REPORTAGEAprès la prise d'otage à Paris, le quartier d'Aligre pense aux victimes

Paris : « On espère qu’elles vont s’en remettre »… Après la prise d’otages, les riverains de la rue d’Aligre pensent aux victimes

REPORTAGEUne prise d’otage a eu lieu lundi dans la rue d’Aligre, dans le 12e arrondissement de Paris. L’assaillant, qui retenait deux femmes, s’est rendu ce mardi matin vers 8 heures
Journalistes et passants étaient nombreux ce mardi matin à s'attarder devant la boutique où a eu lieu la prise d'otage. Paris, le 21/12/21
Journalistes et passants étaient nombreux ce mardi matin à s'attarder devant la boutique où a eu lieu la prise d'otage. Paris, le 21/12/21 - R.Le Dourneuf / 20 Minutes
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Un homme a pris en otage deux commerçantes de la rue d’Aligre lundi en milieu d’après-midi. Après avoir relâché l’une d’elles à 22 heures, il a laissé libre la seconde et s’est rendu vers 8 heures ce mardi.
  • Les riverains présents au moment des faits racontent le flou de la situation et la maîtrise des forces de l’ordre qui a évité la panique.
  • Les commerçantes, arrivées récemment dans le quartier, sont au centre des préoccupations des habitants du quartier qui espèrent les voir en bonne santé rapidement.

«La nuit a été courte. » Comme Domitille, habitante du quartier, les riverains de la rue d’Aligre, dans le 12e arrondissement de Paris, n’ont pas beaucoup dormi cette nuit. La prise d’otage de deux commerçantes par un assaillant armé d’un couteau a tenu tout le quartier en haleine jusque tôt dans la matinée et la libération vers 8 heures de la dernière otage.

Même si elle vit à deux rues des événements de la nuit, Rosie est restée jusque tard sur la place d’Aligre, à la limite du périmètre de sécurité dressé par la police. « C’est difficile de rester chez soi quand on sait qu’il se passe quelque chose comme ça à côté. » Pourtant, à sa grande surprise, le quartier était très calme pendant les faits. « Il y avait beaucoup de policiers, des voitures, des gyrophares, mais tout s’est passé assez paisiblement j’ai trouvé. Il y a presque plus d’agitation ce matin », sourit-elle en regardant les nombreux journalistes et caméras présents face à la quincaillerie où a eu lieu la prise d’otage.

L’incompréhension et le flou pour les habitants du quartier

De l’agitation pourtant, il y en a eu selon Galia, commerçante sur le trottoir en face de la quincaillerie : « C’est une dame qui voulait rentrer dans la boutique qui a vu ce monsieur avec son couteau à l’intérieur. Il disait aux gens de rentrer. » Heureusement selon la commerçante, cette femme a eu le bon réflexe. « Elle est venue en courant nous alerter, dans les commerces d’en face, en nous disant de rentrer à l’intérieur et de se mettre à l’abri parce qu’il y avait un homme dangereux en face. » Sans tarder, les riverains se calfeutrent et préviennent la police.

Les journalistes et passants étaient nombreux ce mardi matin devant la boutique où a eu lieu la prise d'otage. Paris, le 21/12/21
Les journalistes et passants étaient nombreux ce mardi matin devant la boutique où a eu lieu la prise d'otage. Paris, le 21/12/21 - R.Le Dourneuf

Une fois les autorités sur place, et sans céder à la panique, les commerçants et badauds se sont éloignés de la boutique tout en restant, curieux et inquiets de ce qui se passait. « On ne comprenait pas, raconte Lin, en attendant son tour dans la queue de la boucherie voisine de la quincaillerie, je suis arrivée après l’alerte et personne ne savait ce qui se passait réellement. » Michel, habitué de la rue, confirme le flou qui régnait chez les passants qui assistait au ballet des voitures de police et de la BRI. « Certains disaient que c’était un braquage, d’autres que c’était un terroriste ou juste un fou. »

Difficile de ne pas penser au terrorisme

Charlotte et Jean-Marie avaient peur de cette dernière hypothèse. Attablés à la terrasse « Chez Charlette », à l’angle de la rue, ils ont suivi les événements sur les réseaux sociaux depuis chez eux, de l’autre côté du marché Beauvau. « La crainte, c’était une bombe qui aurait fait du dégât dans une si petite rue. » A quelques tables d’eux, Yanis* a eu les mêmes craintes : « J’avais peur d’un nouvel événement comme l’Hyper Casher [en janvier 2015], que le type sorte en faisant feu. J’ai lu qu’il était connu du quartier mais ça n’empêche rien, il suffit d’un coup de folie. »

Connu du quartier, l’individu interpellé ne l’était peut-être pas tant que ça. Plusieurs riverains confirment l’avoir souvent vu, mais sans vraiment savoir qui il est vraiment. « Oui, je vois bien qui c’est, mais comme beaucoup de gens, on connaît sans connaître, je ne sais rien de sa vie », affirme Galia. De plus, la commerçante explique que les deux femmes prises en otage, une mère et sa fille sont nouvelles dans le quartier, cette famille aurait repris la boutique depuis 2-3 mois, ce qui a pu ajouter aux affabulations. « Mais il est rentré dans cette boutique comme il aurait pu entrer dans n’importe quelle autre. »

Les riverains ne devraient pas tomber dans la psychose malgré cet événement explique un client de l’épicerie Sabah au bout de la rue d’Aligre. « C’est calme ici. Ce n’est pas le genre de choses qui arrivent en général. On va s’en remettre. » La plupart ont surtout une pensée pour les deux femmes prises en otage et choquées par ces longues heures d’angoisse comme le résume Simona en regardant la devanture fermée de la boutique. « On espère qu’elles vont s’en remettre. Et puis à nous de les aider à revenir, sans que les clients, ni les journalistes ne leur sautent dessus. »