INTERVIEW« J’en avais ras-le-bol de mon personnage », confie Nabilla Vergara

« J’en avais ras le bol de mon personnage, je voulais être moi-même », confie Nabilla Vergara

INTERVIEWAlors que la série documentaire « Nabilla : Sans filtre » sera en ligne vendredi sur Amazon Prime Video, « 20 Minutes » a rencontré Nabilla Vergara
Nabilla Vergara au Festival de Cannes, en mai 2019.
Nabilla Vergara au Festival de Cannes, en mai 2019. - Vianney Le Caer/AP/SIPA / SIPA
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Nabilla : Sans filtre, série documentaire en sept épisodes sur Nabilla Vergara, produite par Banijay et ITV Studios, sera disponible vendredi sur Amazon Prime Video.
  • « Je n’ai encore rien vu, je n’ai pas voulu. J’avais un droit de regard, mais pas de décision finale », affirme Nabilla Vergara à 20 Minutes.
  • Dans l’un des épisodes, Nabilla Vergara évoque le coup de couteau qu’elle a asséné à son compagnon Thomas Vergara en 2014. Un acte pour lequel elle a été condamnée à une peine de prison. « Cela fait partie de notre histoire. Si les gens ne connaissent pas cette facette de nous, ils ne pourront jamais nous comprendre », affirme-t-elle.

«Les gens regardent et après, ils jugent et analysent. Il y a toujours un risque à montrer qui l’on est », nous confie Nabilla Vergara. A 29 ans, l’ex-star des Anges a cependant accepté d’être suivie par les caméras pour une série documentaire. Nabilla : Sans filtre, produite par Banijay et ITV Studios, sera disponible sur Amazon Prime Video vendredi. « Je n’ai encore rien vu, je n’ai pas voulu », assure-t-elle. Elle affirme aussi avoir laissé carte blanche à la plateforme : « J’avais un droit de regard, mais pas de décision finale. J’ai voulu le faire, alors je l’ai fait à fond. » Durant sept épisodes, on la découvre en famille, avec ses amis et amies, au travail ou en train de préparer son mariage « de princesse », selon ses termes. Elle parle aussi du tourbillon people, de son passage en prison, de ses liens contrariés avec son papa.

20 Minutes l’a rencontré ce lundi au Royal Monceau à Paris.

Avec le recul, votre célèbre « Non mais allo, quoi ! » a été une malédiction ou une bénédiction ?

(Elle rit) Cela a été à double tranchant. C’est sûr que ça a changé ma vie, donc si c’était à refaire, je le referai mille fois. Cela m’a donné la chance de pouvoir faire ce que j’aime. Cela m’a apporté beaucoup de bonheur, mais pas mal de malheur aussi…

Vous racontez avoir souffert de l’hypersexualisation, des moqueries de personnes vous pensant idiote… Quand avez-vous pris conscience de cela ?

Quand Libération titre « L’empire du vide », ça veut tout dire. On m’avait appelé pour me proposer le portrait de la quatrième de couverture, ce qui est très prestigieux. On a fait l’interview et puis, à la parution, je découvre ce titre. Là, je me suis dit qu’il y avait des gens qui voulaient m’avoir, mais davantage pour me rabaisser qu’autre chose. Je rigolais aussi parce que ce personnage, je l’avais façonné pour qu’il soit drôle – pas bête, hein, drôle, ça ne veut pas forcément dire bête. Il y a des gens qui ne le comprenaient pas, qui pensaient que j’étais vraiment comme ça alors que je savais très bien ce que je faisais et où j’allais.

Aujourd’hui, avec le plus large écho donné aux voix féministes, certains des propos tenus à votre égard ne passeraient plus aussi facilement…

Cela m’arrangerait bien parce que, quand aujourd’hui je vois Emily Ratajkowski ou d’autres femmes poser nues sur Instagram, c’est très beau. Je ne trouve pas ça vulgaire, je suis désolée. Après, il y a des manières de le faire. Mais quand vous mettez un décolleté et que vous faites de la téléréalité, on vous traite de bimbo. Au final, ça veut dire quoi, ce mot ? Je ne le sais même pas. Une fille qui porte des talons ? Qui a des gros seins ? On ne peut pas être condescendant au point de réduire une personne à un physique. A l’époque, c’était une hypersexualisation permanente, on me parlait plus de mon physique que de ce que j’étais vraiment.

Quel rapport avez-vous avec le féminisme ?

Je n’aime pas les extrêmes, j’aime quand ça reste assez soft. Quand je vois les Femen qui manifestent dans la rue avec les seins à l’air, je me dis qu’elles défendent leur cause mais je pense qu’il faut simplement que les femmes soient respectées et appréciées pour ce qu’elles sont. Je pense qu’hommes et femmes doivent être à 50/50 et c’est comme ça que ça fonctionne.

Le sort des femmes détenues est une cause qui vous tient à cœur. Dans le documentaire, on vous voit vous renseigner auprès de l’association 100Murs pour effectuer des interventions en milieu carcéral. Vous avez pu concrétiser ce projet ?

Le directeur du centre de détention est pour mais on attend de pouvoir y aller. Avec les mesures sanitaires, c’est compliqué. Je suis assez impatiente. Je connais un peu ce milieu et je sais qu’il y a des choses qui manquent et d’autres à améliorer. J’aurais aimé pouvoir aider et égayer ces femmes. Oui, elles ont fait des bêtises, mais qui n’en a jamais fait ? Il y a des degrés de gravité. On ne se retrouve pas en prison seulement lorsque l’on a tué quelqu’un. Ce ne sont pas forcément des criminelles qui sont en prison, il y en a aussi qui ont eu une erreur de parcours à un moment donné.

