RUGBYUn rapport de police accable Bernard Laporte et ses liens avec Mohed Altrad

Affaire Altrad : « Trafic d’influence », « corruption », « abus de biens sociaux », un rapport de police accable Bernard Laporte

RUGBYLe rapport de synthèse de la BRDE met en lumière les possibles coup de pouces du patron de la FFR en faveur du président du MHR
Bernard Laporte et Mohed Altrad sont dans le viseurs des enquêteurs de le BRDE.
Bernard Laporte et Mohed Altrad sont dans le viseurs des enquêteurs de le BRDE.  - Franck PENNANT / AFP / AFP
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Après quatre ans d’enquête, la BRDE vient de clore son enquête sur les liens entre Bernard Laporte, le boss de la FFR, et Mohed Altrad, le président du MHR.
  • Selon ce rapport, les faits révélés par leurs investigations sont susceptibles de caractériser certains délits, tel que le trafic d’influence et les abus de biens sociaux.
  • Un procès devrait se tenir en septembre 2022.

Alors que le XV de France s’apprête à lancer son tournoi des VI Nations (5 février-19 mars) et que les fans ont encore en tête la formidable victoire face aux Blacks (40-25), fin novembre dernier, on en aurait presque oublié qu’il n’y a pas que sur le terrain sportif qu’il y a du spectacle. En effet, après quatre ans d'investigation, la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) vient de clore son enquête sur les liens entre Bernard Laporte, le boss de la FFR, et Mohed Altrad, le président du MHR et sponsor principal du maillot des Bleus. Il serait (entre autres) reproché au président de la Fédération, alors sous contrat à titre privé avec Altrad, d’avoir illégalement œuvré pour servir les intérêts du président montpelliérain.

Selon L’Equipe, qui a eu accès au rapport de synthèse des enquêteurs, saisis dans cette affaire le 20 décembre 2017 par le Parquet national financier (PNF), celui-ci est « accablant » pour les mis en cause. Nos confrères écrivent notamment que « les enquêteurs considèrent que les faits révélés par leurs investigations sont "susceptibles de caractériser certains délits" » à l’encontre des deux hommes. Et la liste est longue.

Un procès prévu en septembre 2022

A l’encontre de Bernard Laporte, il est fait mention de « corruption par personne chargée d’une mission de service public, trafic d’influence par personne publique, abus de confiance au préjudice de la FFR, prise illégale d’intérêts, recel d’abus de biens sociaux au préjudice d’AIA (Altrad Investment Authority), abus de biens sociaux au préjudice de (sa propre entreprise) BL Communication (compte courant débiteur). » À l’encontre de Mohed Altrad, le rapport évoque la « corruption active sur personne chargée d’une mission de service public, trafic d’influence actif, abus de biens sociaux au préjudice d’AlA. » Selon l’avocat de Bernard Laporte, Me Versini-Campinchi, qui dénonce une enquête de police « exclusivement à charge », un procès aura lieu « en septembre 2022 ».

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Au cœur de ses investigations de la BRDE, de nombreuses affaires pour le moins louches, comme le contrat d'image (possiblement surévalué et gardé secret) liant Bernard Laporte au groupe de Mohed Altrad, l’intervention de Laporte auprès du président de la Commission d’appel pour faire alléger les sanctions infligées au MHR en juin 2017 et l’attribution du sponsoring maillot par la FFR au groupe Altrad pour une somme inférieure à celle exigée aux partenaires historiques du XV de France (GMF, Orange, Société générale, BMW).

Les fadettes téléphoniques qui en disent long

Concernant ce dernier point, les enquêteurs s’étonnent de « l’absence de mise en concurrence des sponsors potentiels » et s’interrogent sur « la juste valeur de ce sponsoring ». Quand il était demandé 9,9 millions d’euros par saison aux concurrents d’Altrad, celui-ci a obtenu un deal à 5,4 millions par saison. Pour ce qui est de la Commission d’appel, et contrairement à ce qu’affirment les avocats de Bernard Laporte, la BRDE a conclu qu’une décision avait été rendue le 29 juin contre le MHR avant d’être modifiée suite aux sept appels téléphoniques de Bernard Laporte, le 3 juin, au président de la commission d’appel de la FFR Jean-Daniel Simonet.

Après cette série de mystérieux coup de fil (L’Equipe parle même d’une « frénésie d’échanges » téléphoniques entre les parties prenantes), les sanctions contre Montpellier seront finalement généreusement réduites (annulation de la suspension de stade pour le MHR et une amende qui passe de 70.000 à 20.000 euros). Les avocats des personnes mises en cause se sont vus transmettre le rapport d’enquête le 21 décembre dernier de la part du Parquet national financier. Ils ont désormais quelques mois pour préparer leur défense, ce qui ne sera pas de trop, assurément.