FOOTBALLA presque 35 ans, Hatem Ben Arfa est-il cuit physiquement pour la Ligue 1?

Losc : A presque 35 ans, Hatem Ben Arfa est-il cuit physiquement pour la Ligue 1?

FOOTBALLL'attaquant, sans club depuis le mois de juin, va s'engager dans les prochains jours avec le Losc
Hatem Ben Arfa sous le maillot des Girondins de Bordeaux
Hatem Ben Arfa sous le maillot des Girondins de Bordeaux - ROMAIN PERROCHEAU / AFP / AFP
François Launay

François Launay

L'essentiel

  • Sans club depuis son départ de Bordeaux en juin dernier, Hatem Ben Arfa est sur le point de s’engager avec le Losc.
  • A presque 35 ans, l’attaquant s’apprête à s’engager avec le septième club français de sa carrière.
  • Mais la question de son niveau physique se pose alors que le joueur n’a plus fait de préparation complète depuis cinq ans.

Tout est prêt, ne reste plus que des détails à régler avant signature. Arrivé lundi à Lille, Hatem Ben Arfa va devenir dans les prochaines heures un joueur du Losc jusqu’à la fin de la saison. « Il est sur place et s’entraîne individuellement. On attend le feu vert. J’espère que ça va se résoudre très vite pour qu’il puisse intégrer le groupe », a confirmé mardi Jocelyn Gourvennec, l’entraîneur d’un Losc qui reçoit Lorient ce mercredi (19 heures) en match en retard de Ligue 1.

A bientôt 35 ans, le joueur s’apprête à s’engager avec le septième club français de sa carrière (Lyon, Marseille, Nice, Paris, Rennes, Bordeaux). Un joli coup médiatique pour le club nordiste mais une vraie interrogation sur un plan sportif. Car Ben Arfa n’a plus joué un match officiel depuis neuf mois. Même si tout va bien car-il-s’entraîne-individuellement-avec-un-préparateur-physique-ne-vous-inquiétez-pas-pour-lui, un mythe tenace avancé par tous les laissés pour compte des terrains, comme si une préparation personnalisée pouvait remplacer l’intensité d’un entraînement collectif basique.

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Un physique en questions

« Sur ce qu’on a vu de lui il est " fit ". Il a été checké individuellement et il a l’air bien », assure Gourvennec. Bon. Même avis du côté de son grand pote Mathieu Bodmer. « Hatem est affûté. Je l’ai vu il n’y a pas longtemps, il est en très grande forme. Il s’entraîne une ou deux fois par jour donc je n’ai pas trop de doute sur la partie athlétique », a déclaré dimanche le consultant de Prime Vidéo. Bon bon.

Impossible pour son futur coach et son grand ami de dire que Ben Arfa est à la rue physiquement. Pourtant, la question se pose clairement pour un joueur qui n’a pas fait de préparation collective d’avant-saison depuis cinq ans et sa dernière saison au PSG, alors qu’il était déjà tricard. Que ce soit à Rennes, Valladolid ou Bordeaux, l’ex-génie du foot français a signé à chaque fois ses contrats après la reprise, esquivant les séances de cardio fondatrices pour tenir la cadence. C’est passé tout juste en Bretagne, beaucoup moins en Espagne et en Gironde où Ben Arfa a galéré après deux mois corrects. Du coup, difficile de s’enflammer avant son débarquement au Losc.

Une explosivité qui diminue avec l’âge

« Tout dépend de ce qu’il a fait entretemps. Pour que ça marche physiquement, il faut faire exactement tout ce que vous faites tout au long de la saison en club : mettre de l’intensité tout le temps et ensuite mettre également du jeu. Il faut reproduire ce qui se fait dans une saison normale », explique Fabien Richard, préparateur physique individuel qui a relancé Ben Arfa alors en manque de temps de jeu à Lyon.

Mais c’était en 2007, une période à laquelle l’attaquant était encore un gamin. Quinze ans après, ce n’est plus la même histoire comme le reconnaît le préparateur physique Alexandre Dellal. « Hatem a besoin de volume pour faire des différences avec sa qualité technique au-dessus de la moyenne. Et son explosivité, ses changements de rythme à haute intensité sont primordiaux dans son jeu. Mais les qualités qui déclinent le plus rapidement quand on dépasse la trentaine sont l’explosivité et la capacité de répéter des sprints à haute intensité », explique l’ancien membre du staff de l’OGC Nice à l’époque Ben Arfa (2015-2016).

Il n’a pas joué depuis huit mois

Autre handicap pour l’ancien international : le manque de terrain. Même s’il a déjà assuré faire des 5 contre 5 pour garder le rythme pendant ces périodes sans club, comme lorsqu’il attendait que sa signature à Nice soit homologuée par la Fifa, rien ne remplace le vrai terrain. « Vous perdez du rythme, c’est évident. Ce qui se passe souvent, c’est que les mecs sont bons sur les deux-trois premiers matchs avant d’avoir un petit trou physique dans la foulée », détaille Fabien Richard.

Pourtant, ses anciens préparateurs physiques l’assurent : Ben Arfa n’est pas fini grâce notamment à des qualités techniques hors du commun. Et contrairement à ce qu’il peut laisser parfois transparaître, l’attaquant est un gros bosseur. « Il a une bonne hygiène de vie. Il fait attention à ce qu’il mange et est très consciencieux. C’est un garçon intelligent, bien entouré qui a une maturité qui lui permet de savoir ce qu’il doit faire et ce que la Ligue 1 requiert pour un joueur de son poste », développe Alexandre Dellal.

« Pour que ça marche physiquement avec Hatem, il faut lui dire qu’on l’aime »

C’est peut-être la chance de Ben Arfa. Souvent titulaire lors de ses précédents passages en Ligue 1, le joueur de 34 ans vient surtout pour être un joueur de complément au Losc, le genre de type capable de vous faire basculer un match en entrant dans le dernier quart d’heure. Un statut logique dans un club qui n’a pas eu besoin de lui pour être champion de France ou qualifié en huitième de finale de la Ligue des champions.

Reste à voir si la greffe prendra rapidement avec le vestiaire lillois, car Ben Arfa a besoin de la tête pour que les jambes tournent. « Pour que ça marche physiquement avec Hatem, il faut lui dire qu’on l’aime. Hatem a besoin d’être très très aimé. Si vous savez le prendre, il ira très très loin. Quand il a envie, il est fantastique, quand il n’a pas envie, c’est plus compliqué. C’est vraiment quelqu’un de cyclique », appuie Fabien Richard.

Il arrive à Lille en terrain connu

Heureusement, ce grand affectif sera entre de bonnes mains à Lille. Dans le vestiaire, il connaît bien Benjamin André avec qui il a remporté la coupe de France à Rennes. Dans les bureaux, sa proximité avec Olivier Létang, raison principale de sa venue à Lille, sera aussi un atout. Même chose pour sa relation avec Martin Buchheit, head of performance du Losc, que Ben Arfa a déjà côtoyé au PSG.

« C’est un joueur énorme qui peut surprendre sur le plan athlétique à condition d’avoir confiance en vous. Et à Lille, il arrive dans un terrain où il a déjà des repères ce qui est très important », conclut Alexandre Dellal. Reste à voir si le cœur réussira à pallier le manque de jambes pour ces cinq mois dans le Nord.