché d’intérêt national de Montpellier, est en train de finaliser l’embauche d’un salarié via le Gemme. Cet entrepreneur, qui a déjà tenté d’embaucher via Pôle emploi ou l’intérim, voit, dans le temps partagé, un dispositif « donnant-donnant ». « Quand vous êtes une PME, vous n’avez pas forcément les moyens d’embaucher une personne à 35 heures tout de suite », note Sébastien Gleyze. Et c’est aussi, dit-il, une opportunité pour le salarié d’avoir un emploi stable. « Le salarié, qui cumule plusieurs entreprises, acquiert une expérience diverse, ce qui peut être profitable, aussi, pour l’entreprise », confie-t-il.


Notre dossier Emploi

Pour l’employé, reprend la directrice du Gemme, ce dispositif est une façon « de fuir la routine, en gardant la sécurité du CDI ou du CDD de longue durée. De nombreux employés recherchent de diversité dans leur travail. » « Ce qui me plaît, c’est changer d’entreprise, sortir du train-train quotidien », confirme un salarié qui bénéficie de ce dispositif. Lancé juste avant la crise sanitaire, le Gemme regroupe pour l’instant 10 à 15 entreprises adhérentes dans l’Hérault, et a déjà séduit 6 salariés.