ENTREPRISEA Nantes, les entrepreneurs à vélo croient plus que jamais en leur modèle

Nantes : Plus gros et plus nombreux, les entrepreneurs à vélo croient plus que jamais en leur modèle

ENTREPRISEL'association des Boîtes à vélo organise son congrès ce vendredi et samedi à Nantes, là où tout a commencé il y a dix ans
Sonia Boury, gérante de Ze Pombier, est aussi à la tête de l'association des Boîtes à vélo Nantes
Sonia Boury, gérante de Ze Pombier, est aussi à la tête de l'association des Boîtes à vélo Nantes - J. Urbach/ 20 Minutes / 20 Minutes
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Coursiers, paysagistes, coiffeurs… La Cité des ducs abrite au moins une trentaine d’entreprises à vélo.
  • Un mouvement qui devrait encore s’amplifier, prévoit l’association Boîtes à vélo, qui estime que 37 % des déplacements professionnels motorisés peuvent être réalisés à vélo.

«On nous qualifiait d’utopistes, voire de Zadistes… Force est de constater que notre modèle est pertinent ». A la tête de huit salariés et du même nombre de vélos cargos, Sonia Boury n’est pas peu fière de ce que sa société de plomberie, lancée avec son conjoint il y a douze ans à Nantes, est devenue. Si Zeplombier a depuis convaincu des milliers de clients du centre-ville de faire appel à ces artisans écolos, qui se déplacent exclusivement en pédalant, la cheffe d’entreprise est aussi satisfaite d’avoir montré la voie. Ces vendredi et samedi, plusieurs centaines de professionnels à bicyclette de toute la France se réunissent à Nantes pour le congrès de l’association les Boîtes à vélo, lancée il y a 10 ans dans la Cité des ducs et qui a depuis essaimé dans tout l’Hexagone.

A Nantes, il n’est plus si rare de voir passer des coursiers, paysagistes, coiffeurs ou restaurateurs qui avancent à la force des mollets. L’association compte en effet plus d’une trentaine d’adhérents, et encore davantage de sympathisants. « Beaucoup ont démarré à un ou deux et ont depuis grossi, comme nous, observe Sonia Boury, présidente des Boîtes à vélo Nantes. Travailler à vélo crée un engouement chez les clients mais c’est aussi plus facile pour recruter, car on porte certaines valeurs. On attire des plombiers qui en avaient marre de leur camion, des problèmes de stationnement… A vélo, ils ont davantage de liberté, font des trajets plus courts, et sont au final moins fatigués. »

Un mouvement qui a vocation à s’amplifier

Si les livreurs sont les plus représentés, de nouvelles activités ont vu le jour. Depuis quelques mois, Mélusine Farille a monté le «Lama Futé», une activité de rémouleur pour compléter ses revenus. Celle qui s’est temporairement arrêtée « pour des problèmes de frein » ne se serait sans doute pas lancée de façon plus conventionnelle. « J’ai construit ma remorque moi-même, j’ai récupéré un vieux vélo que j’ai fait électrifier, ce qui constitue un investissement de départ bien inférieur que pour un camion, rapporte celle qui rencontre ses clients sur des marchés. Moi, ce qui me plaît, c’est de sensibiliser les gens. Qu’ils aient le réflexe de venir affûter leurs outils plutôt que d’en racheter. »

Pour Sonia Boury, le mouvement a vocation à s’amplifier. Déjà au regard de la réglementation, avec l’interdiction pour les véhicules thermiques de livrer après 11h30 en vigueur depuis septembre dernier en centre-ville de Nantes, et la mise en place de la future zone à faible émission (ZFE), qui exclura les voitures les plus polluantes. Sans oublier le projet de construction d’un hub logistique aux abords du centre-ville, en discussion depuis plusieurs années… En attendant, les Boîtes à vélos espèrent prochainement la création de « lieux ressources » pour les entrepreneurs qui souhaiteraient se lancer. Via ses référents régionaux, l’association pousse aussi de nouvelles branches à réinterroger leurs déplacements intraprofessionnels, comme les sociétés de ménage ou les agences immobilières. Selon l’association, 37 % des déplacements professionnels motorisés pourraient être réalisés à vélo.