ETUDELes hippopotames se reconnaissent… par la voix

Les hippopotames se reconnaissent par la voix... Et cette info peut servir à la préservation de l'espèce

ETUDEC’est le résultat d’une étude, menée par des scientifiques des universités de Saint-Etienne et Lisbonne et des chercheurs du CNRS. Il pourrait s’avérer déterminant dans la préservation de l’espèce. Explications
Hippopotames, Botswana Chobe River
Hippopotames, Botswana Chobe River - Caters / SIPA
Lucas Marcellin

Lucas Marcellin

L'essentiel

  • Selon une étude scientifique, les hippopotames se reconnaissent entre eux grâce à leurs cris.
  • En présence d’hippopotames « étrangers », ils deviennent agressifs et cherchent à protéger leur territoire.
  • Alors que la plupart vivent dans des milieux hostiles à leur survie, les scientifiques proposent d’utiliser leur langage pour les déplacer plus facilement vers un environnement plus accueillant.

Savez-vous comment les hippopotames se reconnaissent ? La question peut faire sourire, mais elle a fait l’objet d’une étude poussée, menée dans la Réserve spéciale de Maputo au Mozambique. Les résultats de cette enquête, à laquelle ont participé des chercheurs du CNRS et des scientifiques de l’université de Saint-Etienne, pourraient bien contribuer à préserver l’espèce. Explications.

Publiée lundi dans la revue Current Biology, l’étude révèle que les hippopotames utilisent la reconnaissance vocale pour « gérer les relations entre groupes territoriaux ». En d’autres termes, ils sont capables d’identifier leurs congénères ou de sentir la présence d’hippopotames inconnus grâce aux différents cris qu’ils peuvent émettre.

Les excréments comme arme de défense

Les chercheurs ont étudié trois groupes : les « familiaux » à savoir les hippopotames d’un même troupeau, les « voisins », ceux qui vivent sur le même territoire ou autour du même lac, et les « étrangers », ceux qui ne se connaissent pas. Afin de comprendre le fonctionnement de leurs échanges, les scientifiques ont reproduit au mieux les différents bruits émis par les pachydermes en « rediffusant les cris sur des haut-parleurs ». « Cela nous permet de poser des questions aux animaux », explique Nicolas Mathevon, bioacousticien à l’université de Saint-Etienne.

Résultat : le comportement des hippopotames diffère d’un cri à l’autre. Et quand ils sentent une présence étrangère ? « On constate qu’ils ne sont pas contents. Ils ont une réaction assez agressive, répond le scientifique. L’hippopotame sort alors de l’eau, avance vers le haut-parleur et il répand ses excréments. C’est sa façon de marquer et protéger son territoire. »

Les habituer à la voix de nouveaux arrivants

Quel rapport, nous direz-vous, avec la préservation de l’espèce ? La plupart des hippopotames vivent dans des milieux hostiles à leur développement à cause de la présence de l’homme et à cause de la disparition de leurs habitats. D’où la nécessité de les déplacer pour trouver un environnement plus serein. Ce qui reste relativement complexe. Vous l’auriez compris, on déplace bien mois facilement un troupeau de pachydermes que de moutons. Notamment quand ils se retrouvent face à des congénères « étrangers ».

La solution préconisée, grâce aux résultats de cette étude, serait « d’habituer les hippopotames à la voix des nouveaux arrivants, avant de pouvoir les déplacer », développe Nicolas Mathevon. Et de conclure : « Je ne sais pas si cela marcherait car la voix n’est pas le seul critère. Mais on pourrait imaginer que sur un lac, où l’on voudrait ramener un autre groupe d’hippopotames, on puisse mettre en place des systèmes de diffusion de cris. » Histoire que ces gros herbivores s’acclimatent au mieux à leur nouvel environnement et acceptent d’y rester.