FOOTBALL« Ça devient votre joyau »… Ces amateurs ont éliminé l’OM en Coupe

Coupe de France : « Ça devient votre joyau »… Ces amateurs ont éliminé l’Olympique de Marseille

FOOTBALLL’Olympique de Marseille a pris la fâcheuse habitude de se faire éliminer par des équipes amateurs en Coupe de France. Ce dimanche, l’OM affronte Cannet-Rocheville, pensionnaire de 5e division
L'élimination de l'OM par Andrézieux.
L'élimination de l'OM par Andrézieux.  - JEFF PACHOUD / AFP / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • L’Olympique de Marseille affronte Cannet-Rocheville (National 3) ce dimanche au stade Vélodrome (13h45), en 32e de finale de Coupe de France.
  • Depuis 2000, les Marseillais ont été éliminé cinq fois par des clubs amateurs, .
  • Alban Joinel, le gardien de Carquefou, et Florian Millan, buteur avec Andrézieux, racontent ces exploits.

Les 13 desserts, le houx au-dessus de la porte, les Rois Mages et les éliminations de l’OM en Coupe de France par des clubs amateurs. Chaque fin et chaque début d’année réservent leur lot de tradition et l'Olympique de Marseille ne déroge pas à la règle : élimination contre Carquefou, en 2008, Quevilly en 2012, Grenoble en 2015, Andrézieux en 2019, Canet-en-Roussillon en 2021. Et peut-être contre Cannet-Rocheville (National 3) ce dimanche, au stade Vélodrome​ (13h45) ? Cinq éliminations depuis le début du XXIe siècle et autant de lendemains difficiles pour les Marseillais, au contraire de leurs adversaires, en plein rêve éveillé.

« C’était la folie. On en a chié, mais qu’est-ce que c’était beau. C’est le Graal. Jouer dans un stade de la Beaujoire comble, contre l’une des plus grosses écuries de Ligue 1. Et de réaliser l’exploit devant ses amis et sa famille, se remémore Alban Joinel, le gardien de Carquefou en 2008. A la fin du match, je voyais mes défenseurs avec les larmes aux yeux. Je ne sais même pas s’ils voyaient les ballons arriver. Vous vous demandez ce qui vous arrive, ça devient votre joyau. »

Du chambrage à la curiosité

« C’est un événement que je ne revivrais plus jamais. C’est un des meilleurs moments de ma carrière et une grande fierté. Marseille est un club qui fait rêver beaucoup de jeunes et qui restera dans l’histoire du foot français », confie Florian Millan, buteur avec Andrézieux en 2020.

Alban Joinel félicité par les habitants de Carquefou après leur victoire en Coupe de France contre l'OM en 2008.
Alban Joinel félicité par les habitants de Carquefou après leur victoire en Coupe de France contre l'OM en 2008.  - FRANK PERRY / AFP

Près de 14 ans après l’exploit, il n’est pas rare qu’Alban Joinel soit encore sollicité sur le sujet. Surtout lorsqu’il évoluait sous le maillot d’Endoume, club du 7e arrondissement de Marseille, après son déménagement à Aix-en-Provence. « Ça commençait par du chambrage bon enfant "ouais c’est le gars qui nous l’a mis à l’envers", et ensuite ça partait en curiosité, surtout de la part des plus jeunes, pendant les repas, les collations : "comment vous avez fait, comment ça s’est passé ?" », en plaisante le portier.

« Ce genre de match se gagne seconde par seconde »

Les deux bourreaux de l’Olympique de Marseille se rejoignent sur les ingrédients indispensables pour un tel exploit. « On était une réelle bande de potes, prêts à aller à la guerre sur chaque ballon. Il faut les bousculer les pros, dans le bon sens du terme. Ce genre de match se gagne seconde par seconde, minute après minute. On s’est tous porté les uns les autres, et le coach nous a emmenés tout là-haut. Il faut surtout se désinhiber, avec la taille du stade, les caméras. Il faut en faire abstraction », conseille Alban Joinel.

Florian Milla après son but contre l'OM avec Andrézieux.
Florian Milla après son but contre l'OM avec Andrézieux.  - JEFF PACHOUD / AFP

La recette diffère un peu chez Florian Milla. « A partir des 32es de finale, il n’y a plus forcément de peur, on lâche tout. Il faut toujours croire à l’exploit, mais avec beaucoup de respect. Tu peux voir que durant les 20 dernières minutes, chaque joueur se battait sur le moindre ballon. On a mis tous les ingrédients, le coach a eu le discours qu’il fallait, la préparation était très bonne, le club a tout mis en œuvre. Mais au-delà de tout ça, cette victoire relève aussi du miracle. C’est la grâce de Dieu », avance Florian Milla, très croyant, qui avait découvert un tee-shirt avec l’inscription « Jésus est le chemin, la vérité et la vie », après son but.

Mais selon lui, cette part de miracle tend à s’amenuiser, les divisions inférieures se sont largement améliorées. « Les N2 ont beaucoup progressé. Beaucoup de joueurs sont issus de centre de formation et auraient pu faire une carrière. C’est aussi une source de motivation, plus qu’un esprit revanchard », considère le joueur actuellement à la recherche d’un nouveau projet.

Ce lointain monde professionnel

Car ce genre d’exploit ne mène pas forcément au monde professionnel. Alban Joinel est un peu l’exception. « Je suis le seul de Carquefou à avoir eu cette chance. Et je suis sûr à 100 % qu’elle est venue de cet exploit. Patrick L’Hostis, l’entraîneur des gardiens du FC Lorient avait vu le match, et il cherchait un 3e gardien du même âge que Fabien Audard, le titulaire et Lionel Capone, le second. Il savait que je ne foutrais pas la merde et j’ai fait deux saisons à Lorient comme ça », se remémore-t-il.


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Dimanche, l’exploit pourrait être d’autant plus grand pour les joueurs du Cannet-Rocheville. Faute de solution pour accueillir ce match dans les Alpes-Maritimes, le 32e de finale de la Coupe de France se jouera au stade Vélodrome et une qualification dans ce monument du foot français deviendrait le nouveau joyau de ces amateurs.