REPORTAGELe Quartier Jeune, nouveau QG des 16-30 ans à Paris ?

Paris : Le Quartier Jeune, nouveau QG des 16-30 ans ?

REPORTAGEMi-octobre, la mairie de Paris a inauguré le Quartier Jeune, un espace dédié aux Franciliens de 16 à 30 ans
Entrée du Quartier Jeune donnant sur un monument hommage aux morts pour la France
Entrée du Quartier Jeune donnant sur un monument hommage aux morts pour la France - © Mathilde Desgranges / 20 Minutes
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Situé à deux pas du Louvre, le Quartier Jeune se veut le nouveau repère des 16 à 30 ans. Avant son inauguration mi-octobre, le lieu a déjà accueilli 3.600 personnes en septembre.
  • Situé dans les anciens locaux de la mairie du 1er arrondissement, le QJ regroupe une quinzaine d’associations de tous les domaines – santé, emploi, accès au droit et orientation notamment –, présentes pour répondre aux questions que se posent les 16-30 ans.

«On est là pour les aider à passer les embûches », affirme une bénévole de la Mission locale, récemment installée au Quartier Jeune. Inauguré en octobre dernier, le QJ est un nouveau service public à Paris où les 16 à 30 ans peuvent rencontrer des professionnels de santé, des juristes, des conseillers d’orientation, des associations d’aide au logement, etc. « C’est vraiment bien ce qu’ils font, commente Nadir, 19 ans. J’avais vraiment besoin de parler un juriste pour connaître mes droits au sujet des contrôles de police abusifs et j’ai trouvé cet endroit qui m’aide à engager des actions en justice. En plus, c’est gratuit. »

Le lieu est conçu en concertation avec le Conseil parisien de la jeunesse afin de créer une « porte d’entrée » vers toutes les solutions aux problèmes que peuvent rencontrer les moins de 30 ans. « Les jeunes nous disent être conscients des solutions mises en place pour les aider mais ne pas savoir où se rendre, comment s’y prendre », explique Hélène Bidard, adjointe de la maire de Paris en charge de la jeunesse.

Un QG « très patrimonial »

Un problème que le QJ va mettre du temps à résoudre car les jeunes rencontrés sur place découvrent tout juste son existence. « C’est dommage que les jeunes ne sachent pas que ça existe. Si les banlieusards connaissaient cet endroit, ils seraient très intéressés, affirme Nadir. J’en ai parlé dans ma ville, dans le 91, et ça a beaucoup plu. » Même constat de le part de Célina, 24 ans : « Je ne savais pas que ça existait. On m’a envoyé ici parce que le Kiosque où j’allais avant a fermé. Je me demande s’il y a vraiment des gens qui viennent. » Selon la mairie, 3.600 personnes sont venues au QJ au mois de septembre, avant son inauguration. Un chiffre qui devrait donc être plus important en octobre et novembre. Mais qui reste faible par rapport aux 500.000 jeunes parisiens, et aux plus de 2 millions de franciliens, visés par ce projet.

Salle de travail au Quartier Jeune
Salle de travail au Quartier Jeune - © Mathilde Desgranges

« On ne s’attendait pas à ça », déclarent Célina et Diane (25 ans) qui viennent pour la première fois. Installé dans les anciens locaux de la mairie du 1er arrondissement, le Quartier Jeune, face au Louvre, ressemble plus à un monument historique qu’à un QG. « C’est très patrimonial », confirme Hélène Bidard. Par « patrimonial », il faut comprendre qu’un monument aux morts pour la France se trouve dans l’entrée du bâtiment, que la hauteur sous plafond est d’une dizaine de mètres et qu’une gigantesque rosace laisse passer la lumière dans la salle de travail du 1er étage.

Un décor qui tranche avec le mobilier – « pensé et conçu dans les ateliers de la Mairie de Paris », précise l’élue – particulièrement moderne. « On a intégré des prises dans tous les meubles pour que les jeunes puissent brancher leurs téléphones », ajoute-t-elle. Dans la grande salle de travail, les fauteuils permettent de couvrir le bruit des conversations pour que les entretiens se fassent en toute intimité.

« Il faut oser pousser les portes »

Le QJ est un véritable dédale avec des couloirs interminables et une multitude de portes Derrière, se cachent des formateurs au secourisme, des conférenciers ou « des pros du sexo », dixit Hélène Bidard. « Il faut oser pousser les portes », plaisante-t-elle.

Après leur rendez-vous stressant avec une juriste, Nadir et un ami se détendent en jouant au baby-foot. Derrière le mur, l’un se plonge dans un énorme classeur, espérant y trouver sa voie, pendant que deux copines attablées prennent un encas en admirant les lieux. « Cette multiplicité de réponses dans un même lieu est une richesse, déclare Valérie Deflandre, conseillère au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ). Parfois, j’ai des étudiants qui me racontent leurs problèmes de santé ou d’argent au cours de mes rendez-vous d’orientation. Je ne peux pas les aider là-dessus et ça me soulage de pouvoir leur dire d’aller frapper à la porte d’en face plutôt que de simplement les laisser avec un numéro de téléphone. »

Malgré tout, Célina reste sceptique. « On place les jeunes au centre de la société, en face du Louvre. C’est sûr que c’est valorisant. Mais je ne pense pas que ce soit la manière la plus adaptée de leur venir en aide. » Au lieu de faire des distributions alimentaires dans un lieu doré, « il serait mieux de chercher des solutions pour ne pas avoir à en faire du tout », regrette-t-elle. Et puis, « qui va au Louvre ? », questionne son amie Diane. La jeune fille pense que ceux qui viennent dans ce quartier cher et touristique « ne sont pas ceux qui ont le plus besoin d’aide ».