POLICELa Défenseure des Droits passe au crible le maintien de l'ordre

Maintien de l’ordre : La Défenseure des Droits pointe la « vision confrontationnelle » de la France

POLICELes forces de l’ordre en France semblent « fortement marquées par un prisme confrontationnel » et appliquent la loi avec une « approche principalement punitive », selon l’étude
Un membre des forces de l'ordre à la manifestation du 12 décembre 2020, à Paris. (illustration)
Un membre des forces de l'ordre à la manifestation du 12 décembre 2020, à Paris. (illustration) -  JEANNE ACCORSINI/SIPA / JEANNE ACCORSINI/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

«Dangereuse » tentation du face-à-face, tolérance plus faible qu’avant au désordre… Dans une étude publiée ce lundi, la Défenseure des Droits, Claire Hédon, a passé au crible les défis rencontrés par les forces de l'ordre en France, interrogeant leur « vision confrontationnelle » et érigeant plutôt la tactique belge en modèle.

Cette étude​, intitulée « Désescalade de la violence et gestion des foules protestataires. Quelle(s) articulation(s) en France et en Europe aujourd’hui ? », est le fruit d’analyses menées depuis 2018 par l’institution indépendante de l’Etat et d’entretiens avec des policiers et gendarmes.

Une « approche principalement punitive »

Elle paraît alors qu’est attendu un nouveau schéma national de maintien de l’ordre annoncé mi-septembre par Emmanuel Macron et censé, entre autres, consacrer la place et le rôle des journalistes lors des manifestations. L’étude souligne combien la question du maintien de l’ordre est devenue particulièrement épineuse depuis 2016 et les manifestations contre la loi travail, et surtout depuis le mouvement des « gilets jaunes » en 2018-2019, émaillé de violences et de blessures dues à l’utilisation de lanceurs de balle de défense (LBD) par les forces de l’ordre.

L’étude note que les forces de l’ordre en France semblent « fortement marquées par un prisme confrontationnel » et enclines à appliquer la loi avec une « approche principalement punitive ». Elle se fait l’écho du « stress développé » par les forces de l’ordre avec « l’hyper-médiatisation contemporaine » qui « entretient la mobilisation collective » et incite « le politique à se mêler de la conduite des opérations » ce qui réduit, selon elles, le temps de la réponse policière.

La technique belge, modèle en Europe

Une « crispation » née de « la diffusion massive des smartphones » qui tend à brouiller les distinctions entre badauds, journalistes, médias militants, autant « d’observateurs tiers » au milieu des manifestants qui constituent, selon la police, « un problème nuisible » pour ses manœuvres. Dans le schéma national de maintien de l’ordre (SNMO), l’institution de la Défenseure des droits pointe une « dichotomie » entre la gestion des « manifestations pacifiques » et celle « très réactive voire brutale » des « désordres » qui contraste avec les pratiques de pays voisins.

Selon elle, l’approche belge du maintien de l’ordre, « entièrement fondée sur le principe de la désescalade », fait figure de modèle à l’échelle européenne. Elle s’articule autour des notions de dialogue et de concertation. Le nouveau SNMO devait être présenté avant novembre. Le 10 juin, le Conseil d’État a infligé un désaveu à Gérald Darmanin en annulant plusieurs dispositions de son SNMO, présenté en septembre 2020, dont la technique de « la nasse » – qui consiste à encercler les manifestants et les retenir dans un périmètre donné – telle qu’elle était présentée par Gérald Darmanin, et l’obligation faite aux journalistes de quitter les lieux lors de la dispersion des manifestations.