ASSISESLa réclusion criminelle à perpétuité requise contre Nordahl Lelandais

Affaire Maëlys : La réclusion criminelle à perpétuité requise contre Nordahl Lelandais

ASSISESL’avocat général de la cour d’assises de l’Isère a requis, ce jeudi matin, la réclusion criminelle à l’encontre de Nordahl Lelandais, jugé depuis près de trois semaines pour le meurtre de Maëlys
Affaire Maëlys: Jour de verdict pour Nordahl Lelandais, accusé de l'enlèvement et du meurtre de la petite fille
Caroline Girardon

Caroline Girardon

A la cour d’assises de l’Isère

«Nordahl Lelandais, vous êtes un destructeur de bonheur, un ravageur d’innocence ». Mais aussi un « grand criminel », un « grand prédateur » qui mérite de passer sa vie derrière les barreaux, selon l’avocat général de la cour d’assises de l’Isère. Au terme d’un réquisitoire de deux heures, Jacques Dallest a demandé la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, à l’encontre de l’accusé.

Debout dans le prétoire, l’avocat général livre aux jurés son intime conviction. Le mobile du meurtre de Maëlys est « sexuel ». Pas de doute, selon lui. « Sinon, pourquoi enlève-t-on un enfant ? A part pour de l’argent ou pour se venger ? », questionne-t-il.

La qualification de viol n’a pu être retenue, faute d’éléments matériels dans le dossier. « J’en suis convaincu mais je ne peux pas le démontrer, indique-t-il aux jurés. Nordahl Lelandais a enlevé la petite Maëlys pour se livrer à des actes sexuels, dont je ne connais pas la nature. Étaient-ce des attouchements ou bien pire ? On ne le saura jamais. L’état, dans lequel a été découvert son corps, ne nous a pas permis de trouver de preuves. »

Une « rage meurtrière » doublée d’une pulsion sexuelle

Jacques Dallest est aussi convaincu que Nordahl Lelandais était animé d’une « rage meurtrière double », en plus d’une pulsion sexuelle. Sinon comment expliquer la violence des coups portés à l’enfant, qui aurait agonisé une vingtaine de minutes ? Comment expliquer le meurtre d’Arthur Noyer, commis quatre mois plus tôt ? « Oui, il y a la rage contre l’armée qui ne voulait plus de lui. Alors, il s’en prend à un militaire en goguette, expose-t-il. Pour Maëlys ? C’est la rage de l’enfant ». Cet enfant que ses compagnes auraient pu lui donner à trois reprises, si elles n’avaient pas avorté. Cet « enfant du bonheur » lui renvoyant l’échec d’une vie familiale, impossible à construire pour lui.

Nordahl Lelandais « n’est pas un tueur en série, il n’est pas l’ennemi public numéro 1, juste un raté de la vie qui a fait parler de lui ». Toutefois, il reste dangereux pour la société, prévient le magistrat. « Les psychiatres l’ont dit : Un psychopathe ne change pas », rappelle-t-il.

« La réalité du dossier »

Pendant plus de deux heures, Alain Jakubowicz, l’avocat de l’accusé, s’est attaché à rappeler la « réalité du dossier » pour convaincre les jurés de prononcer une peine moins sévère, 30 ans de réclusion. L’enlèvement ? Oui, il existe bien au sens juridique du terme. « Mais il n’y a pas eu de violence. Mon client n’a pas porté l’enfant jusqu’à sa voiture, ne l’a pas emmenée de force non plus. Dans un délai aussi court, il n’a pas eu le temps non plus de la convaincre de monter à bord de son véhicule. Malheureusement, il n’y a aucune autre explication crédible que celle de Nordahl Lelandais », plaide-t-il. A savoir que la fillette serait spontanément venue à lui afin de lui demander de l’emmener voir ses chiens.

Que s’est-il passé ensuite ? Maëlys a-t-elle pleuré, l’a-t-elle supplié de la ramener auprès de sa maman ? « Certainement, concède l’avocat. En tout cas, il ne l’a pas fait ». La vérité n’éclatera jamais. « Le problème est que Nordahl Lelandais est muré. Pas muré dans le silence mais dans sa vérité, poursuit Alain Jakubowicz. Vous, les jurés, vous aurez à juger un crime et non un comportement ». Et de rappeler à leur attention : « On juge sur des preuves, pas sur des convictions ».

« Nordahl Lelandais n’est pas Klaus Barbie »

Abattant sa dernière carte, l’avocat se lance dans une comparaison dérangeante. En 1987, il était sur le procès de Klaus Barbie à Lyon. Du côté des parties civiles, cette fois. L’ancien chef de la Gestapo avait écopé de la réclusion criminelle à perpétuité. « Nordahl Lelandais a tué une petite fille, oui. Mais il n’est pas Klaus Barbie ». Et de conclure : « Tout homme doit conserver un espoir futile et lointain. Le terme perpétuité renvoie à l’éternité. Le terme annihile tout espoir. »

L’audience rependra vendredi à 9 heures. L’accusé aura la parole en dernier, avant que la cour ne se retire pour délibérer. Le verdict sera rendu dans la journée.

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