COMPTE-RENDUGhislaine Maxwell, une « femme dangereuse » au service d’un « prédateur »

Affaire Epstein : Début du procès de Ghislaine Maxwell, une « femme dangereuse » au service d’un « prédateur »

COMPTE-RENDUAu premier jour d'audience, les procureurs ont accusé l'héritière britannique d'avoir joué les «rabatteuses» pour Jeffrey Epstein mais aussi d'avoir participé aux abus
Le procès de Ghislaine Maxwell, accusée d'avoir joué les «rabatteuses» pour Jeffrey Epstein, s'est ouvert à New York le 29 novembre 2021.
Le procès de Ghislaine Maxwell, accusée d'avoir joué les «rabatteuses» pour Jeffrey Epstein, s'est ouvert à New York le 29 novembre 2021. - Elizabeth Williams/AP/SIPA / Pixpalace
Philippe Berry

P.B. avec AFP

Cela fait vingt ans que certaines victimes de Jeffrey Epstein attendaient ça. Plus de deux ans après le suicide en prison du pédocriminel, le procès de son ex-compagne Ghislaine Maxwell a commencé lundi à New York. Et dans sa déclaration d’ouverture, l’accusation l’a décrite comme une « femme dangereuse » qui a « recruté et préparé » des jeunes filles mineures pour Jeffrey Epstein, mais a également « participé » à certaines agressions.

La fille du magnat de la presse décédé Robert Maxwell, âgée de 59 ans, est détenue aux Etats-Unis depuis l’été 2020 et encourt la prison à vie au terme de débats qui doivent durer six semaines et au cours desquels les douze jurés devront déterminer si elle a participé au vaste trafic sexuel dont était accusé l’homme d’affaires, mort en prison en 2019.

« Rabatteuse »

Concrètement, elle est soupçonnée d’avoir joué le rôle de « rabatteuse », en recrutant entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures exploitées sexuellement par Jeffrey Epstein, avec lequel elle a entretenu pendant près de 30 ans une relation amoureuse, amicale et professionnelle.

Elle « était dangereuse. Elle préparait des jeunes filles à être agressées par un prédateur » en les mettant à l’aise, en confiance, et en faisant semblant de leur donner de l’importance, a décrit la procureure Lara Pomerantz en ouvrant les débats. Deux plaignantes à l’époque âgées de 14 et 15 ans

l’accusation se fonde sur quatre plaignantes anonymes – dont deux n’avaient que 14 et 15 ans – qui racontent avoir été approchées par des « rabatteuses », dont Ghislaine Maxwell, près de leur école ou à leur travail.

Après le cinéma et le shopping « entre copines », les jeunes filles étaient persuadées pour quelques centaines de dollars de venir faire un massage, présenté comme non-sexuel, à un puissant New-Yorkais prêt à faire décoller leur carrière. « Elle gagnait leur confiance » mais « elle savait exactement ce qu’Epstein allait faire à ces enfants quand elle les envoyait dans ses salles de massage », a expliqué la procureure, qui a évoqué le « cauchemar » des victimes. D’après l’accusation, Ghislaine Maxwell aurait également participé aux agressions sexuelles avec son compagnon, chez elle à Londres ou chez lui, à Manhattan, en Floride ou encore au Nouveau-Mexique.

« Bouc émissaire »

L’une des avocates de Ghislaine Maxwell, Bobbi Sternheim, l’a au contraire dépeinte comme « la cible de la colère de femmes qui ont été ou qui pensent avoir été abusées par Epstein ». La défense a appelé à ne pas faire de Ghislaine Maxwell « un bouc émissaire », en lieu et place du protagoniste, Jeffrey Epstein, dont le suicide a privé ses victimes d’un procès. La Franco-Américano-Britannique, qui s’est plainte de ses conditions de détention, se dit innocente et plaide non-coupable des six chefs d’inculpation. Elle ne devrait pas s’exprimer à l’audience.

L’avocate Bobbi Sternheim a aussi souligné que les crimes présumés remontaient à plus de 20 ans, suggérant que les plaignantes avaient des souvenirs vagues voire « falsifiés » par les médias et l’espérance de recevoir une forte somme d’argent.

« Comme un couple »

Lawrence Visoski, pilote de Jeffrey Epstein de 1991 à 2019 et premier témoin appelé à la barre par l’accusation, a décrit une relation « presque comme un couple » voyageant aux autres coins de la planète.

L’ombre du prince britannique Andrew, un proche de Jeffrey Epstein, planera aussi sur le procès. Il fait l’objet depuis août d’une plainte distincte pour « agressions sexuelles » déposée par une Américaine, Virginia Giuffre. Cette plainte devrait être examinée fin 2022 devant un tribunal civil à New York, même si le second fils de la reine Elizabeth II n’est pas poursuivi au pénal et nie ces faits qui se seraient déroulés entre 2000 et 2002, lorsque Virginia Giuffre était mineure.

D’autres noms pourraient être cités dans le procès Maxwell : les anciens présidents américains Bill Clinton et Donald Trump, en raison de leur présence à des fêtes new-yorkaises, et l’ex-agent français de mannequins Jean-Luc Brunel, ami d’Epstein, inculpé et écroué à Paris en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles.