COME TOGETHERUne union de la gauche est-elle possible pour la présidentielle ?

Présidentielle 2022 : Une union de la gauche est-elle possible ?

COME TOGETHERMalgré plusieurs appels de militants et de politiques à une union de la gauche, les candidats semblent irréconciliables
Présidentielle 2022 : Une union de la gauche est-elle possible ?
Emilie Petit

Emilie Petit

L'essentiel

  • Depuis son appel à « une grande primaire ouverte » de la gauche lancé le 8 décembre, Anne Hidalgo essuie, presque chaque jour, un nouveau refus.
  • « C’est un mirage de croire que la gauche pourrait se réunir derrière un candidat unique », affirme Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS et spécialiste de l’histoire de la gauche depuis la Révolution.
  • Jean-Luc Mélenchon avait pourtant presque réussi le pari, en 2017, du rassemblement. Mais qui pour prendre la relève aujourd’hui ?

Poutou, Jadot, Mélenchon, Roussel. Depuis son appel à « une grande primaire ouverte » de la gauche, lancé le 8 décembre, Anne Hidalgo essuie, presque chaque jour, un nouveau refus. Non, ils n’iront pas. Non, ils ne se soumettront pas à un énième vote des militants. Non, ils ne se rallieront pas à un candidat unique. Seul Arnaud Montebourg, l’électron libre lui aussi à la peine dans les sondages, a répondu favorablement à une union. Joignant néanmoins à son approbation quelques conditions.

« C’est un mirage de croire que la gauche pourrait se réunir derrière un candidat unique », affirme Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS et spécialiste de l’histoire de la gauche depuis la Révolution. Pour elle, les divergences d’opinions entre les candidats sur des sujets majeurs, comme le nucléaire ou l’emploi, ne permettent pas ce rassemblement tant espéré par une partie de la gauche. Mais aussi l’absence criante d’un candidat au charisme et à l’autorité naturelle indéniables, à l’image du François Mitterrand des années 1970 et 1980. « Franchement, quand on regarde les sondages, aucun des candidats de gauche ne devance vraiment les autres. Et aucun ne se démarque non plus », assure-t-elle.

« Il faut aussi respecter le vote des militants »

Jean-Luc Mélenchon avait pourtant presque réussi le pari, en 2017, du rassemblement. Il s’était alors présenté comme l'homme providentiel, seul capable de réunir une gauche divisée et irréconciliable face à un Parti socialiste en perdition qui n’avait rallié à sa cause que le candidat EELV, Yannick Jadot. Et réussit à grappiller suffisamment dans les sondages pour faire jeu égal avec François Fillon, alors en tête de peloton, deux semaines seulement avant le premier tour. « Je n’ai pas l’intention de m’accrocher à un corbillard », avait alors clamé Mélenchon à l’attention de Benoît Hamon, le candidat PS. « Jean-Luc Mélenchon se démarquait des autres candidats de gauche. Mais ensuite, il a passé cinq ans à démontrer qu’il n’avait pas la carrure de quelqu’un qui porte l’union des gauches », analyse Stéphanie Roza.

2022 ne sera donc pas 2017. Si chez EELV, Yannick Jadot a déjà croisé le fer avec ses homologues autour d’une primaire, d’autres candidats ont hérité d’une désignation formelle, comme Anne Hidalgo pour le Parti socialiste et Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise. Ou encore Fabien Roussel pour le PCF, qui n'avait pas présenté de candidat depuis 2012. « Il faut aussi respecter le vote des militants. On a trop tendance à considérer que la politique, c’est uniquement des États-majors qui se mettent d’accord. Mais derrière, il y a des gens qui font les campagnes ou qui ne les font pas », estime la chercheuse.

Taubira ou Taubira pas ?

Malgré des appels du pied de plus en plus insistants des organisateurs de la Primaire populaire qui, nostalgiques sans doute, rêvent d’une « Union de la gauche » comme celle qui avait vu gagner François Mitterrand en 1981, et le sentiment d’un besoin d’unité de la part des militants, tout semble converger vers une gauche plus éclatée encore.

A moins que Christiane Taubira, qui a annoncé la semaine dernière réfléchir à « proposer sa candidature » quitte à ajouter à la confusion ambiante, ne réussisse le pari de l’unité. « Le problème, c’est qu’elle se propose comme personnalité, mais sans programme. Derrière sa possible candidature, quel est le plan ? » questionne Stéphanie Roza. Réponse à la mi-janvier.