INNOVATIONA Bordeaux, des décos de Noël à base de coquilles d’huîtres

Bordeaux : De l’assiette aux guirlandes, comment la coquille d’huître a servi à la fabrication des décos de Noël

INNOVATIONLes décos de Noël de la ville de Bordeaux ont été imprimées en 3D, avec une matière 100 % biosourcée contenant des résidus de coquilles d’huître
Décorations de Noël cours de l'Intendance à Bordeaux, en décembre 2021
Décorations de Noël cours de l'Intendance à Bordeaux, en décembre 2021 - Mickaël Bosredon/20Minutes / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • La start-up Greenfib, basée dans la Vienne, a créé une matière 100 % biosourcée à base de graine de ricin, de roseau et de… coquilles d’huîtres.
  • Pour la première fois cette année, cette matière a servi à la création de décorations de Noël, qui a été imprimée en 3D notamment pour la ville de Bordeaux.
  • Parallèlement, la filière de la collecte des coquilles d’huîtres s’organise, avec 14 points de ramassage mis en place dans Bordeaux pour les fêtes de fin d’année.

Si on a encore beaucoup parlé du vrai/faux sapin de Noël cette année à Bordeaux, une initiative est passée plus inaperçue dans les nouveautés proposées par la municipalité écologiste. Saviez-vous que les décorations de Noël ont été fabriquées par impression 3D, à partir de matériaux biosourcés contenant notamment des résidus de coquilles d’huîtres ?

C’est l’un des nouveaux débouchés pour ce coquillage de plus en plus recyclé, le plus souvent sous forme de poudre, pour nourrir des poules, fertiliser des terres agricoles, composer des cosmétiques ou encore pour réaliser des matériaux servant aux routes départementales, au comblement de carrières souterraines ou aux revêtements de sol.

Greenfib, une matière 100 % biosourcée

Pour les illuminations de Noël de Bordeaux (et de Besançon), les coquilles d’huîtres qui ont servi à leur fabrication ne proviennent pas d’Arcachon, mais d’Oléron, La Rochelle, ou de Bretagne. « On veut être cohérent avec notre démarche, et notre objectif étant d’optimiser nos déplacements, on se sert au plus près de nos lieux de production » explique Cyr Dioré, cofondateur de la start-up Greenfib, basée à Chasseneuil-du-Poitou près du Futuroscope (Vienne).

Greenfib est une matière servant à la fabrication de divers objets, 100 % biosourcée. Inventée en 2011, la matière n’est fabriquée et commercialisée que depuis 2018. « Le matériau se compose de trois ingrédients principaux, explique Cyr Dioré : la graine de ricin - la matière de base –, du bois ou du roseau, et du talc. Nous avons découvert la coquille d’huître il y a deux ans, par hasard dans un labo 3D à Lorient. Nous nous sommes alors dit que nous pourrions remplacer notre talc par de la coquille d’huître, et ça fonctionne bien, elle est donc rentrée dans notre base de fabrication, même si pour le moment, c’est à hauteur de quelque pourcent seulement. »

La matière Greenfib peut être « extrudée, injectée, imprimée en 3D… » énumère le cofondateur de la start-up. « Par exemple, quelque 40.000 montures de lunettes ont été fabriquées avec notre matière par la marque OxO, en février nous aurons des stylos qui sortiront en partenariat avec une grande marque, puis des chargeurs de téléphone d’ici à la fin de l’année 2022… On a beaucoup de projets » s’enthousiasme le cofondateur de la start-up.

Presque deux tonnes de matière ont servi à la fabrication des décors de Noël

C’est l’entreprise Legrand Illuminations qui a procédé à la fabrication des décors de Noël, en se servant de la matière Greenfib. « C’est donc une double innovation : sur le processus de fabrication, et sur la matière 100 % biosourcée, insiste Cyr Dioré. C’est un beau démarrage puisque cela représente presque deux tonnes de matière, et nous avons maintenant plein de projets avec d’autres villes. »

Les guirlandes de Noël de la ville de Bordeaux ont été fabriquées en 3D, avec de la Greenfib, une matière 100 % biosourcée
Les guirlandes de Noël de la ville de Bordeaux ont été fabriquées en 3D, avec de la Greenfib, une matière 100 % biosourcée - Greenfib

« La Greenfib se positionne comme une alternative aux produits plastiques, et elle est issue de matières premières naturelles qui ne concurrencent pas l’alimentation » se réjouit de son côté la mairie de Bordeaux, qui a installé cette année 10 km de guirlandes lumineuses.

La filière de la collecte s’organise

Parallèlement, la filière de la collecte des coquilles d’huîtres s’organise. Après une première expérience fin 2020, la collecte est reconduite, et même amplifiée cette année, à Bordeaux et sur le bassin d’Arcachon. « Tous les ans, et notamment durant les fêtes de fin d’année, 130.000 tonnes d’huîtres sont consommées en France, rappelle le conseil départemental de la Gironde. Volumineuses dans les poubelles et difficiles à incinérer, les coquilles représentent un coût très important dans le ramassage des ordures ménagères, alors qu’il existe des alternatives de recyclage pour ces coquilles. »

Toutes les déchèteries du bassin d’Arcachon proposent ainsi des bacs de collecte dédiés aux coquilles, jusqu’au 2 janvier. Sur Bordeaux et Le Bouscat, c’est l’association Coquilles qui s’occupe de la récupération, avec des points de collecte aux Halles de Bacalan, au marché des Chartrons, ou encore à Darwin.

Près de deux tonnes de coquilles devraient être collectées à Bordeaux

« Nous sommes passés d’un point de collecte à Bordeaux en 2020, à quatorze cette année à la faveur d’une demande de la ville d’installer au moins un point de collecte par quartier, ainsi que de la commune du Bouscat qui en souhaitait trois », se félicite Bénédicte Salzes, coordinatrice de l'association Coquilles.

Un bac à coquillages servant à la collecte des coquillages
Un bac à coquillages servant à la collecte des coquillages - Association Coquilles

« Il y a un gros travail de sensibilisation et de communication à faire, notamment pour expliquer aux consommateurs de ne pas jeter avec les coquilles les poches plastiques, les cure-dents et les citrons… » rappelle Bénédicte Salzes. L’association récupère aussi les coquilles de Saint-Jacques, coques, palourdes, praires, et amandes.

Sous-traitée à l’association bordelaise Les Détritivores, la collecte devrait rapporter près de deux tonnes de coquillages à l’issue du 31 décembre. Ils serviront essentiellement à la réalisation de matériaux pour des revêtements ou du mobilier.