JEUX OLYMPIQUESRetour sur la terrible quinzaine de la patineuse russe Valieva

JO 2022 : Retour sur la terrible quinzaine de la patineuse russe Kamila Valieva, de son contrôle antidopage à sa chute

JEUX OLYMPIQUESLa jeune patineuse russe Kamila Valieva a vécu un calvaire sur la glace du Capital Indoor Stadium de Pekin
Kamila Valieva a chuté deux fois lors du programme libre du patinage artistique ce jeudi à Pékin.
Kamila Valieva a chuté deux fois lors du programme libre du patinage artistique ce jeudi à Pékin. - Manan Vatsyayana / AFP / Pixpalace
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • La jeune patineuse russe Kamila Valieva, accusée de dopage, a vécu un calvaire lors de son programme libre.
  • En larmes à la fin du programme,elle n’a pas su résister à l’immense pression mise sur ses frêles épaules d’ado de 15 ans ces dix derniers jours.
  • « Ces jours ont été très difficiles pour moi (…) Je suis heureuse, mais en même temps je suis déjà fatiguée émotionnellement », a-t-elle simplement confié à la télévision russe.

De notre envoyé spécial à Zhangjiakou,

Qu’importe ce qui accouchera de ce ramdam, les images font peine à voir. Alors que les yeux du monde sont braqués sur elle après dix jours d’une rocambolesque affaire de contrôle positif à la trimétazidine,la jeune patineuse russe Kamila Valieva, 15 ans, entre sur la glace du Capital Indoor Stadium de Pékin au son du Boléro de Ravel. Mais après quelques secondes seulement de ce programme libre censé la porter sur le toit du monde – médaille ou non – la gamine craque totalement et enchaîne les chutes.

Une première sur sa combinaison quadruple boucle piquée/triple boucle piquée, une seconde, plus violente encore avec les deux mains plaquées au sol, sur son deuxième quadruple boucle piquée. Le reste ne sera que calvaire, les minutes restantes paraissant ne jamais se terminer, même pour nous, agglutinés avec une dizaine de confrères devant un téléphone portable dans un resto de Zhangjiakou. En larmes à la fin du programme, l’élève d’Eteri Tutberidze, son entraîneuse au fameux centre Sambo70 dont nous vous avons fait le triste portrait la semaine dernière, n’a pas su résister à l’immense pression mise sur ses frêles épaules d’ado ces dix derniers jours.

Dix jours d’un feuilleton pathétique

Du haut de ses 15 ans, l’adolescente s’est retrouvée au cœur d’un cyclone médiatico-sportif dont il était impossible de sortir indemne. Au lendemain de la révélation de son contrôle positif à la trimétazindine par la presse russe et de sa suspension provisoire par l’Agence mondiale antidopage (AMA), le 10 février, l’entraîneur de Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis, Romain Haguenauer, nous avait indiqué avoir croisé Valieva à l’entraînement, entourée de « trois milliards de caméras ». Ce n’était alors que le début d’un feuilleton aux nombreux rebondissements.

Appel de sa suspension par son clan le 9, officialisation du contrôle positif par l’ITA, l’organisme en charge des contrôles antidopage durant les JO, le 11, saisine du Tribunal arbitral du sport par le CIO et l’AMA dans la foulée et audition de toutes les parties prenantes par le Tribunal arbitral du sport le 13. C’est lors de cette audition de 6 heures que le New York Times nous apprendra que le clan russe a diffusé une vidéo de grand-papy Valieva. Vidéo dans laquelle il expliquera, boîte de médicament en main, que c’est lui qui était traité à la trimétazindine et que sa petite fille a bu dans sa tasse par inadvertance. Prière de ne pas rigoler…

Le même jour, le quotidien américain révèle que le laboratoire de Stockholm, qui a analysé l’échantillon de la patineuse, a également trouvé des traces de deux autres médicaments pour le cœur, l’hypoxène et la L-carnitine. Si les deux dernières substances ne figurent pas sur la liste des produits interdits par l’AMA, Travis Tygart, le directeur général de l’Agence antidopage américaine (USADA) auditionné ce jour-là explique que ce « tiercé de substances » semble « viser à augmenter l’endurance, à réduire la fatigue et à favoriser une plus grande efficacité dans l’utilisation de l’oxygène. »

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Valieva zappe la conf’ après son programme court

Vingt-quatre heures plus tard, le TAS décidera finalement de lever la suspension de l’athlète, arguant que l’« empêcher de concourir aux JO lui causerait un préjudice irréparable ». La voilà donc sur la glace le lendemain, à mener un programme court moins impressionnant qu’à l’accoutumée (82,16 pts), mais largement suffisant pour prendre la tête devant sa compatriote Anna Shcherbakova (80,20 pts) et la Japonaise Kaori Sakamoto (79,84 pts). Nous n’étions pas présents à Pékin ce soir-là mais, selon notre consœur de L’Equipe sur place, l’ambiance dans les entrailles de la patinoire pékinoise était lunaire.

Après être passée sans un mot en zone mixte, Valieva squizza aussi son passage en conférence de presse, contrairement au règlement qui impose aux trois premières du classement de se présenter face à la presse. « Ces jours ont été très difficiles pour moi (…) Je suis heureuse, mais en même temps je suis déjà fatiguée émotionnellement », a-t-elle simplement confié à la télévision russe quelques minutes plus tôt. Ces chutes et cette quatrième place, mercredi soir, lui auront au moins épargné un passage devant les micros. Et au CIO d’avoir à réaliser un simulacre de podium, sans remise officielle de médailles. Pas sûr pour autant que ça suffise à faire oublier ce grand cirque extra-sportif.