Vous abordez frontalement cette nuit de novembre 2014 où vous avez donné un coup de couteau à votre compagnon Thomas Vergara. Vous avez hésité à l’évoquer ?

Tout le monde autour de nous nous demandait : « Vous allez reparler de ça ? Vous êtes sûrs ? » Nous, on se disait que si on n’en parlait pas, on était des gros mythos. Parce que c’est quelque chose qui s’est passé. Ne pas en parler, ce serait ne pas l’assumer alors que nous, on l’assume amplement. Cela fait partie de notre histoire. Si les gens ne connaissent pas cette facette de nous, ils ne pourront jamais nous comprendre.

Thomas Vergara (présent à son côté durant l’interview) : C’est un passage de notre vie qui a été un gros tournant.

Nabilla Vergara : Tout est parti de là pour nous. On est obligés d’en parler, sinon ce serait se voiler la face.

Tout est parti de là ? C’est-à-dire, la manière dont votre couple a évolué ?

Oui. C’est comme quand on me demande si le fait d’être mariés a changé quelque chose. Le mariage en lui-même, non. C’est juste l’aboutissement de quelque chose. Mais surmonter une épreuve comme ça, digne d’un film, c’est sûr que ça nous a renforcés.

Vous racontez aussi que tout a changé pour vous lors de votre incarcération. De quelle manière ?

Cela m’a libérée du personnage que j’avais créé et qui prenait beaucoup de place. Je ne savais pas comment m’en sortir, j’étais prise dans une spirale. Quand je faisais de la télé, on s’attendait à ce que je le joue et si je ne le faisais pas, les gens étaient déçus. Au final, j’en avais ras le bol, j’avais envie d’être moi-même.

Vous avez obtenu votre brevet des collèges en prison. Vous concentrer dessus vous a permis de surmonter cette épreuve ?

C’est sûr qu’en restant dans une cellule de trois mètres carrés, au bout d’un moment, on devient fou. Autant aller vers les activités proposées par le centre de détention. On m’a dit que je pouvais passer le brevet, ce n’est pas le diplôme de l’année, mais c’en est un que je n’avais pas eu et que j’avais envie d’avoir.

Le fil rouge de « Nabila : sans filtre », c’est votre père. Il y a un suspense construit autour de son éventuelle absence à votre mariage. Les choses se sont arrangées avec lui ?

Oui, ça va bien. Mais on restera toujours des personnes complètement différentes. C’est comme deux mondes qui se croisent. On s’aime, on essaye de se comprendre, mais j’ai du mal à le comprendre et inversement. C’est une personne qui ne veut pas de lumière, qui est très discrète, même dans son travail où il est apprécié justement pour cela… Avec moi qui suis sous le feu des projecteurs du matin au soir, surexposée, ce n’est pas facile de communiquer.

Vous êtes aujourd’hui à la tête de votre marque de cosmétiques. C’est une forme de validation ?

Forcément, quand on est cheffe d’entreprise et que l’on doit diriger des personnes qui ont le double de notre âge, il y a quelque chose de très valorisant. On a des responsabilités, on apprend des choses. On commence à se développer. C’est respectable. Les gens ne nous voient pas de la même manière.

Vous vivez à Dubaï. C’est une manière de vous protéger ?

J’aime la France et les Français. Pour moi, ça restera toujours le plus beau pays du monde. C’est très différent de Dubaï mais c’est vrai que, quand on est en famille, on aime bien être des gens normaux, aller faire des courses, marcher en tongs… On n’a pas envie d’être tout le temps filmés par les gens. On doit aussi protéger notre fils [Milann, 2 ans]. Lui n’a pas demandé à être là-dedans. C’est paradoxal, on l’expose, mais en même temps, il est protégé parce qu’on est dans un pays où personne ne va le photographier ou l’embêter. Il y a cette sécurité… Nous, on a été cambriolés pendant notre mariage​. On n’a pas envie que ça arrive tous les jours.

Ce cambriolage a eu lieu en juillet, dans votre chambre nuptiale, alors que vous étiez en pleine fête de mariage au château de Chantilly. Cela a terni votre souvenir de ce jour important ?

Je ne dis pas ça pour me la péter mais le matériel, je m’en fous. Ce sont juste des objets, finalement. C’est plutôt le fait de se dire qu’on est entré dans mon intimité, que mon garçon dormait dans la chambre d’à côté et que, comme c’étaient des suites communicantes, ils auraient pu aller dans sa chambre. On était un peu sous le choc. On rentre et on n’a plus les cadeaux des invités, plus rien. Plus de vêtements. Thomas n’avait même plus un caleçon.

Thomas : Ils m’ont tout pris, même les chaussures.

C’est ce qui vous dissuade de revenir vous installer en France ?

Thomas : Oui ça joue, ça fait peur, on se dit qu’il peut arriver tout et n’importe quoi à n’importe quel moment. Si on n’était que tous les deux à la rigueur, mais on est une famille. Ça fait peur pour le petit.

Nabilla : Faut pas qu’on nous le vole, hein ! (rires)

Nabilla, qu’aimeriez-vous que les gens disent ou pensent de vous après avoir vu cette série documentaire ?

Franchement, rien. En fait, je n’ai même pas envie qu’ils me comprennent ou quoi que ce soit. Je veux juste apporter des réponses à leurs questions, leur montrer que je ne suis pas parfaite et que personne n’est parfait. Parfois, des gens, des jeunes notamment, qui nous suivent, peuvent avoir des problèmes d’estime de soi, ils peuvent se dire « Moi, je ne suis pas bien alors qu’elle, elle est bien ». J’ai juste envie de leur montrer qu’eux sont très bien aussi, qu’on a tous des soucis et qu’on est juste des gens normaux.