ASSISES« Un psychopathe ne change pas », les psychiatres résignés sur Lelandais

Affaire Maëlys : « Un psychopathe ne change pas », pointent les psychiatres au sujet de Nordahl Lelandais

ASSISESAppelés à témoigner sur la personnalité de Nordahl Lelandais, les experts psychiatriques ont dressé un diagnostic très sombre, au douzième jour de son procès
"Un psychopathe ne change pas", ont estimé les experts psychiatriques au sujet de Nordahl Lelandais.
"Un psychopathe ne change pas", ont estimé les experts psychiatriques au sujet de Nordahl Lelandais. - Benoit PEYRUCQ / AFP / AFP
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • La douzième journée du procès de Nordahl Lelandais, jugé pour leur meurtre de Maëlys, a été consacrée à l'analyse de deux rapports d’expertises psychiatriques.
  • Les experts sont unanimes : l’accusé ne dira probablement jamais la vérité.
  • Evoquant sa « dangerosité élevée », ils ont également souligné un « risque de récidive très marqué ».

A la cour d’assises de l’Isère

« Est-il encore pertinent de demander à Nordahl Lelandais les raisons pour lesquelles il a enlevé Maëlys ? » La question, soulevée mardi par Jacques Dallest, avocat général de la cour d’assises de l’Isère, résume assez bien le sentiment régnant depuis le début du procès de l’accusé. A quoi bon ? Les courts aveux, extirpés vendredi soir, n’ont pas fait long feu.

Interrogé ce mardi par la cour, l’ancien militaire a réaffirmé que la fillette était montée d’elle-même dans sa voiture. « Elle voulait aller voir mes chiens qui se trouvaient chez moi. Je ne l’ai pas enlevée volontairement », répète-t-il, faisant ainsi voler en éclats la stratégie de défense mise en place par son avocat.

« Il est persuadé que son histoire est vraie »

Des aveux, il ne faudra pas en attendre, prévient le psychiatre Paul Bensussan. « La probabilité de connaître la vérité est faible. Il est d’ailleurs improbable que Nordahl Lelandais dise autre chose que ce qu’il a déjà dit. Il a une telle obstination dans ses dénégations qu’il finit par croire à sa propre version », analyse l’expert. « Il est persuadé que son histoire est vraie. Il est toujours dans le déni », abonde son confrère, Patrick Blachère.

Avouer serait tout simplement « trop violent sur le plan psychopathologique », souligne Paul Bensussan. Impossible, en d’autres termes. Car reconnaître les faits et sa responsabilité serait le « travail d’une vie », ajoute son confrère. Profondément « clivé », « enferré dans ses mensonges », « arc-bouté dans une position dont il est difficile de sortir », Nordahl Lelandais est aujourd’hui dans l’incapacité d’apporter des réponses. Le problème semble donc insoluble. Et le tableau dressé, bien sombre.

Dangerosité « élevée » et risque de récidive « très marqué »

« Pour faire une introspection, il faut se libérer des mensonges. Seulement, le mensonge et le manque d’empathie chez les psychopathes résistent au temps », explique à son tour Paul Bensussan. Et de livrer une conclusion glaçante et sans appel : « Un psychopathe ne change pas. »

La « dangerosité élevée », voire « très importante » de l’accusé a, par ailleurs, été longuement évoquée par les experts. Elle ne s’atténuera pas ou très peu, prédisent-ils à l’unisson. Même après des décennies passées derrière les barreaux. Tout dépendra de la qualité de son introspection.

Le « risque de récidive » ? Là encore, les psychiatres ne s’en cachent pas : il est « très marqué » sur le plan statistique. De 44 % dans les 7 ans, de 58 % dans les 10 ans. « Cela ne veut pas dire que l’accusé va obligatoirement recommencer, mais ce sont éléments intéressants pour la cour », juge Patrick Blachère. Un message adressé aux jurés qui devront rendre leur verdict le 18 février. Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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