DECHETL'Amérique au secours de la France dans le recyclage

Plastique : L'Amérique au secours de la France dans le recyclage

DECHETLa France accuse pour le moment un gros retard dans son traitement du plastique
L'Amérique va se charger du plastique en France
L'Amérique va se charger du plastique en France - Pixabay / Pixabay
Jean-Loup Delmas

J.-L.D. avec AFP

Les deux gros projets industriels de recyclage de déchets plastiques, annoncés en France, par le groupe américain Eastman et le québécois Loop associé à Suez, devraient aider le pays à rattraper une partie de son retard en matière de recyclage du plastique.

Les deux usines prévues représentent plus d’un milliard d’euros d’investissement (850 millions pour Eastman et 250 millions d’euros pour Loop), soit un quart des 4 milliards d’euros annoncés par 21 entreprises étrangères dans le cadre du programme d’attractivité Choose France annoncé dimanche soir.

A l’assaut des PET blancs

Eastman, qui n’a pas dévoilé le lieu de son implantation, a souligné qu’il construirait « la plus grande usine de recyclage moléculaire de plastiques du monde » afin de « développer l’économie circulaire ». Loop prévoit de s’installer à Port-Jérôme-Sur-Seine (Seine-Maritime) en Normandie sur une parcelle de 130.000 m2 où la construction devrait démarrer en 2023, pour une mise en service « dix-huit mois plus tard » environ, soit en 2025, a indiqué son patron Daniel Solomita.

« Nous visons notamment les PET blancs opaques des bouteilles de lait et d’autres déchets plastique comme les barquettes alimentaires qui ne sont pas bien recyclés aujourd’hui », a indiqué Daniel Solomita. Le PET (polytéréphtalate d’éthylène) est l’un des plastiques les plus utilisés dans le monde, notamment pour la fabrication de bouteilles et de fibres polyester.

180 emplois à terme

Les « gisements » lui seront fournis par Suez, son associé, spécialisé dans le tri et le traitement des déchets. L’usine aura une capacité de production de quelque 70.000 t de résine PET par an. En choisissant la Normandie, le groupe, qui prévoit la création de 180 emplois à terme, compte sur l’accès à la Seine pour drainer les déchets par transport fluvial de tout le bassin parisien.

Loop utilise « sept technologies différentes » brevetées de « dépolymérisation à basse température » lui permettant de retrouver la cellule « monomère de base » et de refabriquer ainsi en boucle fermée du plastique de qualité comparable à du plastique neuf issu de la pétrochimie, a indiqué Daniel Solomita.

Vers l’infini et les pots de yaourt

Le groupe indique avoir reçu des lettres d’intention de LVMH, Estée Lauder, Clarins, Procter & Gamble, L’Oréal et Danone souhaitant s’approvisionner en plastique recyclé sur leur futur site. Jusqu’à présent, le recyclage mécanique, un tri très fin du plastique mais qui ne va pas jusqu’à la molécule elle-même et produit du plastique de qualité inférieure, constitue la grosse majorité du recyclage en France.

Avec ces projets, les pouvoirs publics espèrent réduire les exportations françaises de déchets plastique, qui s’élevaient à 750.000 t en 2020 selon l’Ademe. En tout cas, améliorer le taux de recyclage des emballages plastique, inférieur à 30 % en France, à la différence des pays voisins.

Ces annonces ne permettent pas (encore) de s’attaquer aux pots de yaourt, ni à aux barquettes de viande et de poisson, qui sont en polystyrène plat ou expansé, molécule qui nécessite d’autres procédés industriels